Le poème "Académie Médrano" de Blaise Cendrars se présente comme une métaphore vive et colorée du monde du cirque pour explorer la liberté créative en poésie et critiquer implicitement les contraintes des formes fixes traditionnelles.

Le poème commence par une invitation directe au poète à s'engager dans une danse langagière audacieuse et acrobatique, symbolisée par le cirque. Le cirque, avec sa diversité d'animaux et d'actes, représente ici l'éventail des possibilités créatives en poésie, contrastant avec les conventions rigides des "belles lettres apprises". Cendrars encourage le poète à mesurer ces vers traditionnels, mais avec un objectif de rupture, suggérant que les formes fixes sont dépassées et stériles, telles des lettres magnifiquement écrites mais dénuées de sens profond.

Le narrateur, jouant le rôle d'un professeur, interpelle le poète avec des images frappantes. Les affiches aux "dents en couleur", par exemple, symbolisent les critiques vives et colorées de la société, qui mordent et déchirent les conventions poétiques. La "fille du directeur" avec ses "lumières électriques" incarne la muse du poète, une source d'inspiration moderne et dynamique, en contraste avec les muses traditionnelles.

La comparaison des poètes avec les jongleurs et les trapézistes souligne la nature périlleuse de la création poétique moderne. Le poète jongle avec les mots, prenant des risques audacieux, comme le montre le vers "Saut périlleux, coup de fouet, exprime ça", qui est écrit à l'envers pour accentuer le danger et le défi de cette entreprise.

Le clown "dans un tonneau malaxé" représente le poète, confronté à la critique et à la pression, mais persistant dans sa quête de nouveauté et d'originalité. L'image du clown, habituellement associé à la comédie, est ici utilisée pour souligner le sérieux et les difficultés inhérentes à la création poétique.

Enfin, "Il faut que ta langue passe à la caisse, fasse l’orchestre les soirs où les billets de faveur sont supprimés" évoque l'idée que le poète doit "payer" pour son art, non pas en termes monétaires, mais en faisant face aux critiques et en innovant constamment, surtout dans des moments sans reconnaissance ni favoritisme.

En conclusion, "Académie Médrano" est un vibrant plaidoyer pour la liberté créative en poésie, utilisant l’imaginaire coloré et diversifié du cirque pour critiquer les contraintes des formes traditionnelles et encourager l'innovation et l'expérimentation. Cendrars démontre à travers ce poème que la poésie, comme le cirque, doit évoluer, prendre des risques et embrasser la modernité pour rester vivante et pertinente.