Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le Loup et le chien
Introduction
La fable "Le Loup et le Chien" de Jean de La Fontaine, inspirée des fables d'Ésope et de Phèdre, se distingue par sa capacité à transformer un genre éducatif en une forme poétique riche et nuancée. Cette fable, à travers un récit concis et un enseignement parfois implicite, offre une réflexion profonde sur la liberté et la servitude. Nous allons examiner comment la forme fixe de la fable permet à La Fontaine de délivrer un message fort, en analysant d'abord la vivacité du dialogue entre les deux protagonistes, puis en explorant leur stratégie argumentative.
I) La vivacité du dialogue
La Fontaine utilise diverses techniques pour donner vie et dynamisme à son dialogue. Les animaux, personnifiés et humanisés, portent des noms majuscules, ce qui leur confère une stature presque humaine. L'usage de vers hétérométriques crée une diversité rythmique : les décasyllabes (« Un loup n’avait que les os et la peau »), les octosyllabes (« Sire loup l’eût fait volontiers ») et les alexandrins (« Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens ») varient le rythme et maintiennent l'intérêt du lecteur.
Le style direct dans lequel les animaux s'expriment ajoute à la vivacité du récit. La fable devient ainsi dynamique et théâtrale, mettant en scène deux animaux aux symboliques fortes : le chien, attaché et dépendant, représentant les courtisans soumis au roi, et le loup, libre mais affamé, valorisé par l'emploi de « Maître Loup ». La liberté est ainsi présentée comme un trésor précieux. L'allitération en [K] dans « L’attaquer, le mettre en quartiers » ajoute une touche de violence au texte, soulignant l'opposition entre la pauvreté mais la liberté du loup et l'opulence mais la soumission du chien. Les stichomythies, comme dans « Qu’est-ce là ? lui dit-il. — Rien. — Quoi ! rien ! — Peu de chose. — Mais encor ? », accélèrent le rythme et renforcent l'aspect théâtral de la fable.
II) Stratégie argumentative des deux protagonistes
Le chien, dans sa tentative de convaincre le loup de devenir un « esclave » de l'homme, accumule les bénéfices de sa propre vie (« Os de poulets, os de pigeons », « Sans parler de mainte caresse ») pour tenter le loup. Il commence par flatter le loup, une allusion aux courtisans qui doivent user de flatterie pour survivre à la cour. La description en dyptique oppose une vision négative de la condition du loup (« Misérable [...] Cancres, hères et pauvres diables ») à une description méliorative de la vie du chien (« bien meilleur destin, os de poulet, os de pigeon, mainte caresse »), soulignant la différence entre leurs modes de vie.
Conclusion
"Le Loup et le Chien" de La Fontaine offre une vision réaliste et une critique acerbe de la cour de Louis XIV. À travers le portrait de deux personnages aux valeurs diamétralement opposées, La Fontaine explore les thèmes de la liberté et de la servitude. Pour le loup, la liberté a un prix, celui de la faim. La Fontaine, dans sa préface, définit bien l'esprit de ses fables : « Je n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire, mais un certain charme, un air agréable que l’on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. » Cette fable incarne parfaitement cette vision, mêlant charme et sérieux pour transmettre un message puissant sur la condition humaine.
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