Analyse des Caractères de La Bruyère, De la mode
I) Le genre du portrait
Dès le début du texte, La Bruyère dresse un portrait moral de Iphis. Il est montré comme une victime de la mode. En effet, “Iphis voit à l'église un soulier d'une nouvelle mode”, son regard n’a d'intérêt que pour la mode; ce qui est en plus irrespectueux dans l'enceinte d’une église. Nous voyons avec “il était venu à la messe pour s'y montrer” que c’est un personnage rempli de vanité. Pour Iphis, l’église n'est qu’un lieu de parade. Il a un caractère vaniteux et l’église devient un lieu mondain. Il en est victime à un point où il en devient malade et soucieux de ne pas être à la mode. “Il rougit” et se cache “retenu par le pied dans sa chambre tout le reste du jour” par peur d’être ridiculisé pour avoir des souliers démodés. Ici, La Bruyère ne dénonce pas que Iphis mais aussi tous les courtisans qui ne vivent que pour être vus. D’autre part, on constate que Iphis est obnubilé par son apparence. Les références interminables par rapport aux différentes parties du corps et à sa tenue révèlent sa passion pour la mode. Et cela, partout, chez lui face à son “miroir” ou en ville “à la messe”. Le champ lexical du regard : « voit » « regarde » sous-entend la préoccupation du personnage par rapport au soin de son image extérieure. Son comportement et ses manières d’être « son mouvement de tête », le « rouge », « le plus joli maintien » montrent qu’il se soucie des apparences.
II) La visée satirique
Dans un second temps, on peut voir que le portrait de La Bruyère ressemble à une caricature car il est rempli d’exagérations. Sa passion excessive par rapport à la mode conditionne sa vie en société à un point où il en est exclu «le voilà retenu par le pied dans sa chambre tout le reste du jour». Victime de ses vêtements, Iphis est victime de sa passion. Les nombreuses précautions qu’il prend pour se montrer sont dénoncées par les nombreux verbes et expressions qui nous font nous rendre compte des efforts d’Iphis pour arrive à ce stade :«il l’entretient», «il a soin de», «il fait», «il ne veuille», «il s’est », «acquis», «il n’oublie pas de» . On peut voir grâce à ces différents procédés que La Bruyère se moque de son personnage en utilisant le registre satirique. L’intervention de La Bruyère à la fin du texte : «aussi ne l’ai-je pas mis dans le chapitre des femmes» conclut le portrait d’Iphis par une comparaison avec les femmes. Iphis est un véritable acteur sa propre identité nous échappe. Le personnage est certes passionné par la mode mais il est il est aussi rempli de féminité. Son nom et son attitude sont ambigus pour le lecteur. Iphis est un nom de femme. Tout est féminin chez Iphis, ses postures sont féminines, son attitude est féminine et sa « voix claire et délicate » aussi. Tout cela est amplifié par le champ lexical de la douceur, de la mollesse et du raffinement « douce», « adoucissement » , « molle », « jolie ». La Bruyère fait aussi allusion aux boucles d’oreille et au collier. Le caractère efféminé et victime de la mode est ridiculisé par le biais de la satire.
Écrire commentaire