Lecture analytique de Victor Hugo, L’homme qui rit, L’amour de Gwynplaine et de Déa

Lecture analytique de Victor Hugo, L’homme qui rit, L’amour de Gwynplaine et de Déa

De « Un prodigieux besoin l’un de l’autre était au fond de leur amour » à «  Ils se donnaient des baisers d’âme. »

 

 

L’amour de Gwynplaine et de Déa est extraordinaire.  Leur adoration mutuelle les plonge en plein mysticisme : « Ils se donnaient des baisers d’âme ». Ainsi cet amour parfait ne peut-il que rester platonique : « il se résignait avec une mélancolie satisfaite à aimer angéliquement, et le sentiment de sa difformité se résolvait en une pudeur auguste ». Le chiasme « Gwynplaine sauvait Déa, Déa sauvait Gwynplaine » souligne la complémentarité des deux amants qui se sont construits en miroir l’un de l’autre puisque le handicap de Déa efface celui de Gwynplaine (l’aurait-elle aimé si elle n’avait pas été aveugle ?). L’amour fusionnel des deux jeunes gens leur permet de sublimer l’horreur de leur existence mutilée : « Avec leur enfer, ils avaient fait du ciel », « rien n’était étrange comme cette construction d’un éden par deux damnés ». Les métaphores romantiques du paradis et de l’enfer soulignent le sublime de leur amour « hors de la vie ». Ces deux existences hors du commun échappent au pathétique de leur malheur par la dévotion qu’ils se vouent l’un à l’autre : « Parfois, éperdue d’amour, elle se mettait à genoux devant lui, sorte de belle prêtresse adorant un gnome de pagode, épanoui ». La longueur des phrases donne un rythme ample qui montre que leur amour emporte la malédiction dont ils sont victimes comme une vague. L’amour de Déa et de Gwynplaine est sacré car il leur rend la pureté qu’on leur a enlevé (Gwynplaine, après avoir été atrocement mutilé, est montré en spectacle) : « Pas de pureté comparable à ces amours ». Ce texte donne donc l’image d’un couple idéalisé jusqu’à la sainteté.

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