Commentaire composé sur Jean-Jacques Rousseau, Emile ou De l'Éducation L’éducation des femmes
Texte
Jean-Jacques Rousseau, Emile ou De l'Éducation
L’éducation des femmes
Désirez en tout la médiocrité, sans en excepter la beauté même. Une figure agréable et prévenante, qui n’inspire pas l’amour, mais la bienveillance, est ce qu’on doit préférer ; elle est sans préjudice pour le mari, et l’avantage en tourne au profit commun : les grâces ne s’usent pas comme la beauté ; elles ont de la vie, elles se renouvellent sans cesse, et au bout de trente ans de mariage, une honnête femme avec des grâces plaît à son mari comme le premier jour.
Telles sont les réflexions qui m’ont déterminé dans le choix de Sophie. Elève de la nature ainsi qu’Émile, elle est faite pour lui plus qu’aucune autre ; elle sera la femme de l’homme. Elle est son égale par la naissance et par le mérite, son inférieure par la fortune. Elle n’enchante pas au premier coup d’œil, mais elle plaît chaque jour davantage. Son plus grand charme n’agit que par degrés ; il ne se déploie que dans l’intimité du commerce ; et son mari le sentira plus que personne au monde. Son éducation n’est ni brillante ni négligée ; elle a du goût sans étude, des talents sans art, du jugement sans connaissances. Son esprit ne sait pas, mais il est cultivé pour apprendre ; c’est une terre bien préparée qui n’attend que le grain pour rapporter. Elle n’a jamais lu de livre que Barrême et Télémaque, qui lui tomba par hasard dans les mains ; mais une fille capable de se passionner pour Télémaque a-t-elle un cœur sans sentiment et un esprit sans délicatesse ? O l’aimable ignorance ! Heureux celui qu’on destine à l’instruire ! Elle ne sera point le professeur de son mari, mais son disciple ; loin de vouloir l’assujettir à ses goûts, elle prendra les siens. Elle vaudra mieux pour lui que si elle était savante.
Commentaire composé
I) Une femme soumise
Dans le premier paragraphe, Rousseau s’adresse aux jeunes hommes qui doivent choisir une épouse : « Désirez en tout la médiocrité ». Ce texte nous apprend qu’au XVIIIème siècle la femme est entièrement soumise à son mari qui la choisit et l’acquière comme un objet : « Une figure agréable et prévenante, qui n’inspire pas l’amour, mais la bienveillance, est ce qu’on doit préférer ; elle est sans préjudice pour le mari ».
Rousseau considère que la femme est inférieure à l’homme par nature et qu’elle doit le rester : « Elle ne sera point le professeur de son mari, mais son disciple ». La métaphore filée « c’est une terre bien préparée qui n’attend que le grain pour rapporter » montre bien que la femme n’est qu’un ventre destiné à procréer sans poser de problèmes à son mari.
II) Une femme médiocre
Les tournures négatives et restrictives associées à la femme en donnent une image médiocre : « Son éducation n’est ni brillante ni négligée », « Elle n’enchante pas au premier coup d’œil ». La femme ne doit pas être jolie sinon elle sera forcément infidèle : « Désirez en tout la médiocrité, sans en excepter la beauté même. Une figure agréable et prévenante, qui n’inspire pas l’amour, mais la bienveillance, est ce qu’on doit préférer ; elle est sans préjudice pour le mari ». Elle ne doit pas non plus être instruite, autrement elle pourrait tenir tête à son mari ou lui faire de l’ombre : « Elle ne sera point le professeur de son mari, mais son disciple ; loin de vouloir l’assujettir à ses goûts, elle prendra les siens. Elle vaudra mieux pour lui que si elle était savante. »
La femme doit rester totalement malléable pour faire le bonheur de son mari. Si elle est instruite par son mari, celui-ci pourra la conditionner à le servir sans jamais se rebeller. Ainsi c’est un texte d’une misogynie choquante que Rousseau nous livre ici.
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