Analyse du poème "Spleen - LXXVIII" de Charles Baudelaire "Quand le ciel bas et lourd"

Analyse du poème "Spleen - LXXVIII" de Charles Baudelaire "Quand le ciel bas et lourd"

Le poème "Spleen - LXXVIII" de Charles Baudelaire est le dernier des quatre poèmes de la section "Spleen et idéal" du recueil Les Fleurs du mal. Ce poème est peut-être le plus angoissant, le plus délirant et le plus dément des quatre. Il se compose de deux parties : la montée de la crise et le paroxysme de la crise et la défaite de l'esprit en proie au spleen.

 

La première partie du poème (vers 1 à 12) décrit une atmosphère macabre et oppressante. Les mots tels que "bas", "lourd", "pèse", "couvercle" créent une sensation d'écrasement, renforcée par l'accent irrégulier sur le mot "pèse". Les impressions ressenties sont de plus en plus malsaines et inquiétantes, avec un climat de plus en plus douloureux, comme le montre le champ lexical de la douleur et de la souffrance. La nuit est décrite comme pire que le jour, la terre devient un "cachot humide" et l'eau se fait pourriture.

 

La progression du poème vers le paroxysme de la crise est lente et inexorable, avec une seule phrase développée sur quatre quatrains. L'anaphore avec le mot "quand", répété au début des trois premiers quatrains, rythme cette progression. Les coordinations "et qu", les enjambements continus donnent l'impression d'un mouvement lent et enchaîné inexorablement. Le poète est hanté par des présences menaçantes, comme le "peuple muet d'infâmes araignées", ce qui donne un climat de plus en plus menaçant.

 

La défaite de l'esprit est prévisible, l'Espérance est déjà condamnée, puisqu'elle "s'en va" avant que la crise n'atteigne son paroxysme. Le poème décrit également l'image de l'enfermement, avec un ciel qui enferme l'esprit à la manière d'un cercle. Le champ lexical de l'enfermement avec les mots "prison", "barreaux", "filets" montre une progression de la prison, qui finit par s'installer à l'intérieur de l'homme. De physique, la prison devient psychique, avec des filets dans le cerveau, entraînant un délire intérieur.

 

La crise atteint son paroxysme dans la deuxième partie du poème (vers 13 à 20), marquée par des hallucinations sonores et visuelles. Le mot "tout à coup" au vers 13 montre une rupture, la crise est là désormais. Les hallucinations sonores sont plus violentes que les impressions précédentes, avec des sonorités violentes en "que" et en "te" qui créent une tension palpable. Les cloches lancent un appel désespéré vers le ciel, un "hurlement" qui montre l'opiniâtreté d'un esprit condamné à l'exil, implorent le ciel de demander pardon. L'assonance en "an", très présente dans le poème comme au vers 17, 18 et 19, imite un gémissement, renforçant l'angoisse et la désolation.

 

La défaite de l'esprit est consommée dans la deuxième partie, avec des hallucinations visuelles qui se manifestent "sans tambours ni musique" (vers 17). Le poète voit un convoi funéraire interminable, marqué par un rythme régulier et solennel. L'enjambement des vers 17 et 18 étire la vision du défilé, prolongeant la défaite de l'esprit. L'espoir est hors-jeu, en contre-rejet, marquant la fin de toute espérance. Le drapeau noir du vers 20 symbolise soit le drap noir du corbillard, soit le drapeau de pirate. Ce "drapeau noir" qui clôt le poème montre que le poète a perdu tout espoir.

 

En conclusion, "Spleen LXXVIII" est un poème dramatique qui décrit de manière détaillée la montée progressive de la crise jusqu'à son paroxysme et la défaite finale de l'esprit en proie au spleen. Le poème exprime le spleen à trois niveaux : le mauvais temps, le moral et psychologique, et le métaphysique, représenté par la strophe quatre. Baudelaire réussit à créer une atmosphère oppressante et inquiétante grâce à son utilisation de la langue et de la structure poétique. Le poème est un chef-d'œuvre de la poésie symbolique qui a influencé de nombreux poètes et artistes par la suite.

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