Analyse des Liaisons dangereuses de Laclos
Analyse de la lettre 1
I) Une situation initiale à recomposer
L’Histoire se déroule au XVIIIe siècle, comme l’indique la date en bas de la lettre. L’auteur de la lettre est une jeune femme, Cécile Volanges. Grâce à la lettre, nous pouvons deviner que Cécile appartient à une famille riche, ou même une famille de nobles, puisqu’elle a une femme de chambre. La destinataire de la lettre est Sophie Carnay, une amie de Cécile, avec qui elle s’est liée en faisant ses études dans son couvent. Cela montre encore une fois que la famille de Cécile a de l’argent et qu’elle est destinée à faire un beau mariage, car à cette époque, tout le monde ne pouvait accéder à ce type d'éducation.
Cécile est encore une jeune femme naïve, car elle vient juste de sortir de son couvent, donc elle a plus de liberté, “Maman m’a consultée sur tout, & elle me traite beaucoup moins en pensionnaire que par le passé.” On voit aussi que Cécile est matérialiste et qu’elle attache de l’importance au luxe et aux apparences : “j’ai une chambre & un cabinet dont je dispose, & je t’écris à un secrétaire très-joli”. Cécile est très excitée à l'idée de se marier, car elle croit que ca lui donnera plus de liberté, par rapport à sa mère, or on sait qu’elle se trompe.
II) Un personnage de jeune fille typique
Nous pouvons dire que Cécile est un personnage de jeune fille typique. Tout d’abord, dans son couvent, elle se crée une deuxième famille, avec son amie Sophie avec qui elle a une relation fusionnelle : “Adieu, ma chère Sophie : je t’aime comme si j’étais encore au couvent.” Puis avec la soeur Perpétue qu’elle voit comme sa mère: “si ce n’est que la mère Perpétue n’est pas là pour me gronder”. Le verbe gronder qu’utilise Cécile, est un mot très enfantin, ce qui montre qu’elle est encore très naïve, et que le couvent ne la pas éduquée, on devine donc qu’il s’agit d’un roman d’apprentissage. Le quiproquo avec le cordonnier est amusant car Cécile le prend pour son futur mari, ce qui montre encore une fois que le couvent ne la pas instruite, car sinon Cécile aurait reconnu le fait que l’homme était un artisan grâce aux codes vestimentaires. Cela montre aussi que Cécile est tres impatiente de se trouver un mari et de se marier car elle en parle dans sa lettre à son amie : “Cependant maman m’a dit si souvent qu’une demoiselle devait rester au couvent jusqu’à ce qu’elle se mariât, que puisqu’elle m’en fait sortir, il faut bien que Joséphine ait raison.” Puis, dès qu’un homme entre dans la maison de sa mère, Cécile devient très excitée et s’imagine que c’est son mari, ce qu’on voit lors le quiproquo avec le cordonnier : “j’ai vu un Monsieur en noir, debout auprès d’elle. Je l’ai salué du mieux que j’ai pu, & je suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l’examinais !” Donc on peut voir qu'à cause de son imagination, Cecile pense déjà avoir trouvé son mari, et elle dit à son amie: “je ne peux te rendre combien j’ai été honteuse ; par bonheur il n’y avait que maman.” Ce qui montre qu’elle a encore un comportement de petite fille.
III) L’illusion de la réalité
L’auteur arrive à écrire un récit qui nous paraît réel, tout d’abord avec la date et le lieu de la lettre. Puis le personnage de Cécile, ressent beaucoup d'émotions, comme la honte: “j’ai été honteuse”, l’amour : “je t’aime comme si j’étais encore au couvent”, ce qui permet au lecteur de s’attacher au personnage et de ressentir ce qu’elle ressent. De plus, le fait que le récit est écrit sous forme de lettre fait que le lecteur est placé en position de confident de Cécile, et que cette dernière lui livre ses secrets intimes.
