Résumé détaillé de "La Machine Infernale" de Jean Cocteau

Résumé détaillé de "La Machine Infernale" de Jean Cocteau

"La Machine infernale", écrite par Jean Cocteau en 1932, est une réécriture moderne et originale de la tragédie antique de Sophocle, Œdipe Roi. Cocteau, avec son style poétique et onirique, revisite le mythe d'Œdipe en y apportant une touche d'humour, de fantastique, et de réflexions sur le destin. À travers les quatre actes de la pièce, il montre comment les personnages se retrouvent prisonniers d'une "machine infernale" qui est celle du destin, qu’ils ne peuvent ni comprendre ni éviter.

 

Acte I : Le Spectre

L’acte s'ouvre dans le palais de Thèbes. Jocaste, reine de Thèbes et épouse de Laïus, dort profondément. En contraste avec cette tranquillité, l’atmosphère est mystérieuse et angoissante. Des soldats montent la garde autour du palais, discutant de l’agitation dans la ville due à la présence du Sphinx, une créature mystérieuse qui terrorise la région en posant des énigmes mortelles à ceux qu'elle croise.

Tout à coup, un spectre, incarnant la mort et le destin, apparaît aux soldats. Ce spectre annonce à demi-mot la tragédie à venir, mais les soldats, plongés dans leur routine militaire et leur pragmatisme, ne comprennent pas les implications de ses paroles. Le spectre s’adresse directement au public, brisant le quatrième mur, pour lui révéler qu’il est le véritable maître des événements. L'acte se termine avec une montée en tension alors que le spectre semble annoncer que la tragédie est inéluctable.

 

Acte II : La Voix du Sphinx

L’acte se déplace dans les montagnes aux abords de Thèbes, où se trouve le Sphinx. Cocteau réinvente le personnage mythique du Sphinx, en le représentant non plus comme une simple créature monstrueuse, mais comme une figure plus humaine et complexe, un être tourmenté par son propre destin.

Le Sphinx, incarné par une femme, est fatigué de son existence éternelle et de sa tâche de poser des énigmes aux voyageurs. Elle est consciente que son rôle est d’être battue par un homme, l'élu, mais elle redoute cette confrontation tout en l'attendant avec une sorte de fascination morbide. Elle est un personnage de tragédie elle aussi, prisonnière de la "machine infernale" du destin, tout comme les autres personnages.

Œdipe arrive alors, en quête de vérité. Il ne sait pas encore qu’il est le fils de Laïus et de Jocaste, qu’il a déjà tué son père sans le savoir. Le Sphinx lui pose l'énigme fatidique. Contre toute attente, Œdipe résout l'énigme (réponse : l’homme) et libère ainsi Thèbes du fléau du Sphinx. L'acte se termine avec le suicide du Sphinx, qui accepte son destin tragique en se précipitant dans le vide.

 

Acte III : Le Mariage d’Œdipe et Jocaste

Cet acte se déroule dans le palais royal, où Œdipe, désormais roi de Thèbes après avoir libéré la ville du Sphinx, s'apprête à épouser Jocaste, la reine. Ni Œdipe ni Jocaste ne savent qu’ils sont en réalité mère et fils. Ils sont profondément attirés l’un par l’autre, mais leur relation est bâtie sur une ignorance tragique.

Jocaste, malgré son âge plus avancé, retrouve une nouvelle jeunesse auprès d’Œdipe. Ils échangent des dialogues empreints d’amour et de sensualité, mais une menace plane constamment sur eux. Cocteau joue sur l’ironie tragique, car le spectateur, lui, sait que leur amour est incestueux et conduira à leur perte.

Tirésias, le devin aveugle, tente d’intervenir en révélant à Œdipe la vérité. Mais Œdipe, fier et confiant, refuse d'écouter les avertissements du devin et s’enfonce davantage dans la spirale du destin. Jocaste, elle aussi, est aveuglée par son amour pour Œdipe et choisit de ne pas voir la vérité. Le mariage se poursuit, scellant le destin tragique des deux protagonistes.

 

Acte IV : La Nuit de Noces

Cet acte final est le point culminant de la tragédie. L'action se déroule dans la chambre nuptiale après le mariage d’Œdipe et Jocaste. C’est dans cette scène que la vérité éclate et que les personnages sont confrontés aux conséquences de leurs actes.

Le spectre réapparaît pour assister à cette nuit fatidique, mais cette fois-ci, il ne reste plus en retrait. Œdipe commence à comprendre peu à peu qu'il est l'assassin de son propre père, Laïus, et qu’il a épousé sa propre mère. Le destin qu’il a cherché à fuir toute sa vie s’est inévitablement accompli. Cocteau met ici en scène la réalisation brutale de cette vérité, avec une intensité dramatique qui va crescendo.

Jocaste, accablée par cette révélation, se suicide dans un ultime geste de désespoir. Œdipe, horrifié par la vérité et pris de remords, se crève les yeux pour échapper à la vue de ce qu’il a fait. L’acte se termine sur cette image d'Œdipe, désormais aveugle, errant dans le noir, victime de la "machine infernale" du destin qu'il n’a jamais pu maîtriser.

 

Conclusion :

La Machine infernale est une réinterprétation brillante et moderne du mythe d’Œdipe, où Jean Cocteau utilise le destin comme une force implacable et inévitable qui manipule les personnages. À travers les quatre actes, la pièce mêle tragédie antique et éléments fantastiques, tout en explorant des thèmes profonds tels que la fatalité, l’ironie dramatique et l’incapacité des êtres humains à échapper à leur destin.

Les personnages sont tous, d’une manière ou d’une autre, prisonniers de cette "machine infernale" qu'est le destin, et leurs tentatives pour y échapper ne font qu’accélérer leur chute. Cocteau mélange habilement les dialogues contemporains avec l'esthétique antique, créant ainsi une œuvre à la fois intemporelle et ancrée dans son époque.

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