Analyse du poème « La cigarette » de Francis Ponge
Le poème « La cigarette » de Francis Ponge se caractérise avant tout par un regard poétique sur l'anodin, ce qui est la marque de fabrique de l'œuvre de cet auteur. Ce poème en prose est organisé en trois colonnes, ce qui est une forme propre à Ponge et qui illustre symboliquement l'objet décrit, tout comme dans « Le papillon ». L'objet décrit est la cigarette, un objet du quotidien que Ponge invite à redécouvrir en rejetant les conventions. En effet, la cigarette est un objet auquel on ne prête pas attention et qui est considéré comme anodin, mais le poète en fait un sujet d'attention et de réflexion.
Le poème commence par un impératif : « Rendons ». Ce verbe appelle le lecteur à rendre justice à l'objet de la description. Le poète utilise trois paragraphes pour décrire la cigarette. Le premier paragraphe évoque l'atmosphère qui entoure la cigarette, une atmosphère « à la fois brumeuse et sèche, échevelée ». Cette description en apparence contradictoire illustre bien la dualité des choses que Ponge cherche à mettre en évidence. Il y a un rythme à déterminer, un inconnu, et un nombre calculable, un connu.
Le deuxième paragraphe décrit la cigarette dans son ensemble et la personnifie en parlant de « sa personne ». On y trouve également un mélange de vocabulaire scientifique avec les termes « rythme », « calculable » et « masses ». Le poème évoque également la passion qui anime la cigarette avec le bouton embrasé, qui est comparé à une torche. La cigarette est décrite de manière à faire appel à plusieurs sens : le toucher, l'odorat, la vue avec une lumière sèche et parfumée. La cigarette est magnifiée avec le champ lexical de la lumière et les pellicules argentées.
Le dernier paragraphe est consacré à l'extrémité incandescente de la cigarette, qui représente l'état final de l'objet. Le poème évoque la progression de la cigarette qui se consume, comparée à une torche. Cela suscite une réflexion sur la matière et son devenir, ce qui est l'une des réflexions du poète dans ce poème.
Une autre réflexion du poète dans ce poème est celle autour du temps qui passe. La cigarette, une fois allumée, est vivante mais va mourir. Le poète sous-entend l'espérance de vie de la cigarette en parlant d'un « nombre calculable de petites masses de cendres ». Il y a également une personnification de la cigarette en la décrivant comme « échevelée », rappelant la chevelure d'une femme.
En conclusion, le poème « La cigarette » de Francis Ponge est une invitation à redécouvrir un objet banal du quotidien en lui donnant une signification et une vie. Le poète utilise un style d'écriture propre à lui-même en donnant vie à la cigarette et en la personnifiant. Le poème suscite une réflexion sur la matière, le temps qui passe et la dualité des choses. À travers ce poème, Ponge donne une importance nouvelle à un objet qui est souvent négligé.
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