Analyse de La guerre, l'amour de Guillaume Apollinaire dans Poèmes à Lou
I) La guerre
La guerre est omniprésente dans ce poème. Le champ lexical de la guerre recouvre tout ce qui concerne l'environnement traditionnel du soldat de la première guerre mondiale : « la caserne », « la luzerne », « les chevaux »… Même le ciel n'est plus chargée d'étoiles mais d’éperons. C'est comme si peu à peu l'environnement prenait complètement possession de l'esprit du poète qui nous donne ici une vision poétique et musicale de la guerre.
II) La présence obsessionnelle de la femme
La femme est présente dans le souvenir du poète qui l’a quittée pour se battre. Son absence physique envahit l'esprit du poète qui pense à elle de manière obsessionnelle. Apollinaire se livre ici à un étrange blason par l'évocation du corps de la femme qui apparaît fragmenté. Le souvenir se superpose aux images réelles. Le rêve se mêle à la réalité. Le courage est à la fois celui du guerrier est celui de l'amant séparé de celle qu'il aime. La blessure est à la fois physique et émotionnelle.
III) Le regard halluciné du poète
Le poème nous livre une vision modifiée de la réalité de la guerre qui est totalement envahie par le souvenir de la femme aimée. Le poème est rempli d'une sensualité incohérente. La suppression de la ponctuation, systématique dans les œuvres d’Apollinaire, renforce cette sensation d’étrangeté. L'univers mental chaotique d'Apollinaire où les choses perdent leur signification sous la pression des sentiments nous est livré dans ce poème original et musical grâce notamment aux sonorités nasales qui donnent une impression de lourdeur, comme les pas des chevaux. Apollinaire entend nous livrer différents degrés de réalité dans une vision unique et confuse où la lumière des étoiles se confond avec celle du feu de la guerre. L'émotion devient plus réelle que la réalité elle-même.
Ainsi dans ce poème les thèmes de l'amour et de la guerre, du souvenir heureux et du présent douloureux sont mélangés dans un délire d'images étranges et de métamorphoses. La guerre n'est pas
condamnée mais elle est plutôt perçue comme un mal nécessaire, une sorte d’épreuve initiatique qui permettra à l'homme de mériter l'amour de la femme qu'il a quittée pour s’engager.
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