Analyse de L’homme et la mer de Baudelaire
Etude linéaire
Le poème “l’homme et la mer” de Baudelaire est formé de quatre quatrains, ce qui est une forme très régulière, une régularité qui fait penser à celle de la marée. Toutes les rimes de ce poème sont embrassées et représentent une perpétuelle bagarre ou une noyade. Dans le vers 6 : “tu l’embrasses des yeux et des bras”, Baudelaire reproduit dans la forme de son poème l’essence de son idée.
Dans le premier vers, formé d’un rythme ternaire (“Homme libre, toujours, tu chériras la mer!”), c’est l’homme libre qui est mis en valeur, à gauche de la 1ère virgule. L’enjambement du vers 2 à 3“ la mer est ton miroir ; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame” permet de rallonger le vers en reproduisant le mouvement de la vague. Dans le vers 4, Baudelaire fait une comparaison entre l’homme et la mer (“ et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer”), avec une métaphore du spleen. En effet, pour lui, l’esprit de l’homme est aussi profond que la mer. L’homme est dépressif, il voit la vie en noir et n’a plus envie de vivre, il se noie dans ses émotions. De plus, en plongeant dans la mer, l’homme fait son introspection (“tu te plais à plonger au sein de ton image”, vers 5). D’un autre côté, la mer permet aussi de se détacher du spleen. Comme le montre l’enjambement des vers 6 à 8 (“ Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur se distrait quelquefois de sa propre rumeur au bruit de cette plainte indomptable et sauvage”), il y a une double comparaison entre l’homme et la mer comparées à un animal puissant et féroce. Baudelaire accentue sa comparaison entre l’homme et la mer au vers 9 : “vous êtes tous les deux discrets et ténébreux”.
Cette comparaison se renforce avec l’hypallage : “homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes” (vers 10 et 11). En effet, on s'attendrait plus à ce qu’on décrive l’esprit de l’homme et la profondeur de la mer et non l’inverse. De même, l’apostrophe “Ô mer” du vers 11 souligne la personnification de la mer, puisque le poète s’adresse directement à la mer avec respect. Le vers 12 “tant vous êtes jaloux de garder vos secrets” met en avant la comparaison entre l’homme et la mer, puisqu’ils sont décrits comme mystérieux.
Par ailleurs et d’après le poète, l’homme et la mer aiment et veulent la guerre. En effet, l’homme cherche depuis des siècles à explorer la mer, qui le repousse avec ses tempêtes (“et cependant voilà des siècles innombrables que vous vous combattez sans pitié ni remord tellement vous aimez le carnage et la mort”) : l’homme est orgueilleux et persiste même s’il y risque sa vie. D’après Baudelaire, l’homme et la mer sont lutte en permanente, ils ont les mêmes forces et faiblesses mais continueront leurs combats jusqu’à ce que l’un des deux périsse.
De plus, le poème est parcouru par une allitération en [r], qui met en valeur la souffrance du poète et qui accentue sa douleur. Cette allitération reproduit aussi le grondement de la mer sur les galets. Enfin, Baudelaire utilise une ponctuation expressive avec quelques vers exclamatifs (“homme libre, toujours, tu chériras la mer!”, “tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!”, “Ô lutteurs éternels, ô frères implacables!”), ces vers mettent en avant l’émotion de spleen que ressent le poète et sa difficulté à créer. Finalement, cette poésie est une allégorie de la création poétique.
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