Analyse du poème "La Mort Fervente" d'Anna de Noailles
Introduction
"La Mort Fervente", un poème d'Anna de Noailles extrait de son recueil "Le cœur innombrable" publié en 1901, révolutionne le thème lyrique de la mort, souvent exploré par les poètes de différentes époques. De Noailles, avec une approche originale, présente la mort non pas comme une fin tragique, mais comme une transition sereine et voluptueuse vers une communion plus profonde avec la nature.
I. Une mort sereine et voluptueuse
Le poème d'Anna de Noailles s'écarte de la représentation traditionnelle de la mort en tant qu'événement tragique et douloureux, pour en proposer une vision empreinte de sérénité et de volupté. Cette approche est perceptible à travers le lexique choisi par la poète, utilisant des mots comme "paisible" et "calmement", et par l'emploi d'euphémismes tels que "s’en aller" et "s’endormir", qui adoucissent la notion de la mort. Ces termes, loin de souligner la souffrance, suggèrent plutôt un départ tranquille et un sommeil apaisé. De même, l'emploi de l'alexandrin confère au poème un rythme lent et harmonieux, renforçant l'idée d'une mort paisible.
La sensualité de la mort est également mise en avant par un lexique riche en sensations et en images sensorielles. De Noailles convoque des images visuelles de la nature, des parfums enivrants et des sons apaisants pour créer une ambiance où la mort se transforme en une expérience sensorielle intense. L'usage de la synesthésie, mêlant différentes sensations, souligne la volupté associée à l'acte de mourir dans ce poème.
II. Une communion panthéiste avec la vie universelle
Le panthéisme, qui perçoit Dieu et la nature comme une seule entité, est un élément central du poème. La mort est décrite non pas comme une rupture avec la vie, mais comme une fusion avec la nature universelle. Cette idée est appuyée par le lexique de la fusion ("mêlant", "joignant", "baignant") et par de nombreux compléments circonstanciels de lieu et de temps qui illustrent l'harmonie avec la nature. La construction de la deuxième strophe, marquée par l'utilisation de participes présents, suggère une simultanéité et une continuité entre la vie et la mort.
Les métaphores employées par de Noailles enrichissent ce thème. La comparaison de la mort à une grappe mûre, prête à être cueillie, suggère la naturalité et l'inéluctabilité de ce processus. La personnification des bois, avec leurs "yeux fleurissants", renforce l'impression de fusion entre l'homme et la nature, où la frontière entre les deux devient floue.
Enfin, la mort est présentée comme une révélation, un passage initiatique vers la compréhension des mystères de la nature. Le choix de l'été ou du printemps comme saisons pour mourir symbolise l'épanouissement et le renouvellement perpétuel de la vie, malgré la mort. Ainsi, la nature apparaît éternelle et sans cesse renouvelée, soulignée par les rimes claires et les images de jeunesse et de vieillissement.
Conclusion
"La Mort Fervente" d'Anna de Noailles se révèle être bien plus qu'un simple poème sur la mort. C'est un hymne à la vie, célébrant la mort comme un passage vers une union plus intime avec la nature. En renouvelant le thème de la mort, de Noailles invite à percevoir cet événement non pas comme une fin, mais comme une porte s'ouvrant sur l'immensité et la beauté du monde naturel.
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