Résumé de Rhinocéros de Ionesco
La pièce "Rhinocéros" d'Eugène Ionesco commence dans un café d'une ville française, où Jean, un homme apparemment ordinaire mais bien habillé et discipliné, rencontre son ami Berenger. Jean est fier de ses bonnes manières, de sa moralité élevée et de son éducation, contrastant fortement avec Berenger, qui arrive mal habillé, l'air négligé et en proie à des problèmes d'alcool. Berenger, désabusé, trouve peu de sens à la vie, ce qui irrite profondément Jean.
Alors que Jean critique le comportement et l'apparence de Berenger, un événement extraordinaire se produit : un rhinocéros passe en galopant à travers la ville, sous les yeux ébahis des citadins. Jean et les autres personnes présentes sont choquées et effrayées par cette apparition insolite et perturbante. En revanche, Berenger reste étrangement calme, suggérant qu'il doit y avoir une explication rationnelle à cette situation. Cette attitude détachée de Berenger agace Jean, qui insiste sur le danger évident qu'un rhinocéros errant représente pour la population.
La conversation prend une tournure plus personnelle lorsque Berenger remarque Daisy, une jeune femme et collègue pour laquelle il a des sentiments. La présence de Daisy, élégante et confiante, plonge Berenger dans un mélange de honte et de désir de changement. Conscient de son état ébouriffé et de ses habitudes autodestructrices, il se sent indigne de son attention.
Jean, observant la réaction de Berenger, le pousse à prendre sa vie en main. Il l'encourage à arrêter de boire et à améliorer son apparence pour pouvoir impressionner Daisy. Berenger, touché par cette incitation et motivé par son amour pour Daisy, accepte de faire un effort pour se reprendre en main. Cette décision marque un tournant dans son attitude, montrant un désir latent de trouver un sens et une direction à sa vie malgré son cynisme apparent.
Dans la ville, la situation prend une tournure encore plus étrange et inquiétante lorsque Berenger, Jean, Daisy et d'autres citadins voient à nouveau un rhinocéros traverser la ville en trombe. La scène sème la panique et la confusion parmi les habitants. Le chaos atteint son paroxysme lorsqu'une citadine se met à crier désespérément parce que le rhinocéros a piétiné son chat à mort. Les habitants se rassemblent pour réconforter la femme en deuil, tentant de lui offrir un soutien face à cette situation absurde et tragique.
Pendant ce temps, une dispute éclate entre Jean et Berenger concernant la nature de ce qu'ils viennent de voir. Jean est persuadé qu'il s'agit d'un deuxième rhinocéros, tandis que Berenger, cherchant toujours une explication rationnelle, n'est pas convaincu et pense qu'ils ont peut-être vu le même rhinocéros que précédemment. Le débat devient rapidement intense et attire l'attention des autres citadins, qui se détournent progressivement de la femme endeuillée pour se concentrer sur la querelle entre Jean et Berenger.
La dispute s'envenime au point que Jean, frustré et furieux, quitte les lieux en bougonnant. Un logicien assis dans le café décide d'intervenir. Avec une attitude calme et méthodique, il tente d'expliquer à Berenger qu'il aborde le débat de manière incorrecte, en ne posant pas les bonnes questions et en ne définissant pas correctement le problème. Malgré ses efforts pour apporter une logique claire à la situation, le logicien ne parvient pas à dissiper le sentiment de chaos qui règne.
Berenger, perturbé par la dispute avec Jean et se sentant de plus en plus désorienté par les événements qui se déroulent autour de lui, succombe à son ancienne habitude et prend un verre. Son regret face à la querelle avec Jean et son recours à l'alcool illustrent son désarroi croissant et sa difficulté à affronter la réalité troublante qui se développe dans la ville.
Au cabinet d'avocats local, l'ambiance est électrique alors que les employés discutent des étranges événements récents. Dudard, un employé sensé et rationnel, et Daisy, la secrétaire douce et attentive, tentent de convaincre un autre employé, Botard, qu'il y a bien des rhinocéros galopant dans la ville. Botard, sceptique et têtu, rejette catégoriquement ces affirmations, insistant sur le fait que les observations de rhinocéros ne sont pas scientifiquement fondées et les considère comme des rumeurs infondées.
