Explication de Dora Bruder de Modiano
La lecture de l’avis de recherche invite le narrateur a revivre son propre passé car l’adresse inscrite sur l’avis est une rue qui est très familière au narrateur. Cette rue Ornano lui évoque son enfance ainsi que d’autres moments de sa vie vécus à cet endroit. Le narrateur se plonge dans un patchwork de souvenirs liés au nom “rue d’Ornano” car il espère y trouver des indices pour aider à retrouver la disparue Dora Bruder, mais il s'égare peu à peu au fil de ses pensées. Le narrateur se perd dans le labyrinthe de sa propre mémoire comme il se perd dans les nombreuses rues entourant le carrefour. Cette image de souvenirs hétéroclites dans lesquels on se perd est aussi représentée par l’histoire des valises entassées les unes sur les autres sans distinction. “Des valises luxueuses, en cuir, en crocodile, d’autres en carton bouilli, des sacs de voyage, des malles-cabines portant des étiquettes de compagnie transatlantique - toutes empilées les unes sur les autres. ”
On peut dire que le narrateur nous invite à réfléchir sur le passage du temps car ce texte est une réflexion sur le devoir de mémoire, à la fois en l’honneur des disparus de la seconde guerre mondiale mais aussi de notre propre mémoire. Le narrateur rend honneur à Dora Bruder, une juive déportée durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi à ses propres souvenirs de son enfance, de son adolescence, où il nous transporte à travers différentes périodes.
La phrase “Un magasin a remplacé le cinéma." symbolise le temps qui passe et l’univers qui change autour de nous. Le fait que ce très ancien cinéma des années trente ait été remplacé par un magasin est aussi un exemple de faillite du devoir de mémoire. Le cinéma lui-même est un lieu qui représente l’aspect sentimental de la vie puisqu’on y va en amoureux puis avec ses enfants ; mais aussi parce qu’on y regarde des films qui parlent des sentiments. Donc le fait que le cinéma soit remplacé par un magasin montre l’avènement de la société de consommation dans laquelle l’argent prend le dessus sur les sentiments.
Le narrateur rend ses souvenirs plus vivants au yeux du lecteur en utilisant des accumulations dans ses descriptions afin de rendre le récit plus vrai, pour que le lecteur soit au cœur de l’intrigue. “je suivais la rue du Mont-Cenis pour rejoindre les hôtels de la Butte Montmartre: l'Hôtel Roma, l’Alsina ou le Terrass, rue Caulaincourt" Le fait que la narration soit à la première personne en focalisation interne, et que l’auteur utilise les noms de véritables rues de Paris ajoute de la véracité au récit et aide le lecteur à se projeter dans ces souvenirs.
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