Analyse du poème La ville de Verhaeren

Analyse du poème La ville de Verhaeren

Le poème d'Emile Verhaeren dépeint une vision industrielle et chaotique de la ville, illustrant son expansion rapide et sa modernisation. Ce tableau urbain est marqué par des mouvements intenses et désordonnés, évoquant une bataille épique.

 

I. L’aspect industriel et chaotique

 

a) Une activité industrielle très mouvementée, désordonnée

 

Verhaeren commence par décrire la ville comme un centre vers lequel convergent tous les chemins, symbolisant son rôle central et inévitable dans la vie moderne. Le mouvement horizontal évoqué au début du poème se transforme progressivement en verticalité, reflétant la croissance et l'élévation de la ville avec ses grattes-ciel et ses constructions imposantes. Le champ lexical du mouvement ("lancés", "bougent", "passent", "glissent", "dressent", "filent") illustre la dynamique incessante et l'expansion de la ville. L'architecture verticale de la ville est soulignée par des termes tels que "étages", "colonnes", "tours", "toits", "debout", et des verbes comme "s’exhume" et "dressant". La répétition de phrases comme "c’est la ville tentaculaire" et "Tous les chemins vont vers la ville" crée un effet de refrain et une impression de boucle inévitable.

 

b) Les matières et matériaux

 

La présence de nouveaux matériaux traduit la modernisation industrielle de la ville. Les termes "fer", "poteaux", "pierre", "pontons de bois", "cuivre", "roues", "rails", "tombereaux" montrent l'évolution technologique et la transformation matérielle de l'environnement urbain.

 

c) La pollution et la circulation

 

Verhaeren critique les aspects négatifs de l'industrialisation, en particulier la pollution et la congestion. La présence de "brumes", de "charbon et la fumée", de "sombres", de "gares", de "poussière", et de "réseaux" illustre les conséquences environnementales et la complexité croissante de la vie urbaine. Une métaphore notable est celle de la "Bouche de lumière, fermée/ le charbon et la fumée".

 

II. La métamorphose

 

a) L’association de la ville à un être humain (personnification)

 

Bien que le poème soit dépourvu de personnages humains, Verhaeren personnalise la ville, la présentant comme un organisme vivant. Cependant, il y a un paradoxe puisque la ville semble déserte, comme si elle avait été abandonnée au profit des usines. Le champ lexical du corps humain ("musclés", "hurlent", "bouche", "immobiles", "regard des navires") suggère une forme d'autonomie de la ville.

 

b) L’association de la ville à un animal, une bête (zoomorphisation)

 

Verhaeren utilise des images animales pour décrire la ville, la comparant notamment à une pieuvre ("tentaculaire") et faisant référence à la mythologie grecque avec les termes "Sphinx" et "Gorgones". Cette zoomorphisation accentue l'aspect effrayant et envahissant de la ville.

 

c) L’association de la ville à un paysage monstrueux

 

La ville est présentée comme un paysage terrifiant et monstrueux, probablement à cause de l'abandon humain. Le champ lexical de la mort et de l'enfer ("exhume", "gibets", "brûlent") et de la peur ("hurlent de peur") renforce cette vision d'un environnement urbain hostile et effrayant.

 

Conclusion

 

Le poème de Verhaeren offre une vision critique de la ville moderne, marquée par son industrialisation et son expansion rapide. Il utilise des métaphores puissantes pour évoquer la transformation de la ville en un être vivant, animal ou même monstrueux, tout en soulignant les conséquences négatives de ce progrès, telles que la pollution et la perte de l'humain.

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