Analyse de Nevermore de Verlaine dans Les Poèmes Saturniens

Analyse de Nevermore de Verlaine dans Les Poèmes Saturniens

Introduction

 

"Nevermore", extrait de la section "Mélancholia" des "Poèmes Saturniens" de Paul Verlaine, publiés en 1866, est un sonnet classique qui reflète la profonde mélancolie du poète. Situé après "Résignation", ce poème évoque le souvenir d'un amour passé, probablement celui d'Elisa, objet d'une affection non partagée. Verlaine, à travers ce texte, s'inscrit dans la tradition romantique, exprimant un souvenir lyrique d'un premier amour perdu. Le titre "Nevermore", signifiant "jamais plus", annonce d'emblée le thème de la nostalgie et de la mélancolie.

 

I. La nostalgie de l'amour passé

 

Dans "Nevermore", la nostalgie est omniprésente, marquée par la fuite inexorable du temps. Dès l'ouverture du poème, le mot "souvenir" est mis en exergue par une anaphore, soulignant son importance. Verlaine s'adresse directement à ses souvenirs, les personnifiant, comme s'il attendait d'eux une réponse à ses interrogations intérieures. La femme aimée est idéalisée à travers des adjectifs mélioratifs tels que "voix douce" et "au frais timbre angélique", la plaçant dans une sphère presque divine.

 

La nature, souvent un reflet des sentiments du poète, évoque ici la tristesse. Les rimes en "-tone" de la première strophe créent une musicalité mélancolique, renforcée par la monotonie du paysage. L'emploi d'antithèses telles que "grive/atone" et "dardait/monotone" accentue le contraste entre la vivacité du passé et la morosité du présent. La dernière strophe, avec ses exclamations élégiaques, exprime les regrets du poète, où l'interjection "Ah !" résume la douleur d'un bonheur à la fois revécu et perdu. L'évocation des "premières fleurs" symbolise ce premier amour, terminant le poème sur une note légèrement plus joyeuse.

 

II. Un souvenir obsessionnel bien vivant

 

La structure même du poème, avec son schéma de rimes irrégulier (AAAA/BBBB/CCD/EDE), reflète le désarroi et l'émotion du poète. Dès la deuxième strophe, Verlaine se remémore les moments partagés avec son amour perdu, mettant en avant le "Nous", soulignant ainsi l'intimité partagée. Le souvenir est si vivant qu'il surgit "Soudain", comme si le passé prenait vie sous nos yeux. Cette obsession est renforcée par la répétition de "sa voix" au début du premier tercet et à la fin du second quatrain.

 

III. Un amour platonique

 

La relation évoquée par Verlaine semble empreinte de platonisme, faite d'émotions visuelles, auditives et olfactives, mais dénuée de contact physique. L'être aimé est décrit comme un être pur, symbolisé par la "main blanche", et le seul contact évoqué est un baisemain, marquant la pudeur des sentiments. L'harmonie et la compréhension mutuelle entre les deux êtres sont soulignées par le "sourire discret" en réponse au baisemain. Le zeugme "cheveux et pensée au vent" illustre une fusion entre l'homme et la nature, rattachant les pensées du couple au vent.

 

Conclusion

 

"Nevermore" est une élégie qui exprime la tristesse et la mélancolie d'un amour perdu. Verlaine y juxtapose des impressions sonores, visuelles et olfactives, créant un tableau riche et contrasté de ses émotions. Ce poème est un témoignage poignant de la douleur liée à la perte et au souvenir d'un amour idéalisé.

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