Peut- on critiquer la démocratie ?
La démocratie est le régime politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple. La Boétie parle d’un corps collectif actif et courageux qu’il oppose à une populace qui est une multitude passive et corrompue. L’idée de peuple est liée à une volonté populaire. Aujourd’hui la démocratie apparaît comme un rempart contre l’autorité et l’arbitraire. Le concept de démocratie n’est pas univoque, clair et distinct. Par exemple il y a une grande différence entre les démocraties modernes et le modèle grec antique. Si l’Etat démocratique au niveau institutionnel et des principes a toujours prétendu concilier liberté et sécurité, n’a-t-il pas toujours été critiqué ? Si critiquer la démocratie est un devoir, dans quelles perspectives doit-on le faire ? Pour l’améliorer ou le déstabiliser ? Les perspectives de la critique ne mettent-elles pas en jeu l’idée même de la liberté ?
La critique de la démocratie c’est l’esprit d’examen. La démocratie est le seul régime politique qui donne du pouvoir au citoyen et fait appel à sa raison. C’est à ce titre que les institutions démocratiques donnent une place à la critique. Dès sa naissance, la démocratie à toujours été critiquée, comme en témoigne le Gorgias de Platon. Dans nos démocraties modernes le bien commun, l’intérêt général, perdent leur sens devant l’inflation individualiste. Il y a loin de la réalité un idéal défini par les philosophes. Le pouvoir dans une démocratie n’est pas l’expression de la volonté générale comme l’écrivait Rousseau. La démocratie est souvent la dictature de l’opinion mue par les passions, c’est pourquoi la démocratie peut engendrer sa propre négation : la tyrannie. La démocratie meurt de ses excès démocratiques. « Le gouvernement par décrets biffe la majesté de la loi » disait Rousseau. Il y a donc un écart entre l’idée de démocratie et la réalité historique du régime démocratique.
La démocratie n’est pas qu’une simple forme de gouvernement mais une manière d’exister pour chaque citoyen. Croire en la démocratie c’est croire en le pouvoir de la conscience humaine, renoncer à la démocratie c’est renoncer à la spécificité du désir humain.
Écrire commentaire