Berenger arrive au bureau avec un peu de retard, l'air encore ébranlé par ce qu'il a vu. Il confirme qu'il a lui aussi été témoin de la présence des rhinocéros. Cependant, malgré le témoignage de Berenger, Botard reste obstiné et refuse de croire à ces récits fantastiques. Le chef de bureau, M. Papillon, essaye de ramener l'ordre en demandant à tout le monde de retourner au travail, mais la discussion sur les rhinocéros reprend rapidement, alimentée par Dudard et Botard.
Alors que les employés tentent de se concentrer sur leur travail, Berenger mentionne l'absence notable de M. Boeuf. Peu après, Mme Boeuf entre précipitamment dans le bureau, visiblement paniquée. Elle informe que son mari est malade de la grippe et raconte avec effroi qu'elle a été poursuivie par un rhinocéros en venant au bureau. La tension monte d'un cran lorsque tout le monde entend le son d'une trompette de rhinocéros et le bruit des escaliers craquant sous un poids immense.
Les employés se précipitent vers le palier de l'escalier et découvrent avec stupéfaction un rhinocéros en bas. La scène atteint un point culminant de surréalisme lorsque Mme Boeuf, horrifiée, réalise que le rhinocéros est en fait son mari métamorphosé. Ne pouvant supporter l'idée de le quitter, elle saute sur le dos du rhinocéros et s'en va avec lui, acceptant cette transformation monstrueuse.
Ce spectacle incroyable ébranle profondément les certitudes de Botard, qui lutte pour trouver une explication rationnelle à ce qu'il vient de voir. En désespoir de cause, il affirme que toute cette histoire fait partie d'un complot sinistre, cherchant à préserver une illusion de contrôle face à l'incompréhensible.
Les pompiers arrivent sur les lieux et hissent une échelle vers une fenêtre pour permettre aux employés de descendre en toute sécurité. Un par un, les employés évacuent le bâtiment, encore sous le choc de l'apparition du rhinocéros et de la transformation de M. Boeuf.
Berenger rend visite à Jean dans son appartement pour tenter de réconcilier leur amitié après la dispute qu'ils ont eue au café. Dès son arrivée, Berenger remarque que Jean semble malade : sa voix est rauque, il tousse fréquemment et son comportement est agité. En signe de bonne volonté, Berenger s'excuse pour leur altercation, mais Jean, visiblement sur la défensive, réagit avec irritation. Il admet se sentir mal, mais refuse d'explorer les causes possibles de son malaise, accusant Berenger de se mêler de ses affaires.
Berenger remarque alors une petite bosse sur le front de Jean et le lui signale. Intrigué, Jean va se regarder dans la salle de bain. Lorsqu'il revient, Berenger est frappé par les changements physiques inquiétants de son ami : sa peau est devenue verdâtre et sa respiration est lourde et laborieuse. Inquiet, Berenger insiste pour que Jean appelle un médecin, mais ce dernier se met en colère et lui ordonne de ne pas s'immiscer dans ses affaires.
La conversation prend un tournant encore plus sombre lorsque Berenger évoque le caractère de plus en plus misanthrope de Jean. Jean, en proie à une transformation physique et mentale croissante, exprime son dégoût profond pour l'humanité. Il affirme que les gens le dégoûtent, que les valeurs morales humaines sont hypocrites et qu'elles devraient être remplacées par la loi de la jungle. Jean soutient que M. Boeuf a fait un choix judicieux en devenant un rhinocéros, car être un tel animal représente une liberté et une authenticité que les humains ont perdues.
Berenger, horrifié par ce discours, tente de raisonner Jean, mais les transformations physiques de Jean s'intensifient. La bosse sur son front devient une corne de rhinocéros, sa peau se durcit et sa couleur verte s'accentue. Jean, désormais en pleine métamorphose, charge dans la salle de bain. Terrifié, Berenger ferme la porte, mais il ne peut empêcher Jean de pousser la porte avec une force croissante.
