Dans "Les Mouches" de Jean-Paul Sartre, le passage étudié intervient après le double meurtre commis par Oreste. Cet acte marque un tournant dans la pièce, surtout dans la relation entre Oreste et Electre, ainsi que dans leur perception individuelle de la liberté et du remords.

REPLIQUES D'ORESTE:

Oreste, dans ce passage, s'affirme comme un homme libre, une liberté acquise à travers l'acte qu'il vient de commettre. Sa liberté est soulignée par la répétition du "je suis libre" et la métaphore de la foudre qui renvoie à une transformation soudaine et violente. Cette liberté est perçue comme un poids à porter, symbolisé par la métaphore du passeur. Oreste accepte la responsabilité de son acte, ce qui marque une évolution par rapport à sa position antérieure d'absence de liens et de racines. La marche sur "mon chemin" illustre un engagement actif et déterminé dans la vie, contrairement à son errance passée. Il est intéressant de noter que, malgré la gravité de son acte, Oreste ne ressent pas de remords, ce qui contraste fortement avec Electre.

REPLIQUES D'ELECTRE:

Electre, quant à elle, ne se sent pas libre après le meurtre. Elle exprime une sensation d'enfermement dans un acte irréversible, et ce sentiment est exacerbé par son obsession des Mouches, symboles des remords et de la culpabilité. La progression vers l'obscurité ("la nuit est épaisse" jusqu'à "je ne peux plus te voir") marque une descente dans la terreur et le désespoir. Les comparaisons et les métaphores utilisées par Electre (comme celles des mouches et des raisins noirs) renforcent l'intensité de sa souffrance psychologique et de son sentiment d'oppression.

CONCLUSION:

Ce passage de "Les Mouches" révèle une divergence profonde entre Oreste et Electre. Oreste embrasse sa liberté et assume pleinement son acte, tandis qu'Electre est accablée par le remords et la terreur. Sartre utilise habilement des images symboliques et des métaphores pour illustrer les thèmes de la liberté, du remords et de la responsabilité personnelle. La liberté d'Oreste, bien que pleinement assumée, contraste avec la souffrance d'Electre, soulignant ainsi la complexité des conséquences morales et émotionnelles de leurs actes. La pièce interroge ainsi la nature de la liberté humaine, thème cher à l'existentialisme sartrien, et explore les répercussions des choix individuels dans un univers où les dieux sont absents ou impuissants.