Analyse de la lettre 5
Dans cette analyse, nous explorons le portrait charge dicté par la mauvaise foi dans une œuvre littéraire, révélant une critique acerbe et une argumentation habile qui souligne les caractéristiques des personnages libertins.
I) Un portrait charge dicté par la mauvaise foi
a) La femme comme objet
La Présidente est dépeinte de manière objectifiante, illustrée par la question "Qu'est-ce donc que cette femme ?". Cette approche la réduit à un simple objet d'analyse, voire de dérision. La mauvaise foi de la Marquise est évidente, particulièrement lorsqu'elle critique l'âge de la Présidente, la considérant comme inutile du fait de son mariage et de son âge.
b) Description négative
La Marquise dépeint la Présidente de façon ouvertement moqueuse, critiquant son apparence physique et son absence supposée de charme et de caractère. Cette attitude dédaigneuse atteint son paroxysme dans la description de la Présidente quêtant à Saint-Roch, où elle est présentée de manière risible et théâtrale.
c) Portrait satirique
Le discours de la Marquise glisse vers la caricature, exagérant les traits de la Présidente de façon grotesque, comme en témoigne la description de ses vêtements. La Marquise fait des affirmations sans fondement réel, ce qui renforce l'aspect satirique du portrait.
II) Une argumentation habile
a) Arguments bien choisis
La Marquise utilise des arguments adaptés au Vicomte, ciblant ses faiblesses et ses préoccupations, notamment sa réputation et sa considération sociale. Elle souligne les désavantages et les risques potentiels de la liaison avec la Présidente.
b) Jeu sur les sentiments
La Marquise traite le Vicomte de manière condescendante, le manipulant habilement pour l'orienter vers ses propres conclusions. Ses avertissements et prédictions visent à influencer ses décisions et ses désirs.
c) Oratrice habile
Se présentant comme une amie et une confidente, la Marquise utilise sa proximité avec le Vicomte pour le manipuler. L'emploi de questions et d'exclamations vise à provoquer une réaction chez lui, le poussant à renoncer à ses projets.
III) Le portrait de deux libertins
a) Affranchissement des valeurs
La Marquise et le Vicomte sont représentés comme des figures typiques du libertinage, s'affranchissant des valeurs morales et religieuses de leur époque. Leur comportement lors de l'épisode à Saint-Roch illustre leur mépris pour la vertu et la dévotion sincère.
b) Quête de gloire et de puissance
La Marquise exploite l'orgueil et le désir de gloire du Vicomte, reflétant une société où l'apparence et la réputation sont primordiales. Leur attitude envers le mariage et la séduction souligne leur recherche de gloire et de puissance personnelle.
c) Recherche du plaisir
La Marquise détruit l'espoir du Vicomte de trouver du plaisir avec la Présidente, mettant en lumière leur poursuite libertine du plaisir et de la volupté. La dévotion de la Présidente est vue comme un obstacle à cette quête de plaisir sensuel.
En conclusion, ce portrait offre une analyse approfondie de la nature des personnages et de leur interaction, révélant les subtilités de l'argumentation et la complexité des caractères libertins. La critique sociale et la satire des valeurs de l'époque sont habilement tissées à travers ce dialogue, illustrant la maîtrise de l'auteur dans la peinture de ses personnages et de leurs motivations.
Analyse de la lettre 67
Dans "Les Liaisons dangereuses" de Laclos, un roman épistolaire du 18ème siècle, la complexité de l'intrigue repose en grande partie sur l'évolution psychologique des personnages. L'analyse des lettres de la présidente de Tourvel offre un aperçu de son argumentation, révélant ses faiblesses et son combat intérieur entre la raison et la passion.
1- L'argumentation de la présidente de Tourvel
La présidente de Tourvel, à travers ses lettres, utilise des marqueurs d'opposition comme "Cependant" et "mais", indiquant une résistance intérieure. Elle exprime le souhait de se lier d'amitié avec le Vicomte, mais ce désir est teinté d'ambiguïté, reflétant la complexité de ses sentiments. Les ordres qu'elle donne au Vicomte, tels que "Quittez" et "renoncez", ainsi que l'utilisation de questions rhétoriques, révèlent une tentative de persuasion marquée par un mélange de menace et de défi.
