Le Rouge et le noir de Stendhal, La tyrannie de l’opinion, Livre I, chapitre 1 De « Ne vous attendez point à trouver en France ces jardins pittoresques» à «qu'aux Etats-Unis d’Amérique»
I) Une page d’exposition
Tout d’abord, le récit peut-être perçu comme une page d’exposition, car le narrateur présente premièrement les lieux : “En Franche-Comté, plus on bâtit de murs, plus on hérisse sa propriété de pierres rangées les unes au-dessus des autres, plus on acquiert de droits aux respects de ses voisins.” Il décrit également les caractéristiques de cette région et de ses habitants. Il énonce aussi quelques personnages principaux de son histoire, M. De Rênal : “M. le maire” et M. Sorel : “Malgré sa fierté, M. le maire a dû faire bien des démarches auprès du vieux Sorel, paysan dur et entêté”. De plus il décrit l’histoire des personnages : “Les jardins de M. de Rênal, remplis de murs, sont encore admirés parce qu'il a acheté au poids de l'or certains petits morceaux de terrain qu'ils occupent.” Le narrateur raconte le contexte dans lequel se déroule l’histoire : “Une fois, c'était un jour de dimanche, il y a quatre ans de cela, M. de Rênal, revenant de l'église en costume de maire, vit de loin le vieux Sorel, entouré de ses trois fils, sourire en le regardant. Ce sourire a porté un jour fatal dans l'âme de M. le maire, il pense depuis lors qu'il eût pu obtenir l'échange à meilleur marché.” Le lecteur peut alors se familiariser avec les personnages et avec le contexte.
II) La dictature de l’argent
Dans cet extrait, l’argent a une grande importance : “plus on bâtit de murs, plus on hérisse sa propriété de pierres rangées les unes au-dessus des autres, plus on acquiert de droits aux respects de ses voisins.” Les personnes qui ont les moyens de se faire construire une grande et belle maison sont immédiatement respectées : “Les jardins de M. de Rênal, remplis de murs, sont encore admirés parce qu'il a acheté au poids de l'or certains petits morceaux de terrain qu'ils occupent.” Le jardin qui est censé accueillir des plantes et de la végétation est envahi de murs, pour montrer la richesse du propriétaire, ce qui en devient ridicule. Il faut donc exposer sa richesse publiquement si les habitants veulent obtenir de la considération. De plus la notion d’argent revient encore à plusieurs reprises dans cet extrait avec le champ lexical de la richesse : “de beaux louis d'or” , “riche”, “une somme de 6000 F.” La réputation compte également beaucoup pour les habitants : “Une telle innovation vaudrait à l'imprudent bâtisseur une éternelle réputation de mauvaise tête, et il serait à jamais perdu auprès des gens sages et modérés qui distribuent la considération en Franche-Comté.” Le narrateur dépeint alors une population superficielle qui ne juge que par l’apparence et l’argent.
III) Un discours violemment critique
Cette situation d’exposition est en réalité un discours critique. Le narrateur décrit la société superficielle de son temps : “plus on hérisse sa propriété de pierres rangées les unes au-dessus des autres, plus on acquiert de droits aux respects de ses voisins”, et également l’influence de l’argent sur les habitants de la ville. Les résidents obsédés par l’argent en deviennent ridicules : “Les jardins de M. de Rênal, remplis de murs, sont encore admirés parce qu'il a acheté au poids de l'or certains petits morceaux de terrain qu'ils occupent.” Le jardin perd sa fonction principale pour devenir une exposition de richesse. De plus, le narrateur ne fait pas que raconter l’histoire mais il exprime son avis au lecteur avec le discours indirect libre : “Dans le fait, ces gens sages y exercent le plus ennuyeux despotisme”, il se moque des provinciaux qui se comportent comme des petits rois : “c'est à cause de ce vilain mot que le séjour des petites villes est insupportable, pour qui a vécu dans cette grande république qu'on appelle Paris. La tyrannie de l'opinion, et quelle opinion ! est aussi bête dans les petites villes de France, qu'aux Etats-Unis d'Amérique”. Il montre également la stupidité de la société tout en apparence. Il critique alors ouvertement la société provinciale où les habitants se croient haut placés et ne jurent que par leur richesse et leurs biens matériels au point d’en devenir ridicules.
Conclusion:
Ainsi, nous avons pu voir que cet extrait est alors une situation d’exposition, où le lecteur découvre les personnages la ville et la société dictée par l’argent et l’apparence. Mais aussi, une critique de la part du narrateur qui exprime son exaspération vis à vis de la société provinciale qu’il juge ridicule.
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