Le bonheur relève-t-il de la politique ?
Le bonheur ne peut se présenter légitimement comme une promesse politique. Le régime politique est important pour lutter contre les causes sociales du malheur mais il faut laisser la recherche du bonheur à l’aventure individuelle qui ne peut s’identifier totalement à l’aventure collective. Rien ne permet de dire qu’une société d’abondance et d’égalité rendrait nécessairement tous les individus heureux. Camus disait que les problèmes sociaux étant résolus, ils seraient peut-être décuplés des rivalités psychologiques. Aucun bien extérieur ne peut assurer une vie heureuse parce que le bonheur est un état intérieur qui dépend en partie de la volonté du sujet. Les stoïciens montrent bien que le bonheur et le malheur sont ressentis différemment selon les sensibilités. Pour Epicure la philosophie est une thérapeutique de l’âme, elle nous sert à exorciser nos peurs et nos superstitions. « Le bonheur est un concept indéterminé » dit Kant. Chacun a une idée du bonheur, un rêve. Si le bonheur est souvent une promesse, il a aussi une réalité, c’est un état de satisfaction bien réel, intérieur. Pour celui qui passe à un degré supérieur d’affirmation de soi (artiste, sportif, amoureux), pour celui qui sort de la souffrance, c’est le bonheur. On peut être heureux sans le savoir. Donc si le bonheur relève de la politique au sens où les pouvoirs publics peuvent intervenir sur les causes du malheur, dans le sens également où le bonheur individuel n’est pas totalement indépendant du bonheur collectif, il faut réaffirmer que le bonheur relève avant tout d’un choix individuel.
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