Analyse de Rue de Seine de Prévert
En quoi ce poème est-il une véritable mise en scène de rupture ?
I) Une scène tendue
Les personnages sont décrits par des détails (« son chapeau tout de travers ») et des attitudes (« un homme titube », « sa bouche d’homme est tordue par son sourire »). C’est une scène de rupture amoureuse (« on lui demande des comptes »). Les anaphores soulignent l’aspect mécanique de la demande de la femme qui refuse d’être quittée : « une machine à compter, une machine à écrire des lettres d’amour, une machine à souffrir ». Cette déshumanisation de la femme rend sa souffrance encore plus insupportable, comme si toutes les femmes devaient fatalement être trahies et quittées, comme si être une femme c’était être destinée à souffrir. Les métaphores associées à la voix de la femme sont horribles et mêlent les registres pathétique et tragique : « un nouveau-né malade qui grelotte sur une tombe dans un cimetière l’hiver… Le cri d’un être les doigts pris dans la portière… »
II) La théâtralisation de la scène
Le cadre spatio-temporel est placé dès le départ pour donner un aspect réaliste à cette scène de rupture : « Rue de Seine dix heures et demie le soir au coin d’une autre rue un homme titube ». Le dialogue se développe de façon saccadée ce qui mime les sanglots de la femme étranglés par la douleur d’être abandonnée par celui qu’elle aime. L’absence de ponctuation accélère le rythme. Les gestes et les paroles s’entremêlent : «le chapeau de la femme tombe Pierre je veux tout savoir dis-moi la vérité… » La focalisation externe place le lecteur en position de voyeur car il n’entend que des bribes de la conversation et semble observer le couple à distance.
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