Commentaire composé sur Stendhal, Lucien Leuwen, chapitre IV
Texte
Stendhal, Lucien Leuwen, chapitre IV
Ce fut sur les huit heures et demie du matin, le 24 de mars 183..., et par un temps sombre et froid, que le 27e régiment de lanciers entra dans Nancy. Il était précédé par un corps [de musique] magnifique et qui eut le plus grand succès auprès des bourgeois et des grisettes de l'endroit : trente-deux trompettes, vêtus de rouge et montés sur des chevaux blancs, sonnaient à tout rompre. Bien plus, les six trompettes formant le premier rang étaient des nègres, et le trompette-major avait près de sept pieds.
Les beautés de la ville et particulièrement les jeunes ouvrières en dentelle se montrèrent à toutes les fenêtres et furent fort sensibles à cette harmonie perçante ; il est vrai qu'elle était relevée par des habits rouges chamarrés de galons d'or superbes, que portaient les trompettes.
Nancy, cette ville si forte, chef-d'œuvre de Vauban, parut abominable à Lucien. La saleté, la pauvreté semblaient s'en disputer tous les aspects et les physionomies des habitants répondaient parfaitement à la tristesse des bâtiments. Lucien ne vit partout que des figures d'usuriers, des physionomies mesquines, pointues, hargneuses. « Ces gens ne pensent qu'à l'argent et aux moyens d'en amasser, se dit-il avec dégoût. Tel est, sans doute, le caractère de cette Amérique que les libéraux nous vantent si fort. »
Ce jeune Parisien, accoutumé aux figures polies de son pays, était navré. Les rues étroites, mal pavées, remplies d'angles et de recoins, n'avaient rien de remarquable qu'une malpropreté abominable ; au milieu coulait un ruisseau d'eau boueuse, qui lui parut une décoction d'ardoise.
Le cheval du lancier qui marchait à la droite de Lucien fit un écart qui couvrit de cette eau noire et puante la rosse que le lieutenant-colonel lui avait fait donner. Notre héros remarqua que ce petit accident était un grand sujet de joie pour ceux de ses nouveaux camarades qui avaient été à portée de le voir. La vue de ces sourires qui voulaient être malins coupa les ailes à l'imagination de Lucien : il devint méchant.
« Avant tout, se dit-il, je dois me souvenir que ceci n'est pas le bivouac : il n'y a point d'ennemi à un quart de lieue d'ici ; et, d'ailleurs, tout ce qui a moins de quarante ans, parmi ces messieurs, n'a pas vu l'ennemi plus que moi. Donc, des habitudes mesquines, filles de l'ennui. Ce ne sont plus ici les jeunes officiers pleins de bravoure, d'étourderie et de gaieté, que l'on voit au Gymnase ; ce sont de pauvres ennuyés qui ne seraient pas fâchés de s'égayer à mes dépens ; ils seront mal pour moi, jusqu'à ce que j'aie eu quelque duel, et il vaut mieux l'engager tout de suite, pour arriver plus tôt à la paix. Mais ce gros lieutenant-colonel pourra-t-il être mon témoin ? J'en doute, son grade s'y oppose ; il doit l'exemple de l'ordre... Où trouver un témoin ? »
Lucien leva les yeux et vit une grande maison, moins mesquine que celles devant lesquelles le régiment avait passé jusque-là ; au milieu d'un grand mur blanc, il y avait une persienne peinte en vert perroquet. « Quel choix de couleurs voyantes ont ces marauds de provinciaux ! »
Lucien se complaisait dans cette idée peu polie lorsqu'il vit la persienne vert perroquet s'entrouvrir un peu ; c'était une jeune femme blonde qui avait des cheveux magnifiques et l'air
dédaigneux : elle venait voir défiler le régiment. Toutes les idées tristes de Lucien s'envolèrent à l'aspect de cette jolie figure ; son âme en fut ranimée. Les murs écorchés et sales des
maisons de Nancy, la boue noire, l'esprit envieux et jaloux de ses camarades, les duels nécessaires, le méchant pavé sur lequel glissait la rosse qu'on lui avait donnée, peut-être exprès, tout
disparut.
Commentaire composé
I) Le décor d’une ville de garnison
Négative :“Ce fut sur les huit heures et demie du matin, le 24 de mars 183..., et par un temps sombre et froid, que le 27e régiment de lanciers entra dans Nancy”:Le mauvais temps symbolise les mauvaises pensées de Lucien.
