Analyse du poème "L'autre jour que j'étais sur le haut d'un degré" de Ronsard
Dans ce sonnet IX extrait des "Sonnets pour Hélène", publié en 1578, Pierre de Ronsard explore avec une finesse remarquable le thème de la rencontre amoureuse et de ses répercussions. La problématique centrale de ce poème est de comprendre comment Ronsard narre cette rencontre et comment il parvient à évoquer l'amour à travers ses vers.
I. L'expression de l'amour
1. Le cadre énonciatif
Le poème est marqué par l'usage de la première personne du singulier ("j'", "me"), indiquant que c'est le poète lui-même qui s'exprime. Il s'adresse directement à sa bien-aimée, utilisant le pronom "tu". Le prénom de la femme, Hélène, est mentionné au vers 11, soulignant son importance dans le poème. Le champ lexical des yeux est prédominant, symbolisant le regard et la vision, éléments clés de la rencontre amoureuse. La main d'Hélène est également un motif récurrent, évoquant la pureté et la noblesse, et servant de lien physique entre les deux amants. L'usage d'une hyperbole ("éblouis") au vers 3 renforce l'intensité de cette rencontre.
2. La rencontre amoureuse
La scène se déroule dans le passé, comme l'indiquent "l'autre jour" et "j'étais". Le lieu de la rencontre est en haut d'un escalier, un espace qui suggère une certaine élévation. La rencontre est d'abord visuelle ("avisas", "vue", "yeux"), marquée par un coup de foudre, comme l'indiquent les termes "éblouis", "en sursaut" et "éclat de foudre". L'âme du poète est profondément touchée ("l'âme émue"), signifiant la pureté et la profondeur de ses sentiments.
3. Manifestations physique et morale de l'amour
Le poète exprime les effets physiques de l'amour ("J'eus de froid et de chaud la fièvre continue"), illustrant le bouleversement intérieur qu'il ressent. Le parallélisme au vers 5 souligne l'impact profond de l'amour sur son être tout entier, tant sur le plan physique que moral.
II. Poésie savante et recherchée
1. Références mythologiques
Hélène est comparée à un personnage mythologique, la "fille d'un Cygne", allusion à Zeus et à la blancheur du cygne. La référence à "éclat de foudre" au vers 6 renforce cette association avec Zeus. Ces éléments mythologiques élèvent Hélène à un statut quasi-divin, renforçant son importance et sa puissance dans le poème.
2. La position de la femme aimée
Bien que le narrateur soit positionné en haut d'un escalier, c'est Hélène qui détient le véritable pouvoir, comme l'indique le terme "victorieux". Le poème joue sur les thèmes de la vie et de la mort, avec une opposition marquée entre les deux tercets. La main d'Hélène est décrite comme ayant le pouvoir sur la vie et la mort du narrateur, mais choisit finalement la vie, comme le souligne la fin du poème. La position supérieure de la femme est ainsi mise en exergue, à travers ses attributs divins et son influence décisive sur le destin du poète.
Conclusion
Ce sonnet de Ronsard est un magnifique exemple de la manière dont la poésie peut capturer l'essence d'une rencontre amoureuse, en mêlant habilement les références mythologiques et les descriptions intimes. Ronsard parvient à créer un univers où l'amour est à la fois un événement personnel profondément ressenti et un phénomène presque divin, transcendant le temps et l'espace.
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