Dans un acte de désespoir, Berenger s'échappe sur le palier de l'escalier. Là, il se rend compte que la transformation de Jean n'est pas un cas isolé : d'autres personnes dans l'immeuble se sont également transformées en rhinocéros. La réalité de cette épidémie devient effrayante et inéluctable. Pris de panique, Berenger retourne brièvement dans l'appartement de Jean, regarde par la fenêtre et voit un troupeau de rhinocéros traverser la rue en contrebas.
La porte de la salle de bain, poussée par Jean, est sur le point de céder. Berenger, ne pouvant plus supporter la terreur et l'horreur de la situation, fuit l'appartement en courant. Il se précipite dans la rue, où le chaos règne de plus en plus, marqué par la présence omniprésente des rhinocéros, symboles d'une déshumanisation croissante et d'un conformisme destructeur.
De retour dans son appartement, Berenger est en proie à une paranoïa grandissante. La crainte de se transformer lui-même en rhinocéros le hante, chaque changement dans son corps ou dans son esprit lui semble suspect. Il se surveille attentivement, tentant de détecter les premiers signes de la métamorphose qui a frappé tant de ses concitoyens.
Son ami Dudard lui rend visite pour tenter de le rassurer. Dudard, toujours rationnel et calme, conseille à Berenger de ne pas s'inquiéter outre mesure. Il reconnaît qu'il ne peut pas expliquer les transformations en rhinocéros, mais il préfère adopter une attitude d'observation scientifique, espérant que les faits parleront d'eux-mêmes à terme. Pour Dudard, les transformations ne sont pas nécessairement mauvaises, mais plutôt une question de préférence personnelle, un choix que chacun est libre de faire.
Berenger, en revanche, est catégorique : ces transformations sont intrinsèquement mauvaises. Il voit la déshumanisation et la perte d'individualité comme des conséquences désastreuses de ce phénomène. Lorsque Dudard mentionne que M. Papillon, leur chef de bureau, s'est également transformé en rhinocéros, Berenger est choqué. La transformation de Papillon, une figure d'autorité et de rationalité, symbolise pour Berenger la profondeur et l'ampleur de la crise.
Dudard insiste sur l'importance de maintenir une approche objective et scientifique pour comprendre les rhinocéros. Selon lui, la rationalité et l'analyse peuvent fournir des réponses claires et éviter la panique. Berenger, toutefois, rétorque que l'intuition et les sentiments humains sont des guides plus sûrs face à une menace aussi irrationnelle. Pour Berenger, la transformation en rhinocéros représente une abdication de l'humanité, quelque chose qui ne peut être justifié par une simple analyse objective.
Pris d'une colère désespérée, Berenger se met à crier aux rhinocéros dans la rue en contrebas. Sa rage et sa peur se mêlent alors qu'il voit le logicien, autrefois symbole de la raison, transformé lui aussi en rhinocéros. Cette vision accentue encore son sentiment d'isolement et de désespoir, illustrant l'échec de la raison et de la logique face à une crise existentielle.
La situation de Berenger devient de plus en plus précaire, ses tentatives pour maintenir son humanité et son individualité semblent de plus en plus vaines face à l'inexorable progression de la métamorphose collective. La lutte entre la rationalité de Dudard et l'intuition de Berenger reflète la confrontation plus large entre la raison et l'absurde dans un monde de plus en plus déshumanisé.
Daisy arrive à l'appartement de Berenger, apportant de la nourriture pour le déjeuner. Elle semble remarquablement calme, malgré la crise croissante autour d'eux. Daisy informe Berenger et Dudard que Botard, l'employé sceptique, s'est finalement transformé en rhinocéros, comme tant d'autres habitants de la ville. Elle remarque également que les gens commencent à s'habituer à la présence des rhinocéros, une acceptation progressive de l'absurde et de l'inacceptable.
