I) Un cadre apparemment anodin

Jacques Prévert situe cette scène comme une scène de la vie quotidienne. Une scène banale qui ne retient pas l’attention. Mais le poète sème des indices pour nous faire deviner que c’est un SDF. Il y a tout d'abord le banc sur lequel le clochard s'assoit tous les jours, au même endroit dans le même parc : “Dans un square sur un banc”. Ensuite, la description de celui-ci en décrivant ses vêtements comme des lambeaux nous montre sa pauvreté: “un vieux costume gris”. Enfin, le présent d'habitude est utilisé dans ce poème pour insister sur l’aspect itératif de son quotidien : “Il fume un petit ninas il est assis”. 

II) Un spectacle bouleversant

La situation de ce SDF est difficile car en plus d'être en situation de précarité, les passants sont indifférents : “Des enfants jouent tout près de vous Des passants passent Tranquillement”. Ils se comportent comme s'il n'existait pas tout simplement pour éviter de se rendre compte de la misère de ces gens qui vivent dans la rue : “Faire comme si on ne le voyait pas Comme si on ne l’entendait pas”. À travers ce SDF, le poète perçoit une leçon de vie incitant à faire réfléchir le lecteur. Il arrive à sourire malgré sa situation désastreuse : “Alors il vous regarde et sourit”. Sans discussion, un homme n'en est plus un, tout les passants l'humilie encore plus en se forçant à ne pas le regarder ni l'approcher comme s’il était porteur d’une maladie contagieuse. De plus, les passants se plaignent de choses insignifiantes au cours de leur vie de tous les jours en oubliant ces personnes qui ont des conditions de vie bien pire que la leur. La souffrance du clochard est soulignée par les allitérations [s], [f] et [r]: “Et vous souriez du même sourire

Exactement Plus vous souriez plus vous souffrez Atrocement Plus vous souffrez plus vous souriez Irrémédiablement”. 

La métaphore “Que jamais plus vous ne vous envolerez Quittant un arbre pour un autre Comme ces oiseaux”   symbolise le fait que l'insouciance n’est plus possible après avoir échangé quelques regards et quelques paroles avec un clochard. Pourtant, la vie continue puisque les enfants continuent à jouer : “Des enfants jouent tout près de vous”.