Analyse de Une vie de Maupassant
Analyse de l'incipit, De «Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.» à «dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie»
Dans "Une vie" de Guy de Maupassant, l'incipit est crucial pour établir le ton du roman et présenter les personnages principaux, particulièrement Jeanne et son père, le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds. Maupassant utilise adroitement la description et la focalisation pour introduire le point de vue de l'auteur sur la vie, les attentes sociales et les relations humaines.
Le personnage de Jeanne est introduit dans un moment de transition, alors qu'elle vient de finir ses malles et se trouve confrontée à la pluie incessante. Cette image, « Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas », est une prolepse symbolique de la vie de Jeanne, marquée par l'ennui, l'attente et les désillusions. La pluie incessante renvoie métaphoriquement à ses futures larmes et au caractère sombre de son existence. Les descriptions de la pluie, comme « le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre », renforcent cette idée de destin tragique et de rêves brisés.
Le baron Simon-Jacques est présenté comme un père attentionné mais anachronique, un « gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon ». Cette description met en lumière la bienveillance du baron envers sa fille, tout en soulignant ses limites et son décalage par rapport au monde contemporain. Sa philosophie éducative, influencée par Jean-Jacques Rousseau, est marquée par le romantisme et l'utopie, une approche qui, selon Maupassant, se heurte à la réalité de la vie.
La focalisation dans l'incipit alterne entre la focalisation zéro, qui permet une vue d'ensemble, et la focalisation interne sur Jeanne. Par exemple, « Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie », nous plonge dans l'esprit de Jeanne, dévoilant ses espoirs et ses illusions. Cette technique narrative permet à Maupassant de peindre un portrait intime de Jeanne tout en exposant les réalités sociales et les contraintes auxquelles elle doit faire face.
En conclusion, l'incipit de "Une vie" sert à établir les thèmes principaux du roman et à introduire les personnages principaux. La description de la pluie et de l'environnement, ainsi que le jeu sur les focalisations, révèlent le point de vue de Maupassant sur la condition humaine, empreinte de réalisme et de critique sociale. Jeanne, représentant l'innocence et l'espoir face à un avenir incertain, et son père, figure d'un monde ancien et dépassé, sont des personnages richement dessinés qui annoncent les défis et les désillusions à venir dans le roman.
Analyse du Chapitre 1, Les rêves de Jeanne, De « La jeune fille s'abandonna au bonheur de respirer» à «dans la sérénité d'une affection indescriptible»
L'incipit de "Une vie" de Guy de Maupassant offre une plongée dans l'univers romantique et rêveur de la jeune Jeanne. À travers la description de la nature et les pensées intimes de Jeanne, Maupassant critique subtilement l’éducation sentimentale des jeunes filles de l’époque, enracinée dans un idéalisme romantique et éloignée des réalités de la vie conjugale.
Le cadre nocturne, peuplé de "toutes les bêtes qui s'éveillent quand vient le soir", crée une atmosphère empreinte de mystère et de mélancolie, éléments typiques du romantisme. L'évocation des "crapauds" évoque la métaphore du prince charmant, figure emblématique des contes de fées, reflétant les attentes irréalistes de Jeanne en matière d'amour et de mariage. Cette imagerie nocturne et ces références symboliques servent à dépeindre l'univers intérieur de Jeanne, tissé d'illusions et d'espérances naïves.
Maupassant décrit les émotions de Jeanne avec une ironie subtile, en soulignant l'écart entre ses rêves et la réalité. Quand Jeanne pense que son cœur s'élargit et ressent un « souffle de bonheur », le narrateur révèle la profondeur de son attente pour un amour idéalisé, soulignant ainsi la faille dans son éducation et sa perception du monde. Les pensées de Jeanne, imprégnées de l'idéalisme romantique, sont présentées avec une certaine moquerie, comme en témoigne la phrase : « Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son âme et qu'il la chérirait de toute sa force. » Cette vision idyllique de l'amour, déconnectée de la réalité, préfigure les désillusions que Jeanne va rencontrer.
Le discours indirect libre utilisé par Maupassant permet de se moquer des illusions de Jeanne tout en les présentant de manière empathique. En décrivant les rêveries de Jeanne sur ses promenades nocturnes avec son futur mari, le narrateur expose l'innocence et la naïveté de ses attentes, tout en suggérant la déception inévitable qui l'attend.
