Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Les deux coqs
I) Un apologue traditionnel
La Fontaine utilise des animaux afin de faire une critique sur les actions des humains c’est pourquoi il personnifie des Coqs et une Poule : “Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint,”. Les étapes du récit sont respectées. La situation initiale est donnée de façon très abrupte sur un seul hémistiche ce qui montre que la paix ne va pas durer : “Deux Coqs vivaient en paix ”. Un élément perturbateur arrive puis le combat se déroule et l’un des deux coqs perd : “une Poule survint Et voilà la guerre allumée.” L’élément de résolution est l’arrivée du Vautour qui attaque le gagnant : “Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour.” Alors, le coq perdant devient vainqueur car l’autre coq s’est fait emporter par le vautour ; cela devient la situation finale. La fable enfin se termine par la morale :“Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du sort, et prenons garde à nous Après le gain d'une bataille.” A travers sa morale La Fontaine critique les orgueilleux, il nous met en garde face à la vantardise qui malgré une victoire peut causer notre perte. En effet dans sa fable le coq si fier de sa victoire alla se vanter et finit par périr de son orgueil, il nous montre aussi que la modestie est une vertu qui paye.
II) Une parodie de combat épique
La Fontaine exagère, il donne une dimension symbolique au combat, en effet ce ne sont que deux coqs cependant grâce à l’hyperbole il attise la curiosité du lecteur et donne de l’importance au combat : “Et voilà la guerre allumée.”. De plus, l’allitération en [v] symbolise la friction entre les deux coqs. Il compare le combat à la guerre de Troie. Il ironise car il se moque des deux coqs qui se battent pour une poule. De plus, il personnifie l’amour pour donner une dimension encore plus grandiose au combat, il le dit sur un hémistiche pour interpeller encore plus fort le lecteur, cela met sa phrase en exergue : “Amour, tu perdis Troie”. L’enjambement provoque alors une accélération du rythme montrant que le combat se rapproche : “et c'est de toi que vint Cette querelle envenimée”. De plus, on remarque une hyperbole épique : “Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint.”. La fin du combat épique en annonce un autre, le coq perdant prépare sa vengeance voyant l’autre coq jubiler et se vanter : “Il voyait tous les jours Cet objet rallumer sa haine et son courage. Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs, Et s'exerçant contre les vents S'armait d'une jalouse rage.” Le combat se termine par la mort tragique d’un des deux coqs qui périt face à plus fort que lui, le vautour, c’est alors la fin du duel épique : “Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour. Enfin par un fatal retour”.
III) La critique de la cour
La Fontaine critique la cour dans le fait que les nouvelles se répandent très vite car il y a un certain voyeurisme : “Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint : Le bruit s'en répandit par tout le voisinage.”. De plus, il se moque des perruques extravagantes des courtisans qu’il trouve ridicule, et des courtisans et courtisanes toujours à l'affût d’un scandale : “La gent qui porte crête au spectacle accourut.” L’enjambement souligne un vers important où il critique des courtisanes (les “poules”) décrites comme des femmes faciles qui voyant le succès du coq vont se donner à lui : “Plus d'une Hélène au beau plumage Fut le prix du vainqueur”. Ensuite, la Fontaine montre la cruauté de la cour qui n’est intéressée que par le gagnant et les personnes fortes, laissant donc seul le deuxième coq. Cependant, une part de jalousie va attirer des problèmes au coq gagnant : “Il voyait tous les jours Cet objet rallumer sa haine et son courage.” La Fontaine montre que la cour est un monde cruel et que la jalousie amène à beaucoup de vengeance mais aussi que la vantardise est dangereuse car elle rend vulnérable. La Fontaine critique des prétendantes qui ne sont là que par intérêt mais aussi les courtisanes qui créent un attroupement : “Son rival autour de la Poule S'en revint faire le coquet : Je laisse à penser quel caquet, Car il eut des femmes en foule. La Fortune se plaît à faire de ces coups”.