2- Un combat intérieur montrant ses forces et ses faiblesses
La présidente de Tourvel révèle malgré elle un combat intérieur entre la raison et la passion. Sa contradiction, manifeste dans le fait qu'elle continue à correspondre avec le Vicomte malgré son désir de rompre, souligne la lutte interne qu'elle subit. Elle affiche une franchise qui contraste avec le sentiment d'embarras qu'elle éprouve, révélant une force intérieure en dépit de sa vulnérabilité apparente.
Ses questions rhétoriques peuvent aussi être interprétées comme des interrogations qu'elle se pose à elle-même, accentuant l'idée d'un conflit interne. L'amour qu'elle ressent pour le Vicomte est à la fois sa plus grande faiblesse et la source de sa lutte intérieure. Elle aspire à la fidélité du Vicomte, tout en sachant qu'elle est improbable, illustrant ainsi le dilemme entre son désir d'amour sincère et la réalité des intentions du Vicomte.
En conclusion, la présidente de Tourvel, à travers son argumentation dans ses lettres, dévoile une complexité psychologique profonde. Elle incarne la lutte entre la raison et la passion, une caractéristique centrale de l'humanité, magnifiquement mise en lumière par Laclos dans ce roman épistolaire. Son combat intérieur reflète les tensions morales et émotionnelles de l'époque, rendant son personnage à la fois poignant et représentatif des dilemmes humains universels.
Analyse de la lettre 81
Dans "Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos, la marquise de Merteuil se dévoile à travers ses lettres comme une figure complexe et révolutionnaire pour son époque, le 18ème siècle, marqué par les Lumières. Cette période est caractérisée par un questionnement des normes sociales et une quête d'émancipation intellectuelle, des thèmes que la marquise incarne pleinement.
1- Une femme maîtresse de ses sentiments
La marquise de Merteuil se présente comme une femme ayant une emprise totale sur ses émotions et ses désirs, refusant de se laisser dominer ou soumettre par les hommes. Elle se voit comme une vengeresse de son sexe, utilisant sa force et son intelligence pour maîtriser le sexe opposé. Cette posture contraste fortement avec l'image traditionnelle des femmes de son époque, souvent perçues et représentées comme des êtres dominés par leurs émotions et dépendants des hommes.
Sa capacité à ordonner et à imposer sa volonté à un homme comme le Vicomte de Valmont ("gardez", "Craignez", "Tremblez") témoigne de son autorité et de sa puissance, des qualités rarement attribuées aux femmes dans la littérature de cette période.
2- Une femme unique
La marquise de Merteuil se distingue nettement des autres femmes de son temps. Elle se voit comme une entité à part, ayant peu en commun avec les femmes "inconsidérées" guidées par leurs sentiments. Cette distinction est renforcée par son auto-éducation et son indépendance intellectuelle. Elle s'est façonnée elle-même, à travers une réflexion profonde et une volonté ferme, affirmant ainsi son autonomie et sa singularité.
Elle revendique ses propres principes et valeurs, se démarquant des autres femmes qui, selon elle, se contentent de suivre les hommes. Ce faisant, la marquise de Merteuil affirme son individualité et son indépendance dans un monde dominé par les hommes.
En conclusion, la marquise de Merteuil, dans "Les Liaisons dangereuses", se dépeint comme une femme exceptionnelle et avant-gardiste. Elle incarne la maîtrise de soi, l'indépendance, le courage et l'instruction, des qualités qui la positionnent comme une figure emblématique du féminisme naissant. Sa personnalité complexe et son refus des normes traditionnelles font d'elle un personnage central du roman, reflétant les idéaux des Lumières tout en défiant les conventions sociales de son époque.