En conclusion, Maupassant, dans cet incipit, critique l'éducation sentimentale des jeunes filles de son époque, marquée par un romantisme excessif et une méconnaissance des réalités de la vie conjugale. À travers le personnage de Jeanne et ses rêveries, il explore le décalage entre l'idéalisme romantique et la complexité des relations humaines, un thème central dans son œuvre.
Analyse du Chapitre 4, La nuit de noces De «Elle fit un soubresaut, comme pour se jeter à terre lorsque glissa vivement contre sa jambe une autre jambe froide et velue» à «elle eût mieux aimé être frappée, violentée encore, meurtrie de caresses odieuses jusqu’à perdre connaissance.»
La scène est racontée du point de vue de Jeanne, ce qui la rend encore plus réaliste. Le discours indirect libre permet au narrateur de nous faire partager la souffrance et la désillusion de la jeune femme qui s’était imaginée une nuit de noces agréable et qui s’est fait brutalement violer par son mari qui n’a eu aucune considération pour elle, la traitant comme un objet sexuel dont il peut légalement disposer à sa guise. Julien est au début déçu que Jeanne se refuse timidement à lui, et après l’avoir violée, il est content de lui et s’endort heureux et satisfait ce qui est très révélateur des relations conjugales au XIXème siècle. La jeune femme vit sa nuit de noces dans la peur et dans la souffrance car elle n’y a pas été préparée par ses parents, la sexualité étant un sujet tabou dans la société bourgeoise de l’époque. Julien, en revanche, comme tous les jeunes hommes, a déjà eu plusieurs maîtresses et sait très bien comment parvenir à ses fins, ce qui choque d’autant plus Jeanne : « Ce qui s’était passé entre eux n’avait donc rien de surprenant ? ». La jeune femme se sent humiliée et trahie : « Oh ! Elle eût mieux aimé être frappée ». Le narrateur insiste avec ironie sur « les tapisseries du mur, sur la vieille légende d’amour qui enveloppait sa chambre ».
Analyse du Chapitre 6, La fin d’un monde, De « La porte du milieu soudain s'ouvrit» à «C'était une ressource de se voir quand on habitait toute l'année la campagne.»
I) Une scène de morts vivants
Tout d'abord on observe le champ lexical du tombeau : “la pendule et les candélabres enveloppés de linge blanc ; et un air moisi, un air d'autrefois, glacé, humide, semblait imprégner les poumons, le coeur et la peau de tristesse”. De plus il y a un froid morbide et très peu de lumière car les “persiennes [sont] toujours fermées”. Mais également la présence de “candélabres”renforce l’atmosphère sombre et morbide. Le “linge blanc” fait penser à un linceul. Le temps semble s’être arrêté avec l’évocation de la pendule voilée. Le “domestique paralysé” n’est que le reflet de ce monde immobile et sans vie.
Ensuite la description physique des personnages fait penser à un cadavre embaumé et préparer pour son enterrement “Son nez, ses yeux, ses dents déchaussées, ses cheveux qu'on aurait dits enduits de cire et son beau vêtement d'apparat”.
Cette scène est plongée dans une ambiance de mort : “Julien marchait de long en large. Jeanne, morne, restait assise auprès de sa mère. Et le baron, adossé au marbre de la cheminée, demeurait le front bas.” Julien marche tel une personne angoissée dans le couloir d'un hôpital. Jeanne s’ennuie à mourir et le baron semble paraît ne pas réussir à rester debout sans soutien. Ces personnages sont emblématique de la bourgeoisie qui disparaît.
II) La mort de la bourgeoisie
Ensuite les personnages ont des traditions anciennes. Les vêtements sont démodés : “La femme en robe de soie ramagée, coiffée d'un petit bonnet douairière à rubans”, “ Le mari serré dans une redingote pompeuse”. Leurs manières sont désuètes : “saluait avec un ploiement des genoux”. L’hypocrisie tient une place importante dans cette scène, les relations sont qualifiées de bonnes alors qu il n'y en a pas : “Après les premiers o de bienvenue et les politesses de voisinage, personne ne trouva plus rien à dire. Maupassant utilise l'ironie pour critiquer violemment ce monde de bourgeois moribonds : “Alors on se félicita de part et d'autre sans raison” les personnages n’ont aucune conversation, “ces excellentes relations” sont donc entièrement factices, “C'était une ressource de se voir quand on habitait toute l'année la campagne” car ils s’ennuient tellement qu’ils doivent se faire une fête du moindre petit événement.
