La société du XIXème siècle, et notamment son hypocrisie, est dénoncée avec l’apparition de l’oeuvre  Le Rouge et le Noir, en 1830, le chef-d’oeuvre d’Henri Beyle, mieux connu sous le pseudonyme de Stendhal. En effet, c’est en 1814, après la défaite de Napoléon, que l’auteur commence à écrire des oeuvres telles De L’amour, 1822, ou Le Rouge et le Noir. Ce dernier roman appartient au mouvement du romantisme, comme nous pouvons l’observer à travers des personnages, et au mouvement du réalisme, grâce à la façon avec laquelle Stendhal décrit les évènements. Dans cette œuvre, nous suivons des personnages individualistes, tels Julien Sorel dans une société post-napoléonienne bourgeoise, sous la Restauration. Cette œuvre nous offre une analyse psychologique du personnage principal, Julien Sorel, et souligne son intelligence, sa sensibilité et son ambition. La narration suit Julien Sorel, un paysan, chez le maire de Verrière, M. de Rênal en tant que précepteur de ses enfants. Cependant, le jeune homme et Mme de Rênal deviennent amants, et leur relation secrète est révélée. De ce fait, Julien est obligé de quitter Verrières et il entre dans un grand séminaire de Besançon (le Noir dans le roman) où il reçoit une offre : devenir le secrétaire du marquis de La Mole. Julien Sorel accepte et part pour Paris où il se trouve plongé dans la haute société. Il séduit Mathilde de La Mole, et acquiert le titre de noble lorsque le marquis apprend que Mathilde est enceinte de son fils (le Rouge dans le roman, qui symbolise la carrière militaire). De son côté, Mme de Rênal est obligée par son confesseur d’écrire une lettre au marquis, où elle dénonce Julien. Dans un coup de rage, le jeune homme part pour Verrière et tire sur Madame de Rênal qui ne reçoit qu’une blessure. Mais c’est lorsqu'il est en prison qu’il connaît le vrai bonheur, et vit son amour avec Madame de Rênal. Elle meurt de tristesse trois jours après que Julien soit guillotiné. 

Trois grands thèmes sont traités dans cette œuvre : la société sous la Restauration, l’ambition et le désir de réussite, et l’amour. Le parcours de Julien permet à Stendhal d’analyser tous les échelons de la société : le milieu paysan, la bourgeoisie de province représentée par M. de Rênal, puis l’aristocratie parisienne incarnée par le marquis de La Mole. L’hypocrisie du clergé est également dépeinte lors du passage de Julien au séminaire, et le pouvoir qu’il a en province y est critiqué. En outre, Julien Sorel est un admirateur de Napoléon, au début du roman, dont l’ambition ne peut être comblé par la carrière écclésiastique ni militaire. Dans cette société hypocrite, Julien doit créer un personnage qui ment, qui conquiert les femmes pour assouvir sa faim de pouvoir, comme Madame de Rênal ou Mathilde de La Mole. Mais c’est cela qui le mène à sa chute : son ambition aveugleante est la raison pour laquelle il tire sur la femme qu’il aime. Enfin, l’amour, pour Julien, est décrit comme une conquête, et la séduction comme un combat. En effet, initialement, c’est le désir d’ascension sociale et l’ambition qui poussent Julien à séduire Madame de Rênal et Mathilde de La Mole. Cependant, la passion amoureuse finit par faire son apparition et invite des sentiments extrêmes et contradictoires. C’est la réalité qui prend le dessus.

Le personnage de Julien n’est pas un héros conventionnel, et c’est pour cela que je l’ai choisi. Nous pouvons observer dans ce roman l’évolution du héros, plus nuancé puisqu'il ne se construit plus par rapport à un idéal mais à travers la réalité de la société. Stendhal n’essaye pas de dépeindre Julien Sorel comme un personnage parfait : il expose ses défauts, comme sa passion excessive ou sa façade lâche, avec honneur puisque ce que l’auteur cherche c’est le réalisme des personnages. Cette fracture entre les héros typiques du Moyen Âge et le personnage principal de Le Rouge et le Noir peut être observée notamment quand on a accès aux pensées lâches de Julien grâce au discours indirect libre, lorsque par exemple il s’apprête à prendre la main de Madame de Rênal. En effet, c’est grâce à l’introspection du personnage de Julien qu’il peut être vu comme un miroir qui nous reflète. A travers les personnages de ce roman, nous voyons reflétés nos qualités, mais aussi nos défauts. Une autre raison pour laquelle j’ai décidé de parler de cette œuvre, c’est parce que l'ambiguïté de Julien Sorel suscite des réactions différentes selon le lecteur. Il est possible de l’adorer, mais il est également commun de le détester. D’une part, nous nous voyons attirés par cet anti-héros puisqu’il ne prend pas toujours les bonnes décisions et a des défauts; il est si complexe que nous le voyons comme un humain réel, et nous avons la sensation d’être compris. D’autre part, Julien a tellement de traits négatifs, que les lecteurs peuvent être susceptibles de le rejeter, en le comparant aux héros traditionnels. Nous voyons aussi un personnage, Madame de Rênal, qui est portée par l’amour et la bienveillance, qui peut être manipulée pour écrire une lettre qui affecte négativement celui qu’elle aime, Julien. Nous sommes témoin que le monde n’est pas noir et blanc, qu’une personne n’est pas bonne ou mauvaise, mais qu’il y a un chemin d’apprentissage.

Nous empruntons ce chemin dès le début avec Julien, et c’est la raison pour laquelle nous pouvons qualifier cette œuvre de roman d’apprentissage. Cependant, même si on apprécie le roman ou pas, ce qui est important est que l’on peut toujours apprendre des erreurs de Julien, et que Stendhal nous incite à réfléchir sur nous-mêmes, à questionner nos actions, à réguler notre ambition. Un grand apprentissage que j’ai tiré du chef-d'œuvre de Stendhal est que l’ambition peut être l’obstacle entre nous et le bonheur. En effet, lorsque Julien est en prison et qu’il n’a aucune possibilité d’atteindre son but, il connaît finalement le bonheur qu’il a poursuivi toute sa vie. C’est lorsqu’il est séparé de la société qu’il voulait faire la  sienne qu’il voit le monde clairement, et voit ce qu’il veut réellement.