Analyse de la lettre 125
I) L’amour, un champ de bataille
Le personnage de Valmont considère sa relation avec Madame De Tourvel comme une victoire militaire. On peut le voir avec le champ lexical de la Guerre qui débute dès les premières lignes et continue durant tout le texte : “vaincue”,“superbe”,“résister”,”défense”, “se soustraire à mes poursuites”, “capitulation”, “campagne”, “triomphe”. Il se comporte en vieux soldat aguerri : “Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ?”
De plus il utilise une question rhétorique dans le but de se moquer de la Présidente : “Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ?”
Valmont ne croit pas en l’amour c’est pour cela qu’il dénigre ce sentiment: “Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes”, “et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ?”. On comprend même que pour lui les principes sont contraire à l’amour : “j'ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes.” Valmont décrit clairement l’activité sexuelle comme étant un travail : “le rôle et les fonctions d'amant”.
Après s’être battu contre Madame De Tourvel il doit se battre contre ses propres sentiments, il lutte contre soi-même donc c’est un combat sans fin : “Non : il faut, avant tout, le combattre et l'approfondir.”
On retrouve le vocabulaire militaire: “je n'en avais encore rencontré aucune qui n'eût, au moins, autant d'envie de se rendre que j'en avais de l'y déterminer”. C’est la première fois que Valmont est relation avec un femme qui l’aime et qu’il se sent aimé.
Il considère cependant l’amour comme une humiliation car être amoureux c’est dépendre de quelqu’un: “Je chéris cette façon de voir, qui me sauve l'humiliation de penser que je puisse dépendre en quelque manière de l'esclave même que je me serais asservie”.
Il réagit de manière très égoïste et désire un amour qui ne soit surtout pas partagé: “que je n'aie pas en moi seul la plénitude de mon bonheur ”.
La fidélité pour lui est donc quelque chose qui n’est pas envisageable : “et que la faculté de m'en faire jouir dans toute son énergie soit réservée à telle ou telle femme, exclusivement à toute autre.”
II) Un amour inavouable
Le personnage ici se surprend à développer des sentiments pour sa nouvelle conquête: “mais je m'étonne du charme inconnu que j'ai ressenti.”
Mais on peut voir également grâce à la question rhétorique que le personnage ressent une certaine inclination pour la Présidente, il dit indirectement l’attirance qu’il éprouve pour elle: “Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ?”
Le personnage avoue clairement ses prémices de sentiment pour Madame De Tourvel : “car enfin, si j'ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime”. Il n’arrive pas à dissimuler ses sentiments qui transparaissent à travers ses propos : “cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste.”. Plus on avance dans la lettre plus Valmont laisse échapper ses sentiments véritables : “J'aurais même, je l'avoue, un plaisir assez doux à m'y livrer, s'il ne me causait quelque inquiétude.”. Il sent qu’il tombe amoureux : ”Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ?”
Le personnage de Valmont a envie d’être aimé: “Peut-être, au reste, en ai-je déjà entrevu la cause ! Je me plais au moins dans cette idée, et je voudrais qu'elle fût vraie.”
Il essaye de cacher ses sentiments amoureux derrière son orgueil : “Il n'est donc pas surprenant que ce succès, dû à moi seul, m'en devienne plus précieux ; et le surcroît de plaisir que j'ai éprouvé dans mon triomphe, et que je ressens encore, n'est que la douce impression du sentiment de la gloire.”
Analyse de la lettre 152
Dans quelle mesure peut-on dire que cette lettre est représentative de la lutte entre les sexes ?
I) Une réponse indignée
a) Les types de phrases
Nous pouvons voir que le personnage de la Marquise de Merteuil pose beaucoup de questions rhétoriques, qui soulignent son impertinence : “Voyons ; de quoi s’agit-il tant ?”
b) Les reproches adressés au Vicomte
La Marquise reproche au Vicomte sa jalousie, et la Marquise montre que la jalousie est une forme de puissance d’une personne sur une autre, “Mais vous êtes jaloux, & la jalousie ne raisonne pas.” Aussi, la Marquise reproche au Vicomte d’abuser de son pouvoir en étant un homme, “Allez, vous êtes un ingrat.”
