Epicure et la mort
Chez Epicure, la réflexion sur la mort est matérialiste, liée à la physique qui est une science de la nature. Pour Epicure le corps et l’âme sont indissociables : « L’âme c’est un arrangement subtil d’atomes ». La mort c’est une dispersion des atomes, ce qui n’existe plus dans la mort c’est l’âme car les atomes restent. Lucrèce disait : « Un œil séparé du tout ne donne pas la vue », « Un œil isolé ne voit pas ». C’est-à-dire que la vie de l’individu est faite de l’ensemble et du tout. Pour Epicure l’idée de la mort est sans objet : la mort ne peut être un objet de pensée parce que c’est la privation de la vie, elle n’est donc pas un objet d’expérience. Or pour lui la connaissance rationnelle doit s’inspirer de l’expérience sensible. Mais si nous souffrons de la mort c’est que nous sommes soumis à une peur morbide de la mort. La peur de la mort vient de l’ignorance, et il suffit d’avoir une réflexion philosophique pour ne plus avoir peur de la mort : pourquoi souffrir de la mort alors que c’est la privation des sens ? Pour lui la mort est extérieure à la vie, elle n’a aucun lien avec elle. Le but d’Epicure c’est ici de chasser la peur de la mort afin d’atteindre le bonheur. La philosophie c’est une thérapeutique de l’âme, elle nous sert à exorciser nos passions. Il faut parvenir à l’extériorisation complète de la mort afin de nier toute l’angoisse que suscite cette idée. Mais cet acharnement qu’Epicure met à dire que la mort est extérieure à la vie n’est-il pas l’expression d’un refoulement de la mort ? Ne faut-il pas au contraire accepter la nécessité de cette peur, et s’interroger sur les conséquences de cette peur ?
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