Analyse du poème "Mon rêve familier" de Verlaine

Analyse du poème "Mon rêve familier" de Verlaine

Dans "Mon rêve familier", un sonnet extrait de la section « Melancholia » des "Poèmes saturniens" de Paul Verlaine, le poète explore le thème de la femme idéalisée à travers le prisme du rêve. Ce poème en alexandrins se distingue par son exploration de la frontière entre rêve et réalité, et la représentation d'une femme à la fois familière et mystérieuse.

 

I. Un contraste rêve-réalité

 

1. Confusion entre rêve et réalité

 

Le poème commence par "je fais souvent ce rêve", un présent d'habitude qui souligne la récurrence du rêve. Le rêve est à la fois "familier" et "étrange et pénétrant", créant une contradiction entre la familiarité et l'étrangeté. Cette dualité est renforcée par les allitérations en [r] et en [t], donnant une sonorité dure au vers. Le rythme du poème est marqué par des enjambements et un refus de la césure traditionnelle, contribuant à une atmosphère de flou et de confusion. Le lieu et le temps restent indéfinis, et la femme aimée est décrite comme "lointaine", accentuant le caractère éthéré et insaisissable du rêve.

 

2. Atemporalité du poème

 

Le poème est dominé par l'usage du présent, mais des ruptures apparaissent avec l'emploi du passé, soulignant le caractère éphémère et insaisissable de la femme rêvée. L'atemporalité est également suggérée par des références à des éléments intemporels comme les "statues", symbolisant l'éternité et l'immobilité.

 

II. La femme rêvée

 

1. La femme aimée

 

La réciprocité de l'amour est affirmée ("et que j’aime, et qui m’aime"), illustrant un amour idéal basé sur la compréhension mutuelle. L'insistance sur le verbe "aimer" et les allitérations en [m] renforcent la douceur de cet amour. La femme est présentée comme la seule capable de comprendre et de consoler le poète, avec un "cœur transparent" symbolisant une compréhension profonde des émotions du narrateur. Son prénom et son apparence physique restent indéfinis, mettant l'accent sur l'amour spirituel plutôt que physique.

 

2. La femme mystérieuse

 

La femme est à la fois "inconnue" et familière, créant un paradoxe. Elle est décrite comme "ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre", renforçant son caractère mystérieux et insaisissable. Son prénom et son apparence sont flous, et elle est décrite comme "lointaine", soulignant son unicité et son mystère.

 

3. Mais cette femme n'existe pas

 

Le poème est marqué par un sentiment de mélancolie, notamment à travers l'interjection "hélas !" qui exprime le regret que cette femme n'existe que dans le rêve. Les références à la mort ("la Vie exila") et à des voix "qui se sont tues" renforcent l'idée que cette femme est une échappatoire face à la perte et à la solitude.

 

Conclusion

 

"Mon rêve familier" est un poème où Verlaine exprime sa douleur de poète hypersensible et sa capacité à s'évader de la réalité par le biais du rêve. La femme rêvée devient un refuge, une consolation face aux pertes endurées dans la réalité. Ce sonnet illustre la quête d'un idéal inaccessible, un amour parfait qui existe seulement dans l'imaginaire du poète.

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Commentaires: 1
  • #1

    MAYLEE NONAT (mardi, 13 février 2024 18:03)

    très kawai