II) Une attaque frontale
a) Les étapes du raisonnement de la marquise
La Marquise suit certaines étapes dans son raisonnement qui structurent cette lettre. Tout d’abord nous pouvons voir que la Marquise reproche au Vicomte d'être jaloux et de vouloir la dominer : “Vous ne m’y parlez que de torts de mon côté, & de grâce de la vôtre !” Puis la Marquise refuse de se justifier devant Valmont pour le punir de ses actions en attisant sa jalousie, mais aussi pour affirmer son indépendance : “je ne vous dirai rien”. Puis, la Marquise fini a la fin de la lettre sur un point ironique, pour se moquer du Vicomte, “votre menaçante lettre”.
b) L’ironie de la fin de la lettre
Nous pouvons voir que dans la fin de cette lettre, la Marquise emploie de l’ironie qui traduit non seulement sa supériorité intellectuelle, mais aussi l’humiliation de Vicomte, “Ah ! je vous en prie, Vicomte, si vous le retrouvez, amenez-le moi ; celui-là sera toujours bien reçu.”
III) La revendication d’une femme libre
a) Comment la marquise affirme sa puissance vis-à-vis de Valmont mais aussi des hommes en général
Dans cette lettre, la Marquise s’adresse au Vicomte, en employant son nom, puis à tous les hommes de la société avec l’emploi de la deuxième personne du pluriel, “vous”. La Marquise affirme sa puissance vis-à-vis du Vicomte en lui refusant ce qu’elle lui doit bien qu’elle ait perdu son pari, car ce devoir lui est imposé. La Marquise ne veut pas se soumettre au Vicomte, ni à aucun autre homme : “je suis on ne peut pas moins disposée à vous accorder vos demandes.” Mais la Marquise affirme sa puissance et son indépendance d’une autre manière, à travers son écriture incisive.
b) L’enjeu de cette lettre
L’enjeu de cette lettre est de revendiquer la liberté pour les femmes. Cette liberté passe nécessairement par l’affranchissement de tout ce qui ressemble au mariage car le mariage n’est qu’un moyen légal de permettre aux hommes de soumettre les femmes : “vous m’écrivez la lettre la plus maritale qu’il soit possible de voir !”
Cette lettre est représentative de la lutte entre les sexes, traduite par une réponse indignée et une attaque frontale de la Marquise au Vicomte, qui refuse de se soumettre à sa volonté. Mais cette lettre relève aussi la revendication d’une femme libre, puisqu’elle refuse d’appartenir à un homme de quelque façon que ce soit.
Analyse de la lettre 161
I) Un portrait contrasté de Valmont
Mme de Tourvel fait preuve de haine et d’amour simultanément. Elle respecte ses valeurs chrétiennes et ne souhaite pas se venger malgré le mal qu’il lui a fait “mais le courage m’a manqué pour t’apprendre ta honte”. Elle n’arrive pas à le sortir de ses pensées “que fais-tu loin de moi ?” à tel point qu’il est devenu une obsession pour elle “il est là, il m’obsède sans cesse.” La femme écrit pour extérioriser la rage qu’elle a en elle. Elle a tout donné pour lui et est énervée, à la fois contre lui, et à la fois contre elle-même pour avoir été si naïve “c’est pour t’avoir vu que j’ai perdu le repos ; c’est en t’écoutant que je suis devenue criminelle”. On apprend que Valmont est un être malsain semblable au diable “Être cruel & malfaisant, ne te lasseras-tu point de me persécuter ? Ne te suffit-il pas de m’avoir tourmentée, dégradée, avilie, veux-tu me ravir jusqu’à la paix du tombeau ?”. Elle ne voit en lui qu’un être cruel, souhaitant la faire souffrir, et cela la désespère “Ses yeux n’expriment plus que la haine & le mépris. Sa bouche ne profère que l’insulte & le reproche. Ses bras ne m’entourent que pour me déchirer. Qui me sauvera de sa barbare fureur ?” Ce portrait contrasté de Valmont nous en apprend autant sur elle que sur lui.
