Dans ce poème, Victor Hugo transforme magistralement un tableau romantique en une tragédie poignante, en utilisant des techniques stylistiques pour susciter des émotions fortes et dépeindre les horreurs de la guerre.

1. Quelles émotions Hugo veut-il susciter? Pourquoi?

Victor Hugo cherche à éveiller chez le lecteur un sentiment de pitié et d'indignation face à la tragédie vécue par l'enfant grec. Il utilise un lexique sombre et une ponctuation expressive pour souligner la désolation et l'innocence brisée. L'image de l'enfant aux yeux bleus, assis près des murs noircis, évoque immédiatement la solitude et le désespoir. La couleur noire symbolise le deuil et la mort, tandis que le bleu des yeux de l'enfant représente son innocence et sa pureté. L'anaphore de "il" dans les vers sur l'aubépine crée un parallèle entre l'enfant et la fleur, tous deux fragiles et oubliés dans le chaos. Les comparaisons avec la nature et l'usage d'adjectifs descriptifs servent à renforcer l'émotivité du texte, soulignant la détresse intérieure de l'enfant.

2. Montrez que les premières strophes opposent tragiquement Chio avant et après le massacre

Hugo utilise la césure à l'hémistiche pour marquer un contraste frappant entre le passé idyllique de Chio et son présent ravagé. L'île, autrefois symbole de vie et d'abondance avec ses vignes et ses palais, est maintenant un lieu de ruine et de deuil. Cette opposition est renforcée par la description des coteaux, des palais et des jeunes filles dansantes, évoquant une joie de vivre désormais perdue. La transformation de Chio en "sombre écueil" souligne la destruction totale et la perte irréversible de son charme et de sa vitalité.

3. Comment la compassion du poète s’exprime-t-elle?

La compassion de Hugo s'exprime à travers ses questions rhétoriques et ses enjambements. En demandant "Que veux-tu ?", il montre une préoccupation sincère pour le bien-être de l'enfant, cherchant à comprendre et à soulager sa peine. Les enjambements contribuent à une fluidité du discours qui met en évidence la douceur et la sollicitude du poète. L'usage répété de questions rhétoriques souligne la volonté de Hugo de communiquer avec l'enfant, et les images poétiques qu'il emploie - les cheveux épars comme les feuilles sur le saule, le lys bleu, l'oiseau chantant - sont autant de tentatives pour apaiser l'enfant et restaurer une certaine innocence.

Cependant, la réponse de l'enfant - "Je veux de la poudre et des balles" - vient briser cette quête de réconfort, révélant un désir de vengeance et un esprit guerrier inattendu chez un être aussi jeune. Cette antithèse finale transforme le poème romantique en une tragédie, révélant les effets dévastateurs de la guerre sur l'innocence et la jeunesse. L'enfant, symbole d'innocence, est désormais consumé par le désir de révolte et de combat, une métamorphose tragique qui souligne les horreurs de la guerre et l'effondrement des idéaux romantiques face à la cruauté de la réalité.