Le Colonel Chabert chez la Comtesse Commentaire composé
De «Écoutez, madame, un mot suffira pour vous rendre sérieuse» à «Bien, je te tiens, l’affaire du pauvre colonel est gagnée.»
I) La comédie humaine
1) Le stratagème de Derville
Derville met en place un stratagème en trois étapes. Il veut effrayer la comtesse en lui disant que le colonel est encore vivant : «Le Comte Chabert existe». Il reste très calme et solennel. Cette déclaration concise sonne comme un coup de poignard aux oreilles de la comtesse puisque le fait que le colonel soit vivant rend caduc son second mariage avec le comte Ferraud.
Le deuxième argument de Derville s’appuie sur la première lettre que Chabert lui a envoyée. Cette lettre prouve de façon irréfutable que le colonel était encore en vie au moment de son second mariage, elle est donc polygame, ce qui est interdit en France. Pour confondre la comtesse, Derville prêche le faux pour savoir le vrai en affirmant que l’enveloppe contenait aussi de l’argent. A ces mots, la comtesse sort de ses gonds et avoue malgré elle avoir reçu cette fameuse lettre.
Le Dernier argument de Derville est la réaction que l’annonce de cette nouvelle provoquerait sur le comte Ferraud, qui s’en trouverait soudainement déshonoré et n’hésiterait sûrement pas à abandonner sa femme pour ne pas avoir à endosser sa réputation. Il pourrait même y voir l’opportunité d’épouser une femme plus jeune et d’un rang social plus élevé.
2) Le positionnement du narrateur
Le narrateur met en avant l’intelligence de Derville. Il insiste sur «l’étrange lucidité et le regard fixe par lequel Derville l’interrogeait». Derville domine la comtesse «tout à coup domptée». Cette impression est renforcée par l’emploi du discours indirect libre : « en paraissant lire au fond de son âme».
3) Chacun joue un rôle
La comtesse ment à Derville en persistant à nier l’existence de son premier mari : «Cela est faux ! dit-elle avec toute la violence d’une petite maîtresse». Derville veut faire croire à la comtesse qu’il est de son côté et que sa priorité est de la protéger d’un scandale et de protéger sa réputation : «Vous ignorez l’étendue des dangers qui vous menacent». Derville fait preuve d’ironie à l’égard de la comtesse : «Heureusement, nous sommes seuls, madame. Nous pouvons mentir à notre aise», «Croyez-vous que je veuille perdre une clientèle aussi précieuse que l’est la vôtre ?»
II) L’étude d’un milieu
1) Des détails réalistes sur le fonctionnement de la justice
Balzac emploie des termes spécifiques au milieu judiciaire : «pièces», «acte de décès», « tribunaux», «juges», «loi», «droit», «adversaire», «avoués», «criminelle», «procès», «inscription en faux».
2) L’ambition du comte Ferraud
L’ambition du comte Ferraud est premièrement de préserver sa réputation, et ensuite de se remarier avec une femme plus jeune et d’un rang supérieur : « Celle d’épouser la fille d’un pair de France». Pour lui les sentiments passent après l’argent et l’honneur.
3) Les éléments en faveur des parties
L’élément qui plaide en faveur de la comtesse est le fait qu’elle a des enfants de son second mariage : «nous avons une mère et ses enfants». L’argument en faveur de Chabert est que le premier mariage prime sur le second : «Votre mariage avec le colonel a pour lui le droit, la priorité».
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