II) Madame de Tourvel, une héroïne tourmentée
Les points virgules rythment le texte en montrant la respiration difficile et les sanglots de la présidente de Tourvel “Je veux le fuir en vain ; il me suit ; il est là, il m’obsède sans cesse.” Les questions rhétoriques montrent le questionnement de la pauvre femme qui n’arrive plus à gérer ses émotions “Quels sont ces liens que tu cherches à rompre ? pour qui prépares-tu cet appareil de mort ? qui peut altérer ainsi tes traits ? que fais-tu ?” Elle souffre énormément “remords” “déchirent” “peines” “supplice” “souffert” “douloureuse” et se sent déshonorée, à ses yeux cette souffrance est pire que la mort “ Ne te suffit-il pas de m’avoir tourmentée, dégradée, avilie, veux-tu me ravir jusqu’à la paix du tombeau ? Quoi ! dans ce séjour de ténèbres où l’ignominie m’a forcée de m’ensevelir “. Face à ce diable, elle décide de conserver ses valeurs chrétiennes “Que cette lettre au moins t’apprenne mon repentir. Le ciel a pris ta cause ; il te venge d’une injure que tu as ignorée”, elle ne doute pas que Dieu la vengera. Ainsi au fil de la lettre, l’évolution stylistique de Mme de Tourvel nous montre son basculement vers la folie.
Analyse de la lettre 175
La fin de "Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos peut être interprétée comme profondément morale, illustrant les conséquences désastreuses du libertinage et des manœuvres manipulatrices des personnages principaux.
I) Une lettre de dénouement
a) Le moment du dénouement
La fin du roman est marquée par un adieu formel, signifiant qu'il n'y aura plus de correspondance. L'utilisation du champ lexical de l'achèvement ("Enfin", "sort", "rempli") suggère une conclusion définitive. Simultanément, le champ lexical de la perte ("perdu l'œil", "défiguré", "perdu sa beauté") souligne que tous les personnages ont subi des pertes irréparables, symbolisant la fin tragique de leurs intrigues.
b) La volonté de vraisemblance
Laclos renforce la vraisemblance de son récit en mentionnant des noms et des lieux réels, et en utilisant le format épistolaire qui donne une impression de réalité et d'intimité. La mention de toponymes réels ("Paris, Malte, Hollande") et de détails historiquement précis ("Prend l’habit de postulante") ancrent l'histoire dans un contexte spatio-temporel crédible.
c) La note de l'éditeur
La présence d'une note de l'éditeur, employant la première personne du pluriel et le discours direct, ajoute à l'illusion que le roman est un recueil authentique de lettres réelles, contribuant à l'effet de réalisme et d'authenticité.
II) Une fin édifiante (catharsis)
a) Merteuil sanctionnée
La marquise de Merteuil subit des pertes sévères, tant financières que physiques, symbolisant une punition pour ses actions immorales. La description hyperbolique de sa laideur ("vraiment hideuse", "affreusement défigurée") suggère que son caractère pernicieux est désormais visible à tous.
b) Une mère éplorée
La fin du roman est également marquée par des accents tragiques, illustrés par l'usage de la modalité exclamative et d'un champ lexical associé au désespoir et à la fatalité. Ces éléments contribuent à la catharsis, permettant aux lecteurs de ressentir et de libérer leurs propres émotions.
c) Une critique des mœurs inconséquentes
La fin du roman offre une critique acerbe des mœurs de l'époque, décrivant une société tourbillonnante et immorale. L'emploi d'hyperboles souligne l'insuffisance de la raison et du savoir face aux vices humains, remettant en question les idéaux des Lumières et annonçant un changement dans la perception de la raison comme guide absolu.
En conclusion, la fin de "Les Liaisons dangereuses" est profondément morale, mettant en lumière les conséquences néfastes des comportements immoraux et manipulateurs. Elle sert de mise en garde contre les dangers de la séduction et de l'inconscience, tout en offrant une critique poignante des mœurs du 18ème siècle.
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