Berenger, de plus en plus alerte à la menace, remarque que les rhinocéros ont détruit la caserne de pompiers et voit de plus en plus de rhinocéros sortir des maisons. La normalisation de cette métamorphose et la destruction des institutions symboliques intensifient son sentiment de désespoir. La situation devient critique lorsque Dudard, jusque-là rationnel et distant, commence à se sentir attiré par les rhinocéros. Résigné et peut-être même fasciné, Dudard quitte l'appartement pour les rejoindre.
Alors que les têtes de rhinocéros apparaissent sur les murs, Berenger et Daisy sont de plus en plus isolés. De manière troublante, les rhinocéros commencent à paraître étrangement beaux aux yeux de Berenger, signe de l'attraction insidieuse de la transformation. Malgré ce chaos environnant, Berenger et Daisy déclarent leur amour l'un pour l'autre, affirmant que leur amour sera leur protection contre la vague de déshumanisation qui les entoure.
Daisy encourage Berenger à rester calme et à ne pas se sentir coupable, insistant sur le fait que la culpabilité gâcherait leur bonheur. Cependant, l'inquiétude de Berenger grandit lorsqu'il répond au téléphone et n'entend que les bruits des rhinocéros à l'autre bout du fil. En allumant la radio, il découvre que les bruits de rhinocéros dominent également les ondes, envahissant chaque espace de leur vie.
Le couple réalise alors avec horreur qu'ils sont peut-être les derniers humains restants dans un monde envahi par les rhinocéros. Le bruit incessant et assourdissant des rhinocéros fait trembler la maison, amplifiant leur isolement et leur désespoir. Daisy, prise par le doute, se demande si ce ne sont pas eux qui sont les anormaux, et non les rhinocéros. Elle commence à succomber à l'influence hypnotique des bruits et des mouvements des rhinocéros.
Finalement, Daisy, séduite par l'attrait de la transformation et incapable de supporter la pression, quitte également l'appartement, laissant Berenger complètement seul. Cette défection marque un point de non-retour pour Berenger, qui se retrouve isolé dans sa lutte pour maintenir son humanité. Berenger, désormais seul, doit affronter le choix ultime : résister jusqu'au bout ou céder à la transformation inévitable.
Bouleversé par l'abandon de Daisy et par l'isolement qui l'entoure, Berenger est plongé dans une profonde crise existentielle. Il se demande s'il devrait essayer de communiquer avec les rhinocéros, espérant peut-être les ramener à leur forme humaine par la force de sa volonté et de sa persuasion. Dans son désespoir, il envisage même la possibilité de rejoindre les rangs des rhinocéros, sentant une attraction morbide vers cette nouvelle normalité. Se regardant dans un miroir, il se trouve laid et en vient à désirer ressembler aux rhinocéros, dont l'apparence, autrefois monstrueuse, semble désormais incarner la force et l'unité.
Cependant, cette tentation est rapidement éclipsée par un sursaut de détermination et de résistance. Berenger se redresse soudainement, animé par un nouveau feu intérieur. Il déclare avec une intensité renouvelée qu'il combattra les rhinocéros, qu'il ne se laissera pas transformer ni influencer par leur présence envahissante. Ce cri de défi marque un tournant décisif pour Berenger.
Il affirme qu'il restera le dernier homme debout, refusant de céder à la pression sociale et à la déshumanisation qui ont envahi sa ville et ses proches. Dans un acte de rébellion ultime, Berenger s'engage à maintenir son humanité coûte que coûte, à se battre pour ses valeurs et son individualité face à une majorité transformée. Il décide de ne pas se laisser submerger par la peur ou le désespoir, mais de puiser dans ses dernières forces pour résister à la vague de conformisme représentée par les rhinocéros.
Berenger, désormais seul mais résolu, incarne la lutte de l'individu contre les forces oppressives et irrationnelles de la société. Sa détermination à rester humain, malgré l'isolement et l'adversité, fait de lui un symbole de résistance et d'intégrité dans un monde en pleine déliquescence. Le rideau tombe sur cette scène de défi, laissant le spectateur réfléchir à la signification profonde de la lutte de Berenger et à l'importance de préserver son humanité face à toutes les formes de pression sociale.
Écrire commentaire