Madame Bovary est souvent classée comme un exemple précurseur du naturalisme, bien qu'il ait aussi des caractéristiques du réalisme. Il est important de noter que le naturalisme est un mouvement littéraire qui a émergé après la publication de Madame Bovary, mais l'œuvre de Flaubert a influencé ce mouvement et partage plusieurs de ses caractéristiques. 

Le naturalisme, dérivé du réalisme, est connu pour sa tentative de présenter une représentation "scientifique" de la réalité. Les écrivains naturalistes voulaient examiner les forces sous-jacentes qui influencent le comportement humain, y compris les aspects sociaux, économiques et biologiques.

Dans Madame Bovary, nous pouvons voir ces traits naturalistes dans l'examen détaillé de Flaubert de la vie provinciale française et de la bourgeoisie. Son écriture présente des descriptions détaillées et minutieuses de la vie quotidienne, des objets et des lieux, suggérant un souci du détail qui correspond à l'approche "scientifique" du naturalisme.

De plus, le roman de Flaubert explore comment l'environnement et la société peuvent influencer et même déterminer le comportement humain. Emma Bovary est victime de ses désirs et aspirations, qui sont largement influencés par les livres romantiques qu'elle lit, et aussi par l'ennui de la vie provinciale. Elle est finalement détruite par ces forces, suggérant une vision déterministe de la vie humaine qui est en accord avec le naturalisme.

Cependant, le roman reste largement réaliste dans sa représentation du caractère humain et de la société, sans l'accent mis par le naturalisme sur la biologie et les instincts animaux. Par conséquent, alors que Madame Bovary partage certaines caractéristiques avec le naturalisme, elle n'est pas strictement un roman naturaliste.

L'histoire de "Madame Bovary" commence avec Charles Bovary, un médecin de campagne simple et bon, dont la première femme, une riche veuve, est imposée par sa mère. À la mort de cette dernière, il rencontre Emma Rouault, une jeune femme ravissante et rêveuse, fille d'un de ses patients. Séduit par sa beauté et sa sophistication, il tombe éperdument amoureux et la demande en mariage. Emma, qui a grandi en lisant des romans romantiques, voit en ce mariage l'occasion d'échapper à l'ennui de sa vie à la ferme. Après leur mariage, Emma réalise rapidement que la vie avec Charles n'est pas le roman idéalisé qu'elle a imaginé. Elle se retrouve insatisfaite et désenchantée par la vie monotone en province et par l'absence d'éclat de son mari. Son seul refuge se trouve dans ses livres, à travers lesquels elle continue à rêver d'une vie plus excitante et passionnante. Dans sa quête de passion et d'excitation, Emma commence à avoir des liaisons extraconjugales. Sa première liaison est avec Rodolphe Boulanger, un séducteur local, qui profite de sa naïveté et de son insatisfaction. Emma se donne complètement à lui, croyant avoir trouvé l'amour passionné qu'elle a lu dans ses livres. Cependant, Rodolphe, ne partageant pas les mêmes sentiments, finit par la quitter brutalement, laissant Emma dévastée. Plutôt que de tirer des leçons de cette expérience, Emma se jette dans une autre liaison, cette fois-ci avec Léon Dupuis, un clerc de notaire qu'elle avait rencontré tôt dans son mariage. Encore une fois, la liaison est passionnée au début, mais finit par s'estomper, laissant Emma de nouveau insatisfaite. Pour maintenir l'apparence d'une vie de luxe qu'elle désire, Emma accumule d'énormes dettes. Elle devient obsédée par l'argent et manipule Charles, son mari, pour obtenir ce qu'elle veut. En fin de compte, sa situation financière se détériore à tel point qu'elle se voit dans l'impossibilité de rembourser ses dettes. Dans un acte de désespoir, elle choisit de se suicider par ingestion d'arsenic. La vie d'Emma Bovary est donc un récit tragique de désirs insatisfaits et d'idéaux romanesques en contraste avec la dure réalité. Sa quête d'une vie passionnée et excitante la conduit finalement à sa perte.

Le personnage d'Emma Bovary est un défi constant aux attentes traditionnelles de la société du XIXe siècle en France, et c'est précisément ce qui fait le plaisir du romanesque dans ce roman.

À cette époque, les femmes étaient souvent confinées dans des rôles domestiques et attendues d'être dociles, obéissantes et satisfaites de leur vie en tant qu'épouses et mères. Emma, cependant, se rebelle contre ces attentes. Elle aspire à une vie d'aventure, de passion et d'excitation, très éloignée de la monotonie de sa vie de province. Elle se tourne vers les romans pour échapper à sa vie réelle et se laisse emporter par leurs récits romantiques et dramatiques.

Cette rébellion contre les conventions sociales est une source majeure de tension dans le roman et crée un fort contraste avec les autres personnages qui se contentent de leur vie et respectent les normes sociales. Le dévouement de Charles à son travail et sa satisfaction dans sa vie simple mettent en évidence le mécontentement et le désir d'Emma pour plus. Les voisins de la Bovary, avec leur potins et leurs jugements, représentent également les normes sociales restrictives contre lesquelles Emma se bat.

En outre, le fait qu'Emma vive selon ses propres désirs, bien qu'ils la conduisent finalement à sa chute, ajoute au romanesque du récit. Ses affaires passionnées, son désir de luxe et son désespoir ultime sont tous des éléments de roman qui la mettent en contraste frappant avec les autres personnages du roman.

Ainsi, le fait qu'Emma soit en marge des attentes de la société alimente l'intrigue romanesque de Madame Bovary. Son refus de se conformer à la vie provinciale et ses efforts pour poursuivre ses propres désirs rendent le récit captivant et ajoutent une profondeur à son personnage qui fascine toujours les lecteurs aujourd'hui.

Dans Madame Bovary, Flaubert peint un tableau sombre mais fascinant des désirs non réalisés, des illusions romantiques et des conséquences désastreuses de l'insatisfaction. Le récit continue d'écho dans le cœur des lecteurs contemporains, offrant une exploration sans compromis de la condition humaine.