Analyse du Chapitre 9, Le deuil, De «Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer» à «il n'y eût ni joie ni bonheur»
Votre analyse de l'extrait de "Une vie" de Guy de Maupassant explore avec profondeur le passage où Jeanne fait face à la mort de sa mère. Maupassant utilise une narration riche en images symboliques et en émotions pour illustrer le profond désarroi de Jeanne, ainsi que sa confrontation avec la réalité cruelle de la vie.
Le passage débute avec la description de Jeanne retournant s'asseoir près de la fenêtre après la mort de sa mère, symbolisée par les cendres dans le foyer. Cette image des cendres, ainsi que le retour de Jeanne à la fenêtre, sont significatifs. Ils marquent non seulement la fin de la vie de sa mère, mais aussi la fin d'une époque pour Jeanne, symbolisée par la mort du feu, métaphore du cœur et de la chaleur de l'amour maternel. Le passage « Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer, elle retourna s'asseoir auprès de la fenêtre ouverte », est lourd de signification, indiquant un moment de transition et de solitude pour Jeanne.
Le discours indirect libre permet à Maupassant de plonger dans l'esprit tourmenté de Jeanne, révélant ses craintes et ses interrogations sur l'amour filial et la vérité sur sa mère. Sa réflexion sur l’éventualité d’une mort feinte de sa mère et les conséquences sur leur relation est un moment poignant, révélant le conflit intérieur de Jeanne et sa lutte pour accepter la réalité.
La description de l'aube qui suit est chargée de poésie et d'ironie. Maupassant contraste l'atmosphère sombre et endeuillée de la chambre de Jeanne avec la beauté et la fraîcheur de l'aurore. L’image de la lune « qui nacrait sur toute sa surface » la mer évoque un monde naturel indifférent à la douleur humaine. Cette ironie est renforcée par la réminiscence de Jeanne sur sa première nuit aux Peuples, soulignant combien ses espoirs et ses rêves se sont évanouis face à la dure réalité.
En conclusion, cet extrait illustre le talent de Maupassant pour utiliser le cadre naturel et les événements quotidiens pour révéler les états d'âme de ses personnages. À travers les réflexions de Jeanne et la description de son environnement, Maupassant peint un portrait réaliste de la douleur, de la perte, et de l'éveil à une réalité plus dure et moins idéalisée. Jeanne, confrontée à la perte et à la déception, est obligée de reconsidérer sa vision de la vie, marquant ainsi une étape cruciale dans son parcours vers la maturité et la compréhension de la complexité du monde.
Analyse du Chapitre 10, Le meurtre, De « Les grains, qui se succédaient, fouettaient le visage du comte» à « et leurs membres cassés étaient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.»
I) Un personnage animalisé
Dans ce passage le comte est comparé à un animal et à un monstre : “Dès qu'il les eut aperçus, le comte se coucha contre terre, puis il se traîna sur les mains et sur les genoux, semblable à une sorte de monstre avec son grand corps souillé de boue et sa coiffure en poil de bête. Il rampa jusqu'à la cabane solitaire et se cacha dessous pour n'être point découvert par les fentes des planches.” Les mots utilisés par Maupassant pour décrire le comte font ressortir son côté animal et sa dangerosité. Tout d’abord le comte rampe par terre sur la boue, cela montre sa détermination, il est prêt à revenir à ses instincts primaires pour découvrir la vérité.
“Les chevaux, l'ayant vu, s'agitaient” montre que le comte n’est plus un homme civilisé il s’est transformé en un prédateur à la recherche de sa proie. Dans le sixième paragraphe le comte est de nouveau décrit comme un prédateur: “Il ne bougeait plus ; il semblait attendre. Un temps assez long s'écoula ; et tout à coup il se releva,” Ce passage montre que le comte est patient et qu’il attend le moment propice pour attaquer. Ensuite le comte est décrit en boeuf:” il se mit à secouer cette niche comme s'il eût voulu la briser en pièces….il s'attela…...tirant comme un boeuf”. Ici le comte fait preuve de sa force surhumaine d'où le fait qu’il soit comparé à un boeuf, un des animaux qui représente la puissance.
