Résumé de "Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise" de Dai Sijie
Résumé par partie
Le roman "Balzac et la petite tailleuse chinoise" débute avec l'arrivée du narrateur anonyme, fils de deux médecins, et de son meilleur ami, Luo, fils d'un dentiste, dans un petit village reculé sur la montagne du Phénix. Ils y sont envoyés pour une "rééducation" imposée par le président Mao, afin de devenir des agriculteurs simples et mener une vie rustique, loin des influences bourgeoises. Toutes les formes de culture occidentale, y compris les livres et la musique, sont strictement interdites. Cependant, le narrateur parvient à garder son violon en prétendant jouer des airs révolutionnaires célébrant le président Mao. En réalité, il nourrit l'espoir que son talent musical pourrait un jour lui offrir une issue pour quitter la montagne. Sinon, les perspectives pour les deux garçons de s'échapper de ce mode de vie sont très minces.
Luo, quant à lui, n'a pas la chance de posséder un talent aussi tangible. Son seul don est celui de la narration, une compétence qui semble inutile dans le contexte de la révolution culturelle. Pourtant, ce talent attire l'attention du chef du village, qui apprécie les capacités de Luo à raconter des histoires captivantes. Remarquant leur habileté à rejouer les intrigues complexes des films qu'ils ont vus, le chef décide d'envoyer Luo et le narrateur dans une ville éloignée, située à deux jours de marche, pour visionner des films. Leur mission est de revenir au village et de raconter ces films aux agriculteurs locaux.
Au cours de ces voyages, Luo rencontre la petite couturière, la fille d'un célèbre tailleur du village voisin. Elle est non seulement belle mais aussi intelligente, et elle se montre intéressée par les deux garçons. Un jour, elle obtient la permission pour que Luo et le narrateur viennent dans son village pour rejouer un film aux agriculteurs. Malheureusement, Luo tombe gravement malade. La petite couturière, montrant une grande compassion et un talent pour les soins, s'occupe de lui jusqu'à ce qu'il retrouve la santé. Cette période de convalescence renforce leur lien, et ils finissent par s'embrasser, marquant le début d'une relation spéciale entre eux.
Cette première partie du roman pose les bases de l'intrigue, en mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés Luo et le narrateur dans un environnement où la culture et la liberté d'expression sont sévèrement restreintes. Les personnages commencent à nouer des liens significatifs qui influenceront profondément leurs vies et leurs perspectives futures.
Dans la deuxième partie de "Balzac et la petite tailleuse chinoise", les garçons, Luo et le narrateur, ont un ami nommé Four-Eyes, qui est également en rééducation dans un village voisin. Ils découvrent que Four-Eyes possède une valise remplie de livres occidentaux interdits, une véritable trésor culturel en ces temps de répression. Par des moyens persuasifs, ils réussissent à convaincre Four-Eyes de leur prêter un livre, et il leur donne un ouvrage d'Honoré de Balzac. La lecture de ce livre transporte les garçons dans un monde fascinant et inconnu. Luo, particulièrement touché par l'histoire, la raconte à la petite couturière, qui est profondément impressionnée. Leur relation s'intensifie et ils finissent par avoir des relations sexuelles.
Enivrés par la découverte de Balzac, les garçons tentent de persuader Four-Eyes de leur prêter d'autres livres, mais celui-ci refuse catégoriquement. Four-Eyes voit alors une opportunité de sortir de la rééducation lorsqu'on lui propose un poste dans un journal de littérature révolutionnaire, à condition qu'il puisse transcrire des paroles de chansons folkloriques locales. Cependant, lorsqu'il tente de convaincre un vieil homme de lui réciter ces chansons, l'homme refuse de coopérer.
Voyant une opportunité, Luo et le narrateur proposent leur aide à Four-Eyes en échange de plus de livres. Ils réussissent à obtenir les paroles, mais elles s'avèrent être des chansons vulgaires et impudiques. Conscient que de telles chansons ne seront jamais acceptées par le journal, Four-Eyes refuse de donner les livres promis aux garçons.
Déterminé à tirer profit de la situation, Four-Eyes décide de modifier les paroles des chansons pour les faire passer pour des hymnes révolutionnaires. Cette ruse fonctionne, et il est embauché par le journal, ce qui lui permet de quitter la montagne et de retrouver une vie plus civilisée.
