I) Le récit d'un événement

Tout d'abord ce texte est une lettre de Mme de Sévigné adressée à sa fille, Mme de Grignan. Elle est datée du 26 avril 1671, elle raconte en détails le suicide de Vatel, le cuisinier du roi. Le récit est très précis, il y a beaucoup de nom de personnages: “Gourville”, “Moreuil”, “le prince”, “le roi”, “vatel”Ainsi que de lieux: “Chantilly”. On pourrait trouver ce genre de récit dans un journal. Ensuite les temps utilisés sont ce de la narration: le passé simple “arriva”, l'imparfait “s'était”. Mais Mme de Sévigné utilise un autre temps, le présent afin de rendre plus vivant le récit et impliquer le lecteur dans l'histoire : “On cherche Vatel pour la distribuer. On va à sa chambre. On heurte, on enfonce la porte, on le trouve noyé dans son sang”. Cette série d'actions au présent donne de la vivacité au récit pour montrer que les faits se sont enchaînés avec une grande rapidité, ce qui n’a pas permis d’anticiper le suicide du cuisinier.

Cet effet est souligné par le rythme qui donne l'impression d'une course : “ Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte, et se la passe au travers du coeur, mais ce ne fut qu'au troisième coup, car il s'en donna deux qui n'étaient pas mortels ; il tombe mort”.

II) Une réflexion critique sur l’honneur

En premier on peut remarquer que le mot “honneur” revient de manière régulière. Cette répétition est réalisée pour insister sur la cause du suicide. Mme de Sévigné veut critiquer le fait que la cour du roi est soumise à une forte pression, car Louis XIV est un roi tyrannique et capricieux : “ Le feu d'artifice ne réussit pas ; il fut couvert d'un nuage. Il coûtait seize mille francs.” Ainsi les gens qui travaillent à la cour pensent avoir l'obligation de bien faire, alors la nervosité et l'enjeu les poussent au désespoir : “Sa tête s'échauffait ; il croit qu'il n'aura point d'autre marée.” Vatel ayant déjà subi un contretemps avec le rôti manquant (“Ce rôti qui avait manqué”), ne peut supporter un problème de livraison de poisson, ce qui le mène au désespoir et au suicide (il “met son épée contre la porte, et se la passe au travers du coeur, mais ce ne fut qu'au troisième coup, car il s'en donna deux qui n'étaient pas mortels ; il tombe mort.”). Mme de Sévigné déplore le geste de Vatel, pour elle ces derniers événements ne peuvent pas être des raisons de suicide. Ainsi elle nous invite à réfléchir sur l'honneur à la cour et les risques qu'engendre le surmenage.