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Etude linéaire pour l'oral du bac de français
On peut observer dans cette fable de nombreuses similitudes avec « les deux coqs et l’aigle » d’Esope. Cependant La Fontaine, en plus de réécrire le récit, prend rapidement de la distance avec l’œuvre originale. On peut donc se demander comment La Fontaine parvient-t-il à reprendre ce texte antique pour l’actualiser tout en s’en différenciant.
« Les deux coqs » se développe sur trois épisodes clairement définis : Les vers 1 à 10 décrivent le conflit, les vers 11 à 19 la retraite du vaincu et les vers 19 à 28 le retournement de situation. La morale est détachée des V 29 à 32.
On peut remarquer que chacun de ces trois axes est composé d'un événement (l’arrivée de la poule, la victoire du coq et l’intervention du vautour) qui produit une nouvelle situation qui donne lieu à un nouveau tableau. Chacun de ces événements est introduit par La Fontaine lui-même.
Dans cette fable, La Fontaine utilise un volatile commun : le coq, symbole de la séduction extravertie et de l’orgueil. Dans le langage commun un coq est en effet un homme qui séduit ou prétend séduire par son apparence.
1er mouvement v 1 à 10 :
l’hétérométrie (vers de différentes longueurs) apporte de la gaieté et permet de mettre en valeur certains éléments par des effets de rythme.
il y a un schéma actanciel :
situation initiale : “Deux coqs vivaient en paix”
élément perturbateur : “une poule survint”
conséquence “et voilà la guerre allumée”
référence parodique à la guerre de Troie “Hélène tu perdis Troie” mais ici Hélène est un poule (courtisane, femme facile)
critique de la cour : “La gent qui porte crête au spectacle accourut.” les courtisans sont obsédés par les commérages, il se moque aussi des perruques
“Plus d'une Hélène au beau plumage Fut le prix du vainqueur.” : effet burlesque qui associe la poule à Hélène pour se moquer des courtisanes qui se donnent pour la gloire et l’argent donc cette fable critique la cour de Versailles
2ème mouvement v 11 à 19 :
“Il alla se cacher au fond de sa retraite, Pleura sa gloire et ses amours, Ses amours qu'un rival, tout fier de sa défaite Possédait à ses yeux” : hyperbole, qui exagère et la situation et met en valeur la parodie de tragédie par le registre burlesque qu'emploie l’auteur
“Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs, Et, s'exerçant contre les vents,” : le coq se ridiculise encore plus
parodie de tragédie avec le champ lexical associé : “Amour”, “Cet objet rallumer sa haine et son courage”, “jalouse rage”. Le rythme rapide et haché montre l’excitation, la colère et la frustration du vaincu.
Vers 19 à 28: retournement de situation
“Son vainqueur sur les toits / S'alla percher, et chanter sa victoire”: attitude orgueilleuse du vainqueur. Cris de victoire.
Morale implicite : les courtisans
“Un vautour entendit sa voix : mise en scène d’un nouveau personnage, le vautour. Il représente le courtisan opportuniste, qui profite des faiblesses. C’est un animal qui représente un danger pour les coqs, cela rappelle aux courtisans que même si les courtisans sont bien placés à la cour ils peuvent vite chuter et tomber en disgrâce.
“Adieu les amours et la gloire”, “fatal” : champ lexical de la tragédie
l’allitération en [r] évoque le danger
“Tout cet orgueil périt sous l'ongle du vautour” : le coq est représenté par son caractère orgueilleux qui est la cause de son décès.
“S'en revint faire le coquet : Je laisse à penser quel caquet” : allitération en [k] on dirait entendre les poules caqueter
“Car il eut des femmes en foule” : misogynie de La Fontaine qui dit que les femmes sont trop bavardes
La morale est explicite dans les v 29 à 32 :
“La fortune se plaît à faire de ces coups; Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du Sort, et prenons garde à nous Après le gain d'une bataille” : La morale est une mise en garde contre l'orgueil qui rend imprudent en nous faisant croire qu’on est invincible.
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