Commentaire composé sur la fable La jeune veuve de La Fontaine
I) Un éloge du temps
a) Le père détenteur d’une sagesse
On introduit la sagesse du père, mis en avant quand “Il laissa le torrent couler.” il sait alors comment agir face à la situation, sa sagesse est grande car il sait comment va agir sa fille. De plus, une fois la majeure partie de la tristesse passée, il se résout à la consoler. Afin de l’aider, il la rappelle à la raison, il la ramène donc à la vie et lui suggère de ne plus vivre dans la mort mais dans le présent où son futur amant l’attend. Le père est intelligent il sait que le temps seul la consolera et que tout artifice qu’il soit sera inutile face à son malheur : “Le père lui laissa digérer sa disgrâce. Un mois de la sorte se passe.” Le père avait raison, la vie reprend son cours normalement.
b) Le temps un personnage tout puissant
La Fontaine personnifie le temps en expliquant que le temps est consolateur, il prend la tristesse de la veuve et s’enfuit avec, le temps efface les malheurs de la veuve, dès le début de la fable le temps est bienveillant avec la veuve : “Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ;” Le mouvement et le rythme donnent une impression de va et vient. Prenant l’image de la roue de fortune, car le temps prend la tristesse et ramène le bonheur, sentiment que la personne endeuillée est bercée par le temps rejoint l’idée du temps bienveillant : “Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ; Le Temps ramène les plaisirs.” Le temps fuit, on n’a à peine le temps de remarquer le changement d’état de la femme tellement il est rapide et bref : “Entre la Veuve d'une année Et la veuve d'une journée La différence est grande : on ne croirait jamais Que ce fût la même personne.” Le temps la console et un meilleur sort l’attend, elle ne restera pas éternellement dans son malheur : “Une condition meilleure Change en des noces ces transports”
c) La dédramatisation de la mort
La Fontaine introduit son thème sous forme de maxime avec la présent de vérité générale, Il brise la glace pour établir sa connexion avec son lecteur. Il essaye dès les premiers vers de briser le stéréotype du veuvage. Misogynie de La Fontaine qui estime que la femme et l’homme ne sont pas égaux dans le veuvage : “La perte d'un époux ne va point sans soupirs. On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.” Il évoque la mort d’une manière légère et douce, l’autre monde est un terme neutre qui ne fait pas peur comme la mort pourrait. De plus, l’enjambement insiste sur la beauté de sa femme plus que sur la mort de son mari : “L'Epoux d'une jeune beauté Partait pour l'autre monde.” La mort est la fin d’un cycle et le début d’un nouveau : “Mais, après certain temps, souffrez qu'on vous propose Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose Que le défunt.”
II) Un éloge de la vie et de la jeunesse
a) L’inconstance féminine
“la” jeune veuve donne un dimension universelle à sa fable, en effet en utilisant le déterminant défini dans un sens générique il inclut toutes les femmes. Il dit que c’est toujours pareil : “C'est toujours même note et pareil entretien :” Le changement d’état de la veuve est brutal, en effet il souligne ce changement en le mettant en exergue avec la ponctuation expressive : “Entre la Veuve d'une année Et la veuve d'une journée La différence est grande : on ne croirait jamais Que ce fût la même personne.” La Fontaine nous exprime son opinion par rapport aux veuves. Tout d’abord il ne parle pas des veufs alors que la mort frappe dans les deux sens. Cette remarque montre la misogynie de La Fontaine qui estime que la femme et l’homme ne sont pas égaux dans le veuvage. Au début la veuve éprouve un réelle mal, une réelle tristesse puis le bonheur reprend le dessus et sa tristesse devient fausse et superficielle à cause des usages de la société qui en la forçant à garder son deuil la pousse à l'hypocrisie : “Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne ;” Une prétention de La Fontaine dans le fait qu’il affirme détenir la vérité absolue vis à vis des sentiments féminins par rapport au veuvage. Il exclut donc l’homme de cette critique ce qui traduit une misogynie de sa part, car il différencie les sentiments de l’homme et la femme : “On dit qu'on est inconsolable ; On le dit, mais il n'en est rien, Comme on verra par cette Fable, Ou plutôt par la vérité.” De plus, on constate donc qu’il pense que l’homme à une certaine supériorité par rapport à la femme compte tenu de son statut particulier à l’intérieur de la fable. Dans le sens où il exclut l’homme de toute critique afin de créer une complicité avec les lecteurs masculins juste avant de commencer le récit de son histoire. Ainsi il crée une connivence qui maintiendra l’attention du lecteur.
b) La gaieté
Le malheur repousse tandis que la gaieté attire. Cependant la gaieté reprend toujours le dessus par rapport à la tristesse : “L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille attraits.” La Fontaine montre l’idée que la tristesse est une émotion passagère et que la gaieté reprendra quoiqu’il arrive ses droits. C’est à dire que la joie revient toujours : “On dit qu'on est inconsolable ; On le dit, mais il n'en est rien,” Elle retrouve le goût à la vie sa joie revient et son amour pour la vie aussi. Elle a de nouveau de l’amour à offrir : “.- Ah ! dit-elle aussitôt, Un Cloître est l'époux qu'il me faut.“ De plus, elle reprend goût à des choses ordinaires que les femmes aiment, on assiste ici à son retour à la vie : “L'autre mois on l'emploie à changer tous les jours Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure.” Elle se joue de son deuil et s’en sert pour être encore plus attrayante aux yeux de ses prétendants, elle use de ses faiblesses comme d’une force : “Le deuil enfin sert de parure, En attendant d'autres atours.” Elle retrouve des plaisirs jeunesse : “Toute la bande des Amours Revient au colombier : les jeux, les ris, la danse, Ont aussi leur tour à la fin.” “On se plonge soir et matin Dans la fontaine de Jouvence.” La Fontaine se moque gentiment de son personnage.
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