Analyse de Aube de Rimbaud
Le poème "Aube" de Rimbaud est une œuvre riche en symbolisme, illustrant la transition de l'enfance à l'âge adulte à travers une série d'images naturelles et de métaphores liées à l'écriture et à l'inspiration poétique.
I) La succession d’étapes magiques
Le poème s'ouvre sur une scène de contemplation tranquille, où la nature est décrite comme figée, "Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte." Cette immobilité initiale suggère une anticipation, un moment suspendu avant le début de l'aventure. Lorsque le poète commence à marcher, "réveillant", il y a une corrélation entre son mouvement et le réveil de la nature, comme si sa présence et son action étaient le catalyseur du monde qui l'entoure. La nature répond à son éveil, "les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit", dans une interaction presque magique entre le poète et son environnement.
La rencontre avec la fleur qui lui dit son nom symbolise une communication intime et profonde avec la nature, une osmose où le poète est à l'écoute du monde naturel. La reconnaissance de la déesse à la "cime argentée" marque une étape cruciale, représentant la rencontre avec la muse de la poésie, un moment de révélation artistique.
La poursuite de la muse à travers différents paysages, "je la chassais", illustre la quête incessante de l'inspiration. Cette chasse est à la fois désespérée et exaltante, le poète se sentant "démuni" sans sa muse, mais aussi vivifié par sa proximité, "j’ai senti un peu son immense corps." Cela représente l'effort et la joie inhérents au processus créatif.
II) Un itinéraire merveilleux
L'itinéraire du poète est empreint de merveilleux dès le début, "J’ai embrassé l’aube d’été." Cette personnification de l'aube en une entité presque féminine confère au voyage une qualité onirique et féerique. La description de l'eau comme "morte" avant le début de l'itinéraire symbolise une attente, un potentiel non encore réalisé, tant pour la nature que pour le poète.
Le début de son itinéraire est marqué par son mouvement, "J’ai marché, réveillant", comme s'il était le moteur de l'éveil du monde. La "première entreprise" dans le sentier évoque la fraîcheur et la nouveauté de l'aube, un moment de pureté et de potentiel. Le fait de lever "un à un les voiles" suggère une progression graduelle, une découverte et une anticipation de ce qui va se révéler.
L'itinéraire s'accélère et devient plus chaotique, "courant", "elle fuyait", illustrant la nature parfois incontrôlable de l'inspiration. Le zeugma "L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois" associe la fin de l'aube à la fin du voyage du poète, symbolisant la fin de l'enfance et le passage à une nouvelle phase de la vie, "Au réveil il était midi." Ce moment marque la transition de l'enfance à l'âge adulte, un passage inévitable mais chargé de nostalgie et de réalisation.
Dans "Aube", Rimbaud tisse une métaphore complexe de l'aventure de l'écriture et de la croissance personnelle, utilisant la nature comme toile de fond pour explorer les thèmes de l'inspiration, de la création et de la transition de la vie.
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