Commentaire composé du poème de Louise Labé Prédit me fut
I. Une évolution mise en valeur par le sonnet
Le champ lexical de l’amour est exprimé ici par une répétition (vers 1, 5, 8) du verbe « aimer » qui est mis en valeur par l’enjambement (vers 1) ainsi que par sa position après l’adverbe qui rime (jeu de sonorité) et l’utilisation de différents temps. L’amour est le thème dominant du sonnet car l’évocation des sentiments personnels avec les marques de la première personne du singulier rend ce sonnet plus lyrique. Ce sonnet évoque le futur avec l’utilisation de « un jour aimer » qui exprime les sentiments masculins platoniques puis l’annonce d’un amour réciproque « Qu’autant que lui aimai ardentement ». L’utilisation des quatrains rend le lyrisme amoureux, avec un bonheur d’aimer. Par la suite, on constate une évolution dans les sentiments des personnages. L’évolution de ses sentiments est aussi perceptible à travers les temps utilisés avec les étapes évoquées par des verbes au passé simple, une articulation chronologique qui annonce les prédiction et la reconnaissance par le regard (champ lexical : peinture, reconnus, décrite). Cependant l’auteur se force à aimer pour arriver à la fin des quatrains à un amour réciproque car il y a l’utilisation des adverbes : fermement, ardentement (qui riment). L’amour est présenté comme un sentiment unilatéral, dans ce sonnet, la naissance de l’amour ne naît pas du premier regard mais parce que la poétesse se force. Cet amour semble enfin éprouvé par la poétesse (autant que lui) or on constate rapidement que ce qui sera évoqué dans les tercets marque une rupture avec les quatrains. L’utilisation du conditionnel passé « eut pensé » et de la conjonction de coordination « mais » annonce la rupture entre la poétesse et son amant. Ce poème lyrique va laisser place à la tristesse et au registre pathétique, tragique dû à cette rupture. L’utilisation du présent ici s’associe à des verbes de souffrance: “horrible” “infernaux” “cruels” “m'ourdissaient”. La rupture est également marquée par la question qui montre l’évolution avec le verbe « croître ». C’est pourquoi la forme du poème permet de mettre en valeur l’expression d’un amour fatal, source de souffrance pour l’auteur. Le lyrisme amoureux va se transformer en registre pathétique.
II. Un amour fatal, source de souffrance
Au début ce n’était qu’une simple prédiction qui va devenir un enfer car l’auteur doit suivre sa destinée avec l’utilisation du champ lexical du destin : « prédit me fut », « devait », « ciel et destin », « fatalement » qui est associé au verbe aimer. Cela exprime un amour unilatéral fatal pour les deux protagonistes. Le personnage est ici pris pour un objet avec l’utilisation de « me fut », « m’ourdissait » ou « je forçai ma nature ». Le personnage subit l’action, d’autant plus il est mis en valeur par sa position en début et fin de poème. L’homme subit aussi la fatalité car Louise Labé exprime cette fatalité par l’utilisation de « triste aventure ». Louise Labé montre que cette destinée est connotée de manière dépréciative avec l’utilisation de l’adjectif : « infernaux ». Une force supérieure divine inconnue est décrite ici : « ciel et destin » C’est pourquoi l’auteur subit une fatalité source de souffrance. La poétesse décrit l’amour malheureux de façon métaphorique et poétique connoté de façon dépréciative avec l’utilisation de la métaphore de la tempête pour montrer la violence destructrice de cet amour. Le champ lexical de la tempête : «apprêts », « vent », « orage », « naufrage » montre un amour orageux. Les adjectifs qui présentent cette tempête sont intensifiés avec « cruel », « horrible », « nubileux » qui renforce cet amour malheureux d’où le registre pathétique et tragique. De plus les tourments de la passion sont exprimés par les intensifs « si, tant ». L’amour de Louise Labé et de son amant finit comme un naufrage. La fatalité de cet amour est une force qu'on ne peut pas affronter. Ainsi avec l’expression d’une fatalité représentant sa source de souffrance, Louise Labé se présente comme une héroïne tragique qui suscite la pitié du lecteur.
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