Analyse des Fausses confidences de Marivaux, acte III, scène 9
Introduction
Nous sommes plongés dans la scène 9 de l'Acte III des "Fausses Confidences" de Marivaux, une pièce où le dénouement est imminent. Araminte, tiraillée entre ses sentiments pour Dorante et les conventions sociales, se trouve face à un dilemme crucial : doit-elle céder à l'amour ou rester fidèle aux normes de son milieu ? Dubois, valet rusé et manipulateur, joue un rôle clé dans cette situation. Il cherche à influencer Araminte, usant de sa position pour orienter ses décisions. Nous observons ainsi un contraste frappant entre une maîtresse émotionnellement fragile et un valet qui, en coulisses, orchestre les événements. Comment Dubois parvient-il à dominer cette scène et à influencer le cours des événements ? Ce commentaire littéraire vise à explorer cette dynamique complexe.
I. Le dilemme : un combat moral pour Araminte
Araminte se trouve dans un état de profonde confusion morale. Elle doit choisir entre laisser partir Dorante, un choix qui serait conforme aux attentes sociales, ou l'épouser, suivant ainsi son cœur. Ses plaintes reflètent ce conflit intérieur, oscillant entre la raison et la passion. Dubois, dans sa ruse, feint de soutenir les conventions sociales, répétant à trois reprises des phrases telles que "délivrée... n'arriverait rien... en êtes quitte", dans le but de précipiter la décision d'Araminte.
Il emploie un registre tragique pour émouvoir Araminte, évoquant la "douleur", un Dorante "plus mort que vif, si pâle et si triste". Cette stratégie affecte profondément Araminte, qui s'exclame "faut-il tuer...". Le dialogue prend alors des allures de règlement de compte, notamment lorsque le stratagème de la lettre est révélé et qu'Araminte réagit en bannissant et en accusant Dubois. Sa réaction est marquée par une indignation profonde, visible à travers ses répliques et ses actions, qui culminent dans l'accusation et le bannissement de Dubois.
II. Forces et faiblesses en présence
Du côté des faiblesses, la colère d'Araminte révèle une certaine incohérence et une perte de contrôle sur la situation. Elle admet implicitement que ses ordres n'ont pas été suivis, signe d'une autorité vacillante. Elle-même semble perdre la maîtrise de ses propres émotions, incapable de donner des directives claires, comme en témoigne sa réplique "mais qu'on aille... faut-il tuer cet homme". Son amour pour Dorante la trahit, la poussant à accuser le valet pour défendre le maître.
En revanche, les forces résident dans le machiavélisme de Dubois. Sa maîtrise absolue de la parole est évidente, notamment dans son usage du rythme ternaire "je l'ai vu si défait, si pâle et si triste", qui souligne son habileté à manipuler les émotions d'Araminte.
Conclusion
Dubois, dans "Les Fausses Confidences", se révèle être le véritable maître de l'action. Il contrôle non seulement les événements par ses actions, mais aussi par sa capacité à manipuler Araminte. Il apparaît comme le metteur en scène de la pièce, orchestrant l'intrigue avec une habileté remarquable. Cette scène illustre parfaitement la complexité des personnages de Marivaux et la finesse avec laquelle il dépeint les jeux de pouvoir et d'émotion.
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