Analyse du poème La Musique de Baudelaire
Le poème La Musique de Baudelaire est une œuvre remarquable par sa forme et son contenu. Composé de deux quatrains et deux tercets, le poème ne suit pas la structure traditionnelle du sonnet. La particularité de ce poème réside dans l'alternance des alexandrins et des vers à 5 syllabes, avec une combinaison de vers pairs et impairs. Les six rimes sont réparties de manière croisée dans les deux premières strophes et sont plates dans les deux dernières. Le poète utilise une alternance entre rime féminine et rime masculine, ce qui crée une originalité dans la musicalité du poème.
Le poème est construit en trois mouvements comme une pièce musicale. Le premier mouvement est une ouverture très brève représentée par la première phrase, le second est le développement central passionné qui se poursuit jusqu'au vers 13, et le dernier mouvement est un final brutal et chaotique, sans verbe, qui représente le silence de l'auditeur lorsque la musique se termine. Le rythme des trois strophes est identique, et la dernière strophe est une inversion par miroir qui reflète et inverse le poème.
Le poème est empreint d'une émotion violente, car Baudelaire parle de la musique en tant qu'ignorant pris par une transe indescriptible. Il utilise un langage métaphorique pour exprimer son état d'esprit. Il compare ce qu'il éprouve à ce qu'éprouve un bateau pris par la mer, ce qui crée un jeu de rapprochement et de comparaison. Le lexique du corps est présent dans les vers 5, 9 et 13, et le poète décrit le mouvement auquel il participe à travers les vers 4, 7, 9 et 11. Il décrit également le phénomène qui devient une presque douleur dans les vers 9-10 en utilisant le mot « passions ».
Le poème dépeint l'agonie morale, physique et la mort, tout ce qui se produit dans un corps mis à mal. Baudelaire décrit une expérience de possession où l'être est envahi par une force qui le dépasse et le contrôle. Cette possession est ambiguë, car il la compare à la mer, qui peut évoquer soit le retour au ventre maternel, soit le navire sur les flots. Lorsqu'il est pris par la musique, Baudelaire est aussi bien qu'un être pas encore né, bercé et réduit au mutisme du premier âge.
Dans la chute de la quatrième strophe, le poète crée un constant glissement entre le comparé et le comparant, ce qui crée une ambiguïté dans le poème. On ne sait plus si Baudelaire parle de lui-même en se comparant à un vaisseau ou s'il est devenu un vaisseau. Il n'y a plus de frontières, et la fusion entre les deux éléments est perceptible dès le vers 2. Cette assimilation est favorisée par la mise en sommeil des autres sens, tels que la vue et l'ouïe.
Le mouvement ascendant puis descendant créé par l'image de l'étoile pâle et du ciel brumeux montre que le poète est en train de perdre la possession de la musique. La quatrième strophe contient également une image du miroir dans les vers 1, 11 et 13, ce qui renforce l'ambiguïté entre le poète et le vaisseau.
Le poème exprime l'espoir et le désespoir, l'attente et la fin de l'attente. Le rythme changeant, avec un vers coupé et le dernier mot qui rompt avec la passion et l'exaltation du reste du poème, traduit l'incapacité à retrouver ce phénomène de possession. L'arrêt de la musique est symbolisé par cette rupture dans le rythme.
En conclusion, La Musique est un poème remarquable avec une forme originale qui utilise des moyens singuliers pour exprimer les sentiments du poète et traduire le phénomène de synesthésie qu'il ressent en écoutant de la musique. Le poète utilise des images fortes pour décrire son état d'âme et crée une ambiance passionnée et chaotique à travers sa poésie.
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