Analyse de Jean Giono, Un roi sans divertissement, Le suicide de Langlois

Analyse de Jean Giono, Un roi sans divertissement, Le suicide de Langlois

Comment dans cette fin de roman policier, Jean Giono exprime-t-il la fascination de son héros pour la mort ?

 

Le personnage de Langlois renonce à la vie car rien ne le détourne plus de l'idée de sa propre mort. Plus rien ne le divertit au sens pascalien du terme contrairement à la paysanne qui est ancrée dans la vie pour subvenir à ses besoins: “Et j'ai fait ma soupe.” Langlois de communique plus avec ceux qui l’entourent comme si il renonçait à faire partie de l'humanité : il devient étranger au monde. La paysanne échoue à créer le lien, malgré son langage familier et sommaire qui reste inefficace. Le personnage de Langlois est impénétrable, lointain, ne laissant rien deviner de ses pensées, sentiments et desseins suicidaires. Le suicide de Langlois est sanglant, montrant qu’il ne paie pas attention à ses proches car il ne prend pas en compte les émotions de sa femme qui le regarde par la fenêtre, ce qui évoque le fait qu’il a déjà renonce a vivre auprès d’eux : “il fumait une cartouche de dynamite”.

 

Langlois est fasciné par la mort car il adopte une attitude contemplative, reprenant l’épisode mystique où Perceval contemple les trois gouttes de sang dans la neige qui lui font penser au visage de Blanchefleur (donc à l’amour) dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Contrairement à Perceval, Langlois ne médite pas sur l’amour mais sur sa propre mort. La contemplation de la neige durant des heures dans le froid renvoie au champ lexical de la mort, ce qui suggère que Langlois se détache de la nature humaine : il est déjà mort psychologiquement. Même si ce passage est chargé d'émotion, la focalisation externe empêche le lecteur d'éprouver de l’empathie pour Langlois car il est perçu comme étranger.

 

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