Analyse de La Curée d’Emile Zola, la description de l'hôtel Saccard
Lecture analytique
Cette description de l'hôtel particulier est caractéristique du naturalisme car elle offre énormément de détails et ne laisse que peu de place à l'imagination du lecteur : “Autour des fenêtres, le long des corniches couraient des enroulements de rameau et de fleurs”. L’accumulation de détails donne l’illusion d’un foisonnement.
Le naturalisme s’appuie sur une documentation élaborée, comme le révèlent la comparaison entre l'hôtel Saccard et le nouveau Louvre, mais aussi l’architecture et la décoration caractéristiques du style Napoléon III.
L'hôtel Saccard, par son foisonnement et le style de décoration choisis, campe un décor orgiaque avec lequel on se sent mal à l’aise, à cause de l’association des champs lexicaux de l’agressivité et de la jouissance : “de grandes femmes nues, les hanches tordues, les pointes des seins en avant”, “un fouillis incroyable de fruits et de feuillages”, “s’épanouissaient”.
L'hôtel symbolise aussi l’orgueil de Saccard, car c’est une représentation du palais royal du Louvre. De plus, il est inspiré du style Napoléon III, ce qui révèle que Saccard cherche à se créer son propre empire.
La phrase “une butte, comme un socle de verdure, où campait fièrement l'hôtel en toilette de gala” souligne que l'hôtel particulier a été placé comme sur un piédestal, bien à la vue de tous, ce qui renforce la comparaison avec la royauté tant convoitée.
Cet orgueil du personnage qui n’hésite pas à étaler avec ostentation sa luxure et ses richesses acquises dans le sang, grâce au coup d’état de Napoléon III, montre à quel point il se sent intouchable.
Pourtant, la personnification de l’hôtel laisse voir au lecteur attentif à quel point Saccard porte ses crimes sur son visage : “cette grande bâtisse [...] toute blafarde, avait la face blême, l’importance riche et sotte d’une parvenue”.
Dans ce roman, Zola critique la société de parvenus du temps de Napoléon III où la noblesse est composée de personnes sans foi ni loi qui ont commis de nombreux crimes afin d’accélérer leur ascension sociale.
Saccard est une représentation de cette société d’arrivistes et de parvenus, ce qui rend ce personnage particulièrement antipathique.
Zola dénonce aussi l’orgueil et la soif de pouvoir qui pousse les hommes à commettre des crimes afin de s’élever plus rapidement dans la société.
La dernière phrase de cette description de l’hôtel Saccard montre bien la répugnance de Zola pour cette société représentée toute entière par cette demeure : “un des échantillons les plus caractéristiques du style Napoléon III, ce bâtard opulent de tous les styles.”
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