Analyse de Laurent Gaudé, Sang négrier, de « Nous cherchâmes partout » à « Tout m’observe et conspire »
Les éléments du décor qui suscitent l’inquiétude sont “les torches qui faisaient danser les flaques d’eau croupissante”(l.4) car cela peut faire penser que la personne recherchée crée de la magie qui modifie le décor pour mettre de la peur et du suspense dans la suite du texte : “scrutant chaque mètre de ces rues obscures ou les chats affolés nous faisaient sursauter.” (l.1) Il se sent assassin, il se sent aussi observé et jugé : “Les maisons ont des doigts. Les pavés des rues ricanent.”(l.73)
Le narrateur utilise beaucoup de ponctuation pour accélérer le récit de la traque. Les nombreuses phrases courtes miment la respiration haletante du fugitif et sa course qu’il entreprend pour échapper aux gardes. Le narrateur donne des informations avec parcimonie pour créer un petite enquête afin de faire réfléchir et faire attendre la suite au lecteur.
La traque est inhumaine car les gardes cherchent partout et sans relâche afin de pouvoir le retrouver. Le fugitif se coupe les doigts pour effrayer ses poursuivants car ce rituel fait penser à de la magie : “On venait de retrouver un doigt cloué, comme le premier, sur une porte” (l.59). “Le doigt avait apporté le malheur” (l.67)
La personnification de la ville s’effectue en donnant vie aux pavés des rues “Les pavés des rues ricanent”(l.73) et transforment en corps humain les maisons de la ville “Les maisons ont des doigts, des yeux, des bouches qui m’insultent.”(l.72)
Les personnages sont terrorisés. Ils ont l’impression d’être maudits. On peut parler de gradation croissante car les actions dans la villes évoluent au fur et à mesure du temps, et les personnages remarquent de plus en plus de coïncidences inquiétantes ; ils finissent par une petite fille écrasée par une calèche et des doigts maudits accrochés aux portes des maisons : “Le doigt avait apporté le malheur” (l.67) ou encore : “une gamine de huit ans fut écrasée par une calèche”(l.64). Même si les personnages se sentent poursuivis par une puissance maléfique surnaturelle, le lecteur comprend que c’est un sentiment de culpabilité qui rend les esclavagistes paranoïaques : “Tout m’observe et conspire” (l.75).
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