Le poème « Le Brasier » d'Apollinaire se compose de cinq strophes qui explorent le thème de la purification par le feu, le rejet du passé et la renaissance. Dans la première strophe, le poète annonce le thème central du poème : la purification par le feu. Le héros, identifié au poète, porte en lui-même le feu, où il jette son passé. Le verbe « jeter » est très important car il montre que le poète veut se débarrasser de son passé de manière définitive. Ce feu est décrit comme noble et mystique, en tant que source de vie et de purification. Le passé est associé à la mort et le feu est présenté comme un dieu qui permet la divinisation de soi-même et de la poésie. Le dernier vers de cette strophe montre que le poète se soumet totalement au feu, comme s'il renonçait à toute volonté propre.

 

Dans la deuxième strophe, la dimension cosmique est explorée. L'univers tout entier participe à la purification du poète. Les images sont violentes pour traduire l'exubérance de la vie. Le mouvement est intense et les sonorités abondantes. Le poète semble vouloir faire table rase du passé pour vivre l'instant présent et ne pas se projeter dans l'avenir.

 

La troisième strophe change de tonalité et adopte un registre nostalgique. Le poète regrette le passé, mais le feu dévore les anciennes passions pour permettre une renaissance. L'image du Phénix, un oiseau mythique qui renaît de ses cendres, est sous-jacente. La dimension cosmique est conservée avec le terme « soleil », qui symbolise un feu à l'échelle cosmique.

 

Dans la quatrième strophe, l'image du feu change et devient la végétation luxuriante qui devient elle aussi feu. Les cœurs désaffectés sont comparés à des fruits des arbres. L'image est morbide avec les têtes coupées qui acclament le poète. Le thème de la mort est présent, tout comme celui de l'impureté de la femme.

Enfin, la cinquième strophe est une apostrophe au feu. Les thèmes des éléments fondamentaux, de la ville et de la poésie s'entrelacent. Le feu et l'eau sont associés, ce qui permet un éloge de la modernité. Les thèmes mythologiques sont présents, avec Orphée et Amphion. Le poème se conclut sur l'image de la renaissance, de la reconstruction et de l'alliance des éléments fondamentaux de la vie. Le feu a perdu de son pouvoir avec l'apparition de l'élément eau. Les éléments se rééquilibrent pour permettre cette renaissance.

 

En somme, le poème « Le Brasier » d'Apollinaire explore les thèmes de la purification par le feu, du rejet du passé et de la renaissance. Chaque strophe contribue à développer ces thèmes en utilisant des images fortes et violentes. Le poème se termine sur une note d'optimisme et d'espoir en montrant que la renaissance est possible une fois que le passé a été rejeté.

Introduction

 

"Le Brasier", extrait du recueil "Alcools" de Guillaume Apollinaire, est un poème qui marque une étape cruciale dans l'évolution personnelle et artistique du poète. Initialement publié en mai 1908 sous le titre "Le Pyrée" (évoquant l'autel du feu chez les Perses), il a été renommé "Le Brasier" dans sa version finale. Ce poème se distingue par sa structure classique, composée de cinq quintiles d'octosyllabes, et explore des thèmes tels que le rejet du passé, la purification, et la renaissance.

 

Première strophe - Le rejet du passé

 

Dans "Le Brasier", le poète se présente comme un héros portant en lui un feu purificateur. Dès le premier vers, le verbe "jeter" souligne l'importance de ce rejet du passé. Le feu est décrit comme "noble", symbolisant sa fonction purificatrice et sa dimension quasi mystique. Apollinaire joue sur les multiples sens du mot "feu" : le feu physique, l'ardeur, et la mort (suggérée par l'absence de ponctuation dans "feu ce passé"). Le poète exprime un reniement total du passé, perçu comme synonyme de mort, en contraste avec le feu, source de vie et de renouveau. Cette idée est renforcée par l'image des têtes coupées et par la soumission du poète à la volonté de la flamme.

 

Deuxième strophe - Dimension cosmique

 

Le poème prend une dimension cosmique, où l'univers entier semble participer à la purification du poète. Les images sont marquées par une violence symbolique, évoquant l'exubérance de la vie ("galop soudain", "centaures"). Cette strophe exprime également une indifférence envers l'avenir, le poète cherchant à vivre pleinement l'instant présent, libéré du poids du passé.

 

Troisième strophe - La nostalgie du passé et la renaissance

 

Malgré la volonté de rupture avec le passé, une tonalité de regret émerge, rappelant le style de François Villon. Le poète exprime la nostalgie de l'amour perdu et de sa foi chrétienne. Cependant, cette nostalgie est rapidement consumée par le feu, symbolisant à la fois la mort des anciennes passions et la possibilité d'une renaissance, à l'image du Phénix. Le soleil, évoqué comme un feu cosmique, participe à cette purification et renaissance de l'âme.

 

Quatrième strophe - Rejet des amours passés

 

Le feu se transforme en une végétation luxuriante, s'étendant à travers la plaine. Les cœurs désaffectés sont comparés à des fruits sur les citronniers, symbolisant à la fois la naissance et la beauté. Cependant, une image morbide vient perturber cette vision : "Les têtes coupées qui m'acclament", évoquant une rupture définitive avec le passé et associant la femme à la douleur et à l'impureté.

 

Cinquième strophe - L'alliance des éléments fondamentaux

 

Dans cette dernière strophe, le poème atteint une dimension plus large, où le feu rencontre l'eau, symbolisant la ville et la poésie. La lumière varie au fil du poème, illustrant la diversité et la richesse de la vie. Apollinaire fait référence à des mythes, tels qu'Orphée et Amphion, pour souligner le pouvoir de la poésie et de la musique. La strophe se conclut sur une note de renaissance et de reconstruction, symbolisant l'alliance harmonieuse des éléments fondamentaux de la vie.

 

Conclusion

 

"Le Brasier" est considéré par Apollinaire comme l'un de ses meilleurs poèmes, formant un lien entre "Zone" et "Vendémiaire". Si "Zone" représente une descente aux Enfers, "Le Brasier" symbolise le feu purificateur permettant la remontée vers la lumière et le triomphe célébré dans "Vendémiaire". Ce poème illustre ainsi le parcours du poète vers la purification, la renaissance et la célébration de la vie nouvelle.