Le Jeu de l'amour et du hasard, analyse de l'acte I, scène 1
Introduction
"Le Jeu de l'amour et du hasard" est une pièce de théâtre en trois actes écrite en prose par Marivaux, publiée en janvier 1730 et créée pour le théâtre Italien, à l'hôtel de Bourgogne. Destinée à un public plutôt aisé, cette pièce se jouait l'après-midi. Elle met en scène des personnages typiques de la comédie, tels qu'Arlequin, figure emblématique de la commedia dell'arte. Traitant de thèmes traditionnels tels que le mariage et la découverte de l'autre à travers le déguisement, la pièce déroule son intrigue en trois actes, chacun marquant une étape dans cette découverte. À travers des personnages comme Orgon, petit noble, et Silvia, jeune fille moderne désirant choisir son époux, Marivaux offre un reflet de la société de son époque, bien que la liberté accordée à Silvia par son père ne reflète pas entièrement la mentalité de l'époque, où les filles étaient généralement soumises à l'autorité paternelle. Cette concession est surtout faite pour enrichir l'intrigue. Nous allons étudier la scène d'exposition (scène 1 de l'Acte 1) de cette pièce.
I. Une discussion animée
La scène s'ouvre "in medias res", plongeant directement le spectateur dans une conversation déjà entamée entre Silvia et Lisette. Le sujet de leur dispute est le choix du mari et les qualités requises pour un bon époux. La tension monte progressivement, soulignée par l'opposition des arguments des deux femmes. La syntaxe utilisée est expressive, marquée par l'emploi fréquent de points d'exclamation, révélant un mélange d'agacement et de mépris, particulièrement perceptible dans la troisième réplique de Silvia. L'enchaînement des répliques est dynamique, chaque personnage réagissant vivement aux mots de l'autre, comme le montre la reprise des mots de Lisette par Silvia.
II. Conflit de deux personnalités
La relation entre Silvia et Lisette est complexe. D'un côté, elles sont maîtresse et servante, ce qui est souligné par leur différence sociale et leur manière de s'adresser l'une à l'autre. Lisette utilise des jurons populaires ("Pardi !", "Vertuchoux !") en contraste avec le langage plus soutenu de Silvia. Leurs costumes, que l'on imagine distinctifs, renforcent cette différence. D'un autre côté, une certaine intimité et complicité transparaissent, notamment à travers le tutoiement et les appels à la pitié de Silvia. Concernant le mariage, Lisette semble représenter l'opinion commune, tandis que Silvia utilise ce sujet pour affirmer sa personnalité, marquant une différence entre les pronoms "moi" et "on". Lisette accuse ainsi Silvia de bizarrerie.
III. Éléments de l'exposition
Sur le plan dramatique, la scène expose le projet de mariage de Monsieur Orgon et le refus de Silvia, tandis que Lisette est présentée comme célibataire. Psychologiquement, le bon sens populaire de Lisette s'oppose à la réaction de Silvia, qui exprime son inquiétude et son angoisse. La tonalité comique de la scène est due à la situation elle-même, au contraste entre les caractères des deux femmes, au comique de mœurs et de mots. Par exemple, les jurons et expressions de Lisette, qui décrit Dorante comme un morceau de viande, apportent une touche humoristique à la scène.
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