Phèdre, tragédie en cinq actes de Jean Racine, est l'une des œuvres les plus célèbres du théâtre classique français. Représentée pour la première fois en 1677, elle s'inspire du mythe grec de Phèdre, épouse de Thésée, et explore des thèmes comme la passion dévorante, la culpabilité, le destin tragique et la fatalité. La pièce repose sur l'amour incestueux et coupable que Phèdre éprouve pour son beau-fils, Hippolyte, et les terribles conséquences de cet amour.

 

Acte I : La révélation de l'amour coupable

La pièce s'ouvre sur le jeune prince Hippolyte, fils de Thésée, roi d'Athènes. Hippolyte annonce à son confident Théramène qu'il a décidé de quitter Trézène, où il vit avec Phèdre et son demi-frère Aricie, pour partir à la recherche de son père Thésée, disparu depuis plusieurs mois. Hippolyte, bien que réputé pour son caractère froid et réservé, révèle qu'il est secrètement amoureux d'Aricie, une princesse captive du trône d'Athènes et appartenant à une famille ennemie. Cependant, il est tourmenté par cet amour car il sait que son père le désapprouverait.

Pendant ce temps, dans le palais, Phèdre, la deuxième épouse de Thésée et la belle-mère d'Hippolyte, est gravement malade. Elle est rongée par un amour coupable et interdit pour Hippolyte. Oenone, sa nourrice et confidente, essaie de la réconforter et de comprendre les raisons de son mal. Finalement, Phèdre avoue à Oenone qu'elle est follement amoureuse d'Hippolyte, un amour qu'elle ne peut contrôler et qui la consume. Elle explique que cet amour remonte à l'époque où elle a aperçu Hippolyte pour la première fois, bien avant son mariage avec Thésée.

La révélation de cet amour interdit plonge Phèdre dans le désespoir. Elle souhaite mourir plutôt que de révéler ses sentiments inavouables à Hippolyte et d'affronter la honte. Cependant, à la fin de l'acte, une rumeur annonce que Thésée serait mort, ce qui laisse Phèdre désemparée, car elle voit une nouvelle dimension dans son amour interdit.

 

Acte II : La déclaration à Hippolyte

Dans cet acte, Hippolyte, maintenant conscient de la possible mort de son père, décide de déclarer son amour à Aricie. Il lui confie ses sentiments, mais il est hésitant à poursuivre cette relation en raison de l'hostilité entre leurs familles. Aricie, touchée par les aveux d'Hippolyte, lui répond favorablement, bien qu'elle soit surprise par la tendresse inattendue de ce jeune homme réputé pour son insensibilité.

Pendant ce temps, Phèdre, sous l'influence d'Oenone, décide de tenter l'impossible : elle va avouer son amour à Hippolyte, espérant peut-être être comprise ou du moins, libérer son cœur de ce poids insupportable. Dans une scène dramatique, Phèdre rencontre Hippolyte et lui révèle sa passion, malgré sa honte. Hippolyte est horrifié et repousse immédiatement Phèdre. Il se sent trahi par cet aveu, qu'il considère comme une insulte à la mémoire de son père. Phèdre, submergée par la culpabilité et le désespoir, tente de se justifier, mais elle comprend que ses sentiments ont dépassé les limites de ce qui est moralement acceptable.

Hippolyte fuit la scène, laissant Phèdre seule et humiliée. La tragédie semble déjà inexorable, car la relation entre les personnages devient encore plus tendue.

 

Acte III : Le retour inattendu de Thésée

L'acte commence par un retournement de situation majeur : Thésée n'est pas mort et revient soudainement à Trézène, provoquant la panique chez les personnages. Hippolyte, qui avait espéré partir pour éviter de croiser sa belle-mère, est contraint de rester pour accueillir son père.

Phèdre, terrifiée par le retour de son époux, craint que ses sentiments pour Hippolyte ne soient découverts. Oenone, cherchant à protéger Phèdre, élabore un plan : elle conseille à Phèdre de ne rien avouer à Thésée, mais plutôt de laisser entendre qu'Hippolyte lui-même aurait tenté de séduire Phèdre. Phèdre, bien que réticente à mentir, se laisse convaincre par Oenone dans un moment de faiblesse et de peur.

Thésée, de retour au palais, est heureux de retrouver sa femme et son fils, mais il remarque rapidement que quelque chose ne va pas. Phèdre, incapable de cacher son trouble, évite son époux, tandis qu'Hippolyte, bouleversé, reste distant. Oenone finit par suggérer à Thésée que son fils a trahi sa confiance en tentant de séduire Phèdre, ce qui choque profondément le roi.

 

Acte IV : Le malentendu tragique

Thésée, furieux et se sentant trahi, confronte Hippolyte. Il l'accuse d'avoir déshonoré Phèdre et sa famille. Hippolyte, incapable de comprendre pourquoi son père le soupçonne, tente de se défendre, mais Thésée refuse de l'écouter. Convaincu de la culpabilité de son fils, Thésée le maudit et implore Neptune, le dieu de la mer, de punir Hippolyte.

Hippolyte, dévasté par cette fausse accusation, décide de quitter Trézène. Avant de partir, il fait ses adieux à Aricie, qu'il aime profondément. Il lui promet de revenir un jour pour la retrouver, mais il sait au fond de lui que son destin est désormais scellé.

Phèdre, témoin de la malédiction que Thésée a jetée sur Hippolyte, se rend compte de l'ampleur du drame qu'elle a causé. Elle est torturée par la culpabilité, sachant qu'Hippolyte est innocent, et qu'elle est responsable de cette injustice.

 

Acte V : La tragédie finale

Dans cet acte final, la tragédie atteint son paroxysme. Un messager arrive et informe Thésée qu'Hippolyte est mort dans un accident provoqué par un monstre marin, envoyé par Neptune en réponse à la malédiction de Thésée. Hippolyte a été traîné par ses chevaux affolés après que la créature a surgi des flots.

Thésée est accablé de douleur en réalisant qu'il est en partie responsable de la mort de son fils. Il commence à douter de la véracité des accusations portées contre Hippolyte et demande des explications à Phèdre.

Phèdre, rongée par la culpabilité et le remords, avoue finalement la vérité à Thésée : c'est elle qui a éprouvé un amour coupable pour Hippolyte, et ce dernier n'a jamais essayé de la séduire. Dévastée par ce qu'elle a causé, Phèdre se donne la mort en buvant du poison.

La pièce se termine sur la solitude et la douleur de Thésée, qui a perdu à la fois son fils et son épouse, et qui doit vivre avec le poids de cette tragédie.

 

Conclusion :

Phèdre est une tragédie classique qui explore les thèmes de la passion, du destin et de la culpabilité. Racine, en reprenant le mythe antique, met en lumière la puissance destructrice de l'amour et de la jalousie. À travers le personnage de Phèdre, il illustre comment une passion incontrôlable peut conduire à la perte et à la tragédie, non seulement pour celle qui en est victime, mais aussi pour tous ceux qui l'entourent.