Analyse de Voyage au centre de la Terre de Jules Verne
Chapitre II, La découverte du cryptogramme
Le professeur Lidenbrock monopolise la parole pendant tout le passage et se place en position d’enseignant. Il fait figure d’autorité puisqu’il est un scientifique polyglotte, et se fait fort de partager ses connaissances avec son neveu même si celui-ci témoigne peu d’intérêt aux révélations enthousiastes de son oncle. Axel utilise souvent l’ironie pour répondre aux questions du professeur Lidenbrock. Il incarne un adolescent gentiment rebelle qui se laisse malgré tout faire la leçon pour faire plaisir à son oncle. Il essaye toutefois de le contredire et permet ainsi de relancer le discours du professeur Lidenbrock qui est le point de départ de l’aventure. En bon adolescent, Axel affiche son mépris pour le livre rare auquel son oncle s’intéresse. Ainsi les personnages sont complémentaires et représentent des types caractéristiques du roman d’aventures de Jules Verne dont la visée est d’instruire le lecteur tout en le divertissant. Le couple d’aventuriers constitué d’un jeune homme en formation auprès d’un scientifique heureux de démontrer l’étendue de son savoir est parfaitement équilibré. L’aventure qui s’annonce est liée à des temps anciens, ce qui rajoute une dimension mystérieuse au récit. Les runes apparaissent au lecteur comme un message codé qu’il va falloir déchiffrer pour résoudre l’énigme posée par le parchemin. Le roman s’ancre donc dans la vérité scientifique, à laquelle Jules Verne ajoute la fantaisie de la création fictionnelle afin de captiver son lecteur dès les premières pages de son récit.
Chapitres XVII à XXII, L’exploration des grottes souterraines
L’exploration des grottes souterraines découvertes par les aventuriers a une vocation scientifique, comme en témoignent les champs lexicaux associés. Les personnages remettent plusieurs fois en question les lois et les hypothèses scientifiques en vigueur à leur époque, ce qui témoigne démarche de chercheur de Jules Verne. L’exploration du monde souterrain s’apparente à une remontée dans les temps anciens, à la fois par les changements géologiques et zoologiques, puisque nos héros vont découvrir des dinosaures. Les trois personnages sont obligés de se soumettre à de nouveaux codes sociaux parce qu’ils sont coupés du monde. Dans le but d’assurer la survie du groupe, le professeur Lidenbrock impose un régime autoritaire à ses compagnons de voyage (cela se voit notamment avec la multiplication des phrases injonctives). Le professeur Lidenbrock s’acharne à démontrer qu’il prend les bonnes décisions. Cependant cet acharnement finit par mettre en danger le groupe car le professeur, obsédé par sa quête, devient insensible aux souffrances de ses camarades jusqu’à la disparition d’Axel qui marquera un tournant dans l’évolution des personnages de l’oncle et du neveu puisque l’expression de la peur va densifier leur humanité.
Chapitre XXVII, La solitude d’Axel
Axel, séparé de ses compagnons, est submergé par un sentiment d’angoisse et de désespoir souligné par le rythme saccadé des phrases et la ponctuation expressive qui miment la respiration haletante de l’adolescent. Le registre pathétique domine ce passage. Il est associé à des hyperboles pour montrer qu’Axel a perdu tout espoir de retrouver les siens et même de survivre à cette épreuve. Le silence et l’obscurité s’ajoutent à la détresse d’Axel qui perd tout repère et donnent à son errance des allures mythologiques. La nuit qui l’environne est aussi une nuit de l’âme. Axel semble sombrer peu à peu dans la folie. Cet épisode est un passage initiatique pour le héros qui passe par un état de mort symbolique avant de renaître grâce à la foi qui lui permet de rester lucide malgré sa peur. Ainsi, après avoir prié, Axel échafaude un plan pour rejoindre son oncle et le guide. Il est désormais capable d’assurer sa propre survie : il devient un homme.
Chapitre XXXIX, La vallée des monstres
Dans ce chapitre, Jules Verne abandonne la vraisemblance scientifique qui soutenait le récit jusqu’à présent pour glisser vers le fantastique. La découverte de cet univers gigantesque peuplé de monstres terrifie les personnages et en particulier Axel, le narrateur. Les personnages ne se sentent pas à leur place dans ce monde disproportionné où les lois naturelles et physiques sont complètement différentes de notre réalité quotidienne. Cela amène le lecteur à s’interroger quant au genre de ce roman qui, après s’être fondé sur des faits scientifiques, abandonne toute vraisemblance. On voit ici que Jules Verne a choisi de privilégier le récit d’aventures aux dépens de l’exactitude scientifique affichée au début du roman. Face à la peur et à la stupéfaction, les deux personnages de l’oncle et du neveu oublient leurs différents en s’accordant face à l’inexplicable.
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albinet (lundi, 05 décembre 2022 19:07)
commentaire lineaire chapitre deuc de jules verne