Vers la fin du passage un mendiant qui à été témoin de l’horrible accident va chercher de l’aide : le vieux mendiant, qui l'avait vue passer, descendit à petits pas à travers les ronces ; et, mû par une prudence de paysan, n'osant approcher du coffre éventré, il alla jusqu'à la ferme voisine annoncer l'accident.” Bien qu’il soit en marge de la société, ce mendiant représente l'humanité par opposition au comte qui malgré son rang social se comporte comme une bête féroce.
II) La mise en scène terrifiante du meurtre
Au début du passage Maupassant nous décrit un paysage état d’âme où la météo tempétueuse reflète l’état d’esprit tourmenté du personnage: “fouettaient le visage du comte, trempaient ses joues et ses moustaches où l'eau glissait, emplissaient de bruit ses oreilles et son coeur de tumulte.” Cette description nous prépare au meurtre des deux amants. Au deuxième paragraphe le narrateur dit que “ devant lui, le val de Vaucotte ouvrait sa gorge profonde.” Cela nous prépare au fait que les amants vont se faire précipiter de la falaise, se faire “avaler” par le Val de Vaucotte. De plus la question rhétorique :”Que pouvait-on craindre par cette tempête ?” est ironique car nous savons que le comte est à leur recherche.
“les animaux s'enfuirent harcelés par la grêle qui cinglait le toit penché de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues.” Cette description vient renforcer l'atmosphère effrayante car même si le narrateur utilise le champ lexical de la peur pour se rapporter au paysage, c’est une prolepse de la chute de la cabane.
“Le comte alors, redressé sur les genoux, colla son oeil au bas de la porte, en regardant dedans.” : L’étau se resserre sur les amants. Le comte confirme ses suspicions et il est maintenant prêt à agir. Dans le sixième paragraphe le comte libère sa rage: “Avec un geste forcené…..effort désespéré…..un effort désespéré” le comte est décrit comme un fou qui a été blessé en amour et en fierté qui se venge quoi qu’il puisse lui en coûter. Le narrateur nous décrit la future catastrophe au ralenti en utilisant beaucoup de descriptions détaillées, cela renforce l’horreur de ce meurtre : “vers la pente rapide, la maison voyageuse et ceux qu'elle enfermait” ,“Ils criaient là-dedans, heurtant la cloison du poing, ne comprenant pas ce qui leur arrivait.” Dans la description de la chute de la cabane il y a une accélération du rythme pour montrer l'accélération de la vitesse de celle-ci : "Tout à coup elle perdit une roue arrachée d'un heurt, s'abattit sur le flanc et se remit à dévaler comme une boule, comme une maison déracinée dégringolerait du sommet d'un mont. Puis, arrivant au rebord du dernier ravin, elle bondit en décrivant une courbe,” qui se termine en un instant comme pour signaler la vitesse et la facilité avec laquelle quelqu’un peut mourir ce qui renforce la fragilité de l’homme et de la femme qui sont à l'intérieur: “ et, tombant au fond , s'y creva comme un oeuf.”
À la fin du passage le narrateur décrit le mendiant “n'osant approcher du coffre éventré” C’est une synecdoque qui nous prépare au corps “éventrés” et “meurtris” des deux victimes. Cela nous apporte un peu plus de suspense pour la description finale du corps des deux victimes et accentue ainsi l’horreur face au massacre.
Dans le dernier paragraphe les corps des deux victimes sont décrits pour accentuer l’horreur de ce meurtre : “ Ils étaient meurtris, broyés, saignants. L'homme avait le front ouvert et toute la face écrasée. La mâchoire de la femme pendait, détachée dans un choc ; et leurs membres cassés étaient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.”
Analyse de l'Excipit, chapitre 14, De « Vers trois heures elle fit atteler la carriole d’un voisin» à la fin du roman.
