Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le loup et l'agneau
I) La structure de la fable
La structure de la fable est inhabituelle car La Fontaine commence par la moralité. Le récit n’est là que pour illustrer et prouver la moralité. Le vers 1 constitue une maxime, c’est-à-dire une déclaration donnée pour vraie : “La raison du plus fort est toujours la meilleure”. Ensuite, avec la formule “Nous l’allons montrer tout à l’heure, La Fontaine montre clairement l’articulation de son argumentation, le but étant d’être bien compris par son lecteur.
Le récit ne décrit pas la psychologie des personnages mais on comprend tout de suite que le loup représente Louis XIV et l’agneau est une allégorie d’un sujet tyrannisé par le roi, et peut-être victime d’une lettre de cachet.
Le récit est découpé en trois étapes : une situation initiale paisible : “Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure.” L’élément perturbateur intervient tout-à-coup : “Un loup survient”. Le conflit se met en place sous la forme d’un dialogue argumentatif qui oppose l’innocent agneau au loup cruel qui cherche par tous les moyens à justifier sa volonté de dévorer l’agneau. La situation finale vient brutalement :”Là-dessus, au fond des forêts Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.”
La Fontaine dénonce ici l’arbitraire de la justice de Louis XIV et montre la défaite de la parole face à la violence dans une société où toute forme de dialogue avec l’autorité royale est impossible ou réprimée cruellement.
II) Un échange pervers
Normalement dans un dialogue les points de vue s’opposent mais il y a une écoute réciproque. Ici le loup, allégorie de la force, est fermé au dialogue et ne cherche qu’à mettre un terme rapide au dialogue pour pouvoir plus vite manger l’agneau qui, en tant qu’allégorie de la faiblesse, part perdant. Le loup est de mauvaise foi car il contredit les lois de la physique : “Tu la troubles !” alors que c’est impossible, il contredit les lois de la nature et de la famille : “- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens”, le loup à cours d’argument finit par invoquer un témoin imaginaire !
Il n’accepte aucune critique de la part des gens de lettres : “Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge.”
De son côté l’agneau argumente du mieux qu’il peut, en faisant appel à la raison du loup qui ne l’écoute pas. L’agneau raisonne à la manière d’un écrivain qui chercherait en vain à se défendre face à l’autoritarisme de Louis XIV.
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