Est-ce le coeur ou la raison qui indique le bien et le mal ?
Dans Profession du vicaire Savoyard, Rousseau explique qu’il n’y a pas de conscience morale sans conscience de soi, mais le contraire est faux. Ce qui caractérise la conscience morale c’est qu’elle obéit à un idéal normatif. Rousseau dit « La conscience est ce juge instinctif et infaillible et ses actes ne sont pas des jugements mais des sentiments ». Le sentiment est un régulateur de la vie psychique. Imaginons les relations entre les hommes sans l’amour et la pitié, la charité. Rousseau critique Socrate qui dit que nul n’est méchant volontairement, que le mal c’est l’ignorance et qu’on confond souvent les biens et le Bien. Rousseau ne dit pas que c’est totalement faux mais pour lui la connaissance du Bien est variable selon les cultures et ce n’est pas parce que je connais le bien que je vais le faire. Par contre « la pitié est un sentiment qui modère chez l’individu l’activité de l’amour de soi-même, qui concours à la conservation mutuelle de l’espèce ». C’est un sentiment naturel qui fait que les hommes se sentent mal quand ils ne sont pas justes. « Bien que Socrate ait acquis de la vertu par raison, il y a bien longtemps que le genre humain ne serait plus si sa conservation n’ait dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent ». Existe-t-il une indépendance de la conscience morale par rapport à une pression sociale ? Peut-on affirmer que les sentiments de pitié et de compassion soient suffisants pour fonder mon jugement et mon action morale ? Les sentiments de pitié traduisent-ils toujours une véritable conscience morale, un sentiment de révolte contre l’injustice ? La pitié renvoie quelquefois à mon propre égoïsme. Le philosophe Proudhon dit « L’aumône me permet en donnant peu de garder beaucoup ». Karl Marx pense que les sentiments de pitié peuvent être voilés ou neutralisés par l’idéologie religieuse ou politique. On peut penser par exemple au massacre des Cathares par l’Eglise catholique au XVème siècle.
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