Introduction :
Les enfants ont toujours été un symbole d’espoir pour les adultes. Guy de Maupassant, auteur de Une vie, s’inscrit dans le mouvement naturaliste. Une vie, est un roman racontant l’histoire de Jeanne, une femme ayant connu une vie pleine de déconvenues et de désillusions. Dans l’extrait étudié, Jeanne recueille, à la demande de son fils Paul, sa petite-fille, orpheline de mère. Nous allons voir, comment dans cet excipit naturaliste, Maupassant donne-t-il un nouvel élan à la vie de son personnage. Tout d’abord, pour répondre à cette question, nous étudierons deux portraits de femmes. Ensuite, nous montrerons que ce texte naturaliste a une forte portée symbolique.
I) Deux portraits de femmes
Les deux femmes dans ce roman sont Jeanne et Rosalie. Au début de l’extrait, Jeanne est très impatiente, comme nous le montre son attitude “debout sur le quai”, “l’oeil tendu”, “regardait l’horloge”, “Encore dix minutes. Encore cinq minutes. Encore deux minutes”. A l’arrivée de Rosalie et du bébé, son émotion est tellement importante que ses “jambes devenues molles” ne lui permettent pas d’aller vers elles. On a aussi, entre-autres, constaté qu’elle était beaucoup dans le détail, on peut le remarquer grâce aux longues descriptions comme “Puis tout à coup, elle aperçut une tache blanche, une fumée, puis au-dessous un point noir qui grandit, accourant à toute vitesse. La grosse machine enfin, ralentissant sa marche, passa, en ronflant, devant Jeanne qui guettait avidement les portières”. Le narrateur adopte avec cette personnification le point de vue de Jeanne qui voit le train comme une grosse créature ayant englouti sa petite fille. Jeanne éprouve un grand besoin d’amour, comme nous le montrent les citations “une chaleur de vie traversant ses robes” et “la criblant de baisers”. Le mot “criblant” évoque la mitraille, c’est une manière ironique de revenir sur le comportement passionné de Jeanne. Le portrait de Jeanne, est construit en opposition à celui de Rosalie, qui, par son comportement et ses paroles, nous donne des renseignements précieux sur le caractère de sa maîtresse. Rosalie reste toujours calme (“air calme ordinaire”), tandis que Jeanne, elle, se laisse facilement déborder. On remarque aussi que la servante a tendance à aller vite dans l’action en entrant directement dans le vif du sujet comme nous le prouve la phrase “Eh bien, elle est morte, c’te nuit. Ils sont mariés, v’là la petite” qui va droit au but, quitte à avaler des mots afin de gagner du temps. Elle a aussi une grande sagesse populaire : “vous allez la faire crier”. Cela montre bien que malgré son rang social et son argent, Jeanne se comporte comme un enfant devant un cadeau. Pour finir, Maupassant laisse au personnage de Rosalie le mot de la fin: “La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit”, signifiant que la vie est pleine de surprises, et mystérieuse. Donc, ce roman très sombre se finit sur une note d’espoir.
II) Un texte naturaliste à forte portée symbolique
Dans ce texte, les descriptions sont minutieuses, et nous montrent bien la société de l’époque: “des gens descendaient, des paysans en blouse, des fermières avec des paniers, des petits-bourgeois en chapeau mou”. Le texte dégage une grande sérénité et la confiance en l’avenir: ”Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille”. Une notion d’espoir est aussi présente avec la couleur bleue des yeux du bébé. La couleur rouge dans “Le sang des coquelicots” est aussi représentative, et insiste sur le lien de parenté, tout comme l’expression “la fille de son fils”. Cet enfant est présenté comme un paquet cadeau que Jeanne doit déballer et qui va lui donner du bonheur pour tout le reste de sa vie: “Rosalie qui portait en ses bras une sorte de paquet de linge”, “Et elle tendit l’enfant qu’on ne voyait point dans ses linges” et “Elle découvrit brusquement la figure de l’enfant qu’elle n’avait pas encore vue”. Le roman nous offre donc une fin ouverte puisque le bébé apporte le renouveau de la vie.
Conclusion :
Ainsi, nous avons vu que Maupassant donnait du renouveau à la vie du personnage de Jeanne grâce au bébé qui vient remplir sa vie d’amour à un moment fatidique.
Écrire commentaire