Analyse du "Chanson" (VII, 6) de Victor Hugo
Le poème "Chanson" (VII, 6) de Victor Hugo est une critique politique acerbe de Napoléon III, le successeur de Napoléon Ier. Hugo utilise un jeu d'opposition systématique entre les deux Napoléons pour dévaloriser celui qu'il nomme "Napoléon le Petit". Tout d'abord, le lexique utilisé pour Napoléon Ier est très valorisant, tandis que celui pour Napoléon III est dévalorisant. Pour Napoléon Ier, Hugo utilise une image hyperbolique en le qualifiant de dieu et d'archange, ainsi qu'une métaphore de la conquête amoureuse pour évoquer son amour pour la guerre. En revanche, pour Napoléon III, Hugo utilise une vision méprisante, répétant sans cesse les mots "Petit, petit", le tutoyant et le qualifiant de "singe" et de pillard vicieux et sanguinaire. L'image finale de la "fange" suggère que la chute de Napoléon III sera dans la boue, tandis que celle de Napoléon Ier sera glorieuse.
En ce qui concerne le rythme, les 5 strophes alternent apparemment de manière régulière entre 8 et 4 syllabes. Toutefois, les six premiers vers atteignent toujours une amplitude rythmique que les deux derniers ne possèdent jamais. Pour Napoléon Ier, les enjambements donnent une ampleur majestueuse à l'évocation du personnage, tandis que pour Napoléon III, il n'y a pas d'enjambement et les répétitions de "Voici" et "Petit, petit" créent une impression de piétinement et de petitesse.
Les rimes renforcent l'opposition systématique entre les deux Napoléons. La première rime des octosyllabes évoque la puissance et la gloire militaire pour Napoléon Ier, tandis que la seconde rime, associée à "Napoléon le Petit", est dérisoire et vulgaire. Cette opposition sert la visée politique du poème.
Le projet d'Hugo est de réduire à l'exil par le coup d'Etat du 2 décembre 1851, qui a mis fin à la démocratie instaurée en 1848, Hugo renforce sa critique de Napoléon III par une mythification de Napoléon Ier. Pour Napoléon Ier, Hugo utilise une écriture épique pour sa victoire, faisant de lui un héros agissant, tandis que pour Napoléon III, il est associé à la petite histoire laborieuse, confondant art de la guerre et massacre. En réécrivant l'Histoire de cette manière, Hugo la tire vers l'appauvrissement et renforce sa critique politique de Napoléon III.
En somme, le poème "Chanson" (VII, 6) de Victor Hugo utilise un jeu d'opposition systématique entre les deux Napoléons pour dévaloriser Napoléon III et renforcer sa critique politique. La valorisation de Napoléon Ier et la dévalorisation de Napoléon III s'illustrent par le lexique, les rythmes et les rimes employés dans le poème. La transformation de la réalité historique est également un élément clé de la critique politique de Hugo, qui tire l'Histoire vers l'appauvrissement pour renforcer sa critique de Napoléon III. Ce poème est un exemple de la manière dont la littérature peut être utilisée pour exprimer une opinion politique et critiquer le pouvoir en place.
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