La veille de son départ, un grand banquet est organisé en l'honneur de Four-Eyes. Profitant de l'agitation et de l'ivresse ambiante, le narrateur et Luo s'introduisent furtivement dans la maison de Four-Eyes et volent la précieuse valise contenant les livres interdits. Cette audacieuse opération marque un tournant dans leur vie, car ils accèdent ainsi à une richesse intellectuelle inestimable qui transformera leur vision du monde.
Grâce à ces livres, Luo et le narrateur plongent dans des récits qui élargissent leur horizon et nourrissent leur imagination, tout en continuant à impressionner et à séduire la petite couturière avec ces histoires. L'influence de la littérature occidentale sur leur vie ne fait que commencer, et les conséquences de cette audace se feront sentir de manière profonde et durable.
Dans la troisième partie de "Balzac et la petite tailleuse chinoise", le chef du village s'absente pendant un mois, ce qui permet à Luo et au narrateur de profiter de cette liberté pour lire avidement les livres qu'ils ont volés. Luo en profite également pour rendre visite quotidiennement à la petite couturière et lui lire des extraits des œuvres qu'ils ont découvertes. Ce temps passé ensemble renforce leur lien et nourrit l'esprit de la petite couturière avec des idées de liberté et de vie urbaine.
À son retour, le chef du village exige de Luo, dont le père est dentiste, qu'il répare sa dent douloureuse. Luo refuse obstinément. Peu après, le célèbre tailleur, père de la petite couturière, vient séjourner chez Luo et le narrateur. Pendant son séjour, ils lui racontent l'histoire captivante du "Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas. Malheureusement, le chef du village les surprend et menace de les dénoncer pour avoir raconté ces histoires subversives si Luo ne consent pas à soigner sa dent.
Contraint, Luo accepte finalement et utilise l'aiguille de la machine à coudre du tailleur pour remplir la dent du chef, avec l'aide du narrateur. Ils procèdent lentement, infligeant délibérément un maximum de douleur au chef, pour se venger de son autorité tyrannique.
Peu de temps après, Luo apprend que sa mère est malade et obtient la permission de quitter la montagne pendant un mois pour lui rendre visite. Pendant son absence, la petite couturière confie au narrateur qu'elle est enceinte. La situation est critique car la grossesse hors mariage, l'avortement et le mariage avant l'âge de 25 ans sont illégaux dans leur contexte répressif.
Déterminé à aider, le narrateur se rend en ville pour trouver une solution. Il rencontre un gynécologue et, en échange d'une copie précieuse d'"Ursule Mirouët" de Balzac, parvient à obtenir son accord pour pratiquer un avortement clandestin. L'intervention a lieu, sauvant ainsi la petite tailleuse des conséquences juridiques et sociales de sa grossesse.
Malgré ces efforts pour préserver son avenir, la petite couturière décide de quitter la montagne. Inspirée par les récits des livres occidentaux, elle aspire désormais à une vie urbaine, pleine de promesses et de possibilités. Sa décision marque un tournant poignant, illustrant l'impact profond de la littérature sur son esprit et son désir de liberté.
Dévasté par son départ et probablement pour effacer les souvenirs de leur temps ensemble, Luo décide de brûler tous les livres qu'ils avaient volés. Ce geste symbolise à la fois la fin d'une époque d'évasion intellectuelle et la résignation à la réalité brutale de leur existence sous la répression maoïste.
Ainsi, "Balzac et la petite tailleuse chinoise" se conclut sur une note mélancolique mais porteuse d'espoir, montrant comment la littérature peut inspirer et transformer, même dans les circonstances les plus difficiles.
Explication
Dans l'œuvre "Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise", Dai Sijie présente les protagonistes Luo et le narrateur, deux adolescents cultivés et provenant de familles intellectuelles. Pendant la Révolution Culturelle chinoise, ils sont envoyés dans une région montagneuse reculée pour une rééducation par le travail, un programme où l'intelligentsia citadine était forcée à vivre et travailler dans des conditions rurales austères pour renforcer leur solidarité avec la classe ouvrière.
