Analyse du poème "Hommage à la vie" de Supervielle
Introduction
Dans "Hommage à la vie", Jules Supervielle, habituellement reconnu pour ses écrits empreints de mélancolie, surprend par un élan de joie de vivre. Ce poème de quarante vers, bien qu'il ne soit pas structuré en strophes traditionnelles, se découpe naturellement en plusieurs parties, chacune introduite par les répétitions de "C'est beau" et "D'avoir". Bien que le locuteur semble être un homme en général, la révélation au dernier vers que c'est en fait l'auteur lui-même qui parle, ajoute une dimension personnelle et intime au poème.
I. Etapes de la vie
Le poème dépeint diverses étapes de la vie, à commencer par la naissance et la découverte du monde. Il explore ensuite l'éveil à l'amour, la formation d'un passé personnel, la création d'une famille, et l'apprentissage de la charité et du conseil aux semblables. Un moment clé est la découverte de soi, où le locuteur atteint une harmonie entre le corps et l'esprit. La vieillesse est abordée sans jugement de valeur, simplement comme une étape acceptée. La découverte de la souffrance et de la patience, et leur acceptation, sont également des thèmes centraux. La simplicité du langage utilisé dans le poème souligne que la poésie peut exister sans mots sophistiqués.
II. La relation espace-temps
1. Temps
Le temps est une notion centrale, représentée dans sa continuité, du présent au passé. Le "loger le temps", l'évolution vers une mémoire formée, le cavalier symbolisant le temps qui passe et la vieillesse laissant des traces physiques, sont autant d'images illustrant le passage du temps. La "vie hâtive", capturée par la poésie, souligne la rapidité de la vie.
2. Espace
Le poème explore différents espaces, du cœur au jardin, évoquant un monde en miniature représentatif de l'enfance et des découvertes tactiles. La terre, la lune et le soleil deviennent des éléments familiers, tout comme le monde, les rivages et les continents, le rivage symbolisant un objectif pour le voyageur. Finalement, l'ombre sous le feuillage représente la retraite et une vie oisive.
III. La relation affective
La répétition de "C'est beau" et "d'avoir" souligne les liens affectifs, avec des mots tels que "aimer", "confier" et "familier" qui apportent une dimension rassurante. Le regard sur soi est empreint d'acceptation, acceptant la vieillesse et la souffrance. Le poète bénéficie d'une relation privilégiée de compréhension avec le monde.
Conclusion
Écrit pendant la guerre, "Hommage à la vie" se dresse comme un contrepoint à la mélancolie souvent associée à la poésie, opposant ainsi ce poème au spleen de Baudelaire et à Pierrot de Verlaine. Dans ce contexte de vie menacée, le rôle du poète, selon Supervielle, est de ressentir la valeur de la vie et de la fixer dans sa pureté. Ce poème, donc, célèbre la vie dans toute sa simplicité et sa complexité, offrant une vision profondément humaine et optimiste de l'existence.
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