Neutre:“Il était précédé par un corps [de musique] magnifique et qui eut le plus grand succès auprès des bourgeois et des grisettes de l'endroit : trente-deux trompettes, vêtus de rouge et montés sur des chevaux blancs, sonnaient à tout rompre”:adjectif favorisant le musique,beaucoup de militaire,ils sont superbes grâce à leurs tenues d'apparat et à leurs montures.
“Les beautés de la ville et particulièrement les jeunes ouvrières en dentelle se montrèrent à toutes les fenêtres et furent fort sensibles à cette harmonie perçante ; il est vrai qu'elle était relevée par des habits rouges chamarrés de galons d'or superbes, que portaient les trompettes.”:description de la ville idéalisée grâce aux adjectifs mélioratifs.
“Nancy, cette ville si forte, chef-d'œuvre de Vauban”:chef d’oeuvre architectural et militaire .
“Lucien leva les yeux et vit une grande maison, moins mesquine que celles devant lesquelles le régiment avait passé jusque-là ; au milieu d'un grand mur blanc, il y avait une persienne peinte en vert perroquet” : vision positive de la ville de lucien
II) Lucien, un héros humilié et touché par la grâce
“La saleté, la pauvreté semblaient s'en disputer tous les aspects et les physionomies des habitants répondaient parfaitement à la tristesse des bâtiments” : adjectifs dénigrant la ville et entrée dans le point de vue de Lucien.
“Lucien ne vit partout que des figures d'usuriers, des physionomies mesquines, pointues, hargneuses”: énumération d’adjectifs elle montre que Lucien a un problème avec les gens qui ont réussi parce que lui a échoué donc il en veut à tout le monde.
« Ces gens ne pensent qu'à l'argent et aux moyens d'en amasser, se dit-il avec dégoût” : Lucien semble jaloux, envieux de la vie et de la réussite des habitants de Nancy.
Tel est, sans doute, le caractère de cette Amérique que les libéraux nous vantent si fort»: comparaisons entre Nancy et l'amérique qui insensé il n’a donc pas changé de point de vue politique depuis son expulsion de l’école.
“Ce jeune Parisien, accoutumé aux figures polies de son pays, était navré.” : Lucien dénigre son pays, Nancy il compare donc Nancy à paris
“Les rues étroites, mal pavées, remplies d'angles et de recoins, n'avaient rien de remarquable qu'une malpropreté abominable ; au milieu coulait un ruisseau d'eau boueuse, qui lui parut une décoction d'ardoise”: Les allitérations en [r] produisent une sensation désagréable, et la description des rues est symbolique puisque Lucien perçoit les habitants de Nancy comme des personnes étroites d’esprit et avec des pensées désordonnées à l’image des pavés.
“la rosse que le lieutenant-colonel lui avait fait donner”: personnage humilié par lieut-co alors qu’il est officier, il ne sent pas à sa place il se sent dégradé.
“Notre héros remarqua que ce petit accident était un grand sujet de joie pour ceux de ses nouveaux camarades qui avaient été à portée de le voir” : point de vue ironique avec le mot “héros”, Lucien n’est pas aimé car le régiment se moque de lui.
“Notre héros remarqua que ce petit accident était un grand sujet de joie pour ceux de ses nouveaux camarades qui avaient été à portée de le voir.” : comparaison avec un ange qui se transforme en démon à cause de ses nouveaux camarades, il ne se fait pas facilement des amis .
“« Avant tout, se dit-il, je dois me souvenir que ceci n'est pas le bivouac : il n'y a point d'ennemi à un quart de lieue d'ici ; et, d'ailleurs, tout ce qui a moins de quarante ans, parmi ces messieurs, n'a pas vu l'ennemi plus que moi” : son orgueil est blessé et il dénigre ses camarades et le régiment. il se dit qu’il sont pire que lui il pourra faire ses preuves et pas le autres.
“« Quel choix de couleurs voyantes ont ces marauds de provinciaux ! »”: Lucien rapporte sa frustration sur les gens qu’il voit.
“c'était une jeune femme blonde qui avait des cheveux magnifiques et l'air dédaigneux” : il voit la fille à la fois belle et hautaine accessible.
“Toutes les idées tristes de Lucien s'envolèrent à l'aspect de cette jolie figure ; son âme en fut ranimée: la jeune fille est présentée comme un ange, toutes les idées négatives de Lucien s'envolent lorsqu’il voit l'apparition car il est touché par la grâce : “tout disparut”.
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