Dans cet environnement inhospitalier, les deux amis sont confrontés à des conditions de vie difficiles et étrangères à leur vie précédente en ville. Cependant, ils trouvent du réconfort dans les évasions littéraires, qui deviennent leur bouée de sauvetage dans un monde sans livres ni liberté intellectuelle. La lecture est leur seul échappatoire, leur permettant de voyager mentalement loin des montagnes inhospitalières et de la dureté de leur vie quotidienne.
Un jour, ils font une découverte qui change leur existence : une malle secrète pleine de romans occidentaux interdits, allant de Balzac à Dumas. Ces livres deviennent pour eux un trésor inestimable, une source d'inspiration et d'éducation qui éclaire leur monde autrement sombre. Ces œuvres, bien que bannies par le régime, deviennent une passerelle vers un univers plus large, un monde d'idées et de pensées libres, ravivant leur esprit malgré les circonstances difficiles.
La vie de Luo et du narrateur prend une nouvelle direction avec l'arrivée d'un personnage clé : la Petite Tailleuse. Cette jeune villageoise, belle et énergique, capte immédiatement leur attention. En dépit de son environnement rural et de son éducation limitée, elle est vive d'esprit et affiche une curiosité insatiable.
Luo, particulièrement attiré par la Petite Tailleuse, décide de la séduire à travers la littérature. C'est ainsi qu'ils introduisent la Petite Tailleuse au monde des grands auteurs occidentaux, lui lisant des extraits de Balzac, de Dumas, et d'autres. Ce faisant, ils ouvrent non seulement la porte d'un monde culturellement riche et diversifié à la Petite Tailleuse, mais transforment également sa compréhension du monde.
La rencontre avec Balzac et les autres auteurs occidentaux a un impact profond sur la Petite Tailleuse. Ces œuvres élargissent son horizon, remettent en question ses croyances et influencent profondément sa vision de la vie. Ces expériences littéraires lui permettent de voir au-delà de la vie du village et de rêver de possibilités plus vastes. La transformation de la Petite Tailleuse symbolise le pouvoir de la littérature à éveiller l'esprit, à provoquer le changement et à défier l'ordre établi.
L'intrigue de "Balzac et la Petite Tailleuse chinoise" révèle de manière émouvante le pouvoir transformatif de la littérature. Le personnage de la Petite Tailleuse en est l'exemple le plus frappant. Élevée dans un environnement rural, avec un accès limité à l'éducation formelle, elle est soudainement exposée à un univers de pensées, d'idées et de rêves grâce à la découverte de la littérature occidentale.
Les récits qu'elle entend, racontés avec passion par Luo et le narrateur, allument en elle un feu d'ambition et de curiosité. Elle est particulièrement touchée par les œuvres de Balzac, qui dépeignent un monde si différent du sien. Ces histoires deviennent pour elle des fenêtres sur des réalités et des opportunités jusqu'alors inconnues. Elles éveillent son désir de grandeur, de beauté et d'aventure, des sentiments qu'elle n'aurait jamais explorés sans cette rencontre avec la littérature.
La Petite Tailleuse commence à rêver d'une vie bien au-delà de la montagne isolée sur laquelle elle a grandi, une vie remplie de possibilités et de libertés. C'est ainsi que la littérature devient un moyen d'évasion, un moyen d'explorer l'inconnu et, surtout, un moteur de transformation personnelle. Les histoires qu'elle entend la changent profondément, modelant ses désirs, ses aspirations et sa vision du monde.
En somme, le roman démontre avec une puissante éloquence comment la littérature peut élargir les horizons, éveiller des désirs inexplorés et transformer les vies de manière fondamentale. La Petite Tailleuse en est le témoignage vivant : une jeune fille de la campagne qui, grâce à la découverte de Balzac et d'autres auteurs occidentaux, commence à aspirer à une vie bien au-delà des limites de sa montagne natale.
Conclusion
"Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise" est une célébration poignante du pouvoir de la littérature et une réflexion sur les changements culturels en Chine. Dai Sijie tisse une histoire émouvante d'amour, de découverte de soi et de transformation, rendant hommage à la littérature et à son rôle dans l'